“La foi des femmes est comme le phénix d’Arabie, tous en parlent, mais nul ne l’a vu. Et je vous prouverai en quelques heures que vos fiancées ne valent pas plus que les autres, car, que voulez-vous, elles sont toutes comme ça…” Voici, en substance, le pari que lance Don Alfonso à deux jeunes galants transis d’amour… qui seront bientôt glacés d’effroi.
Cosi fan tutte ressemble à son intrigue : c’est une plaisanterie qui tourne au drame. Derrière le badinage se cache un sombre désenchantement, et l’élégante légèreté de l’oeuvre de Mozart et Da Ponte n’occulte pas sa noirceur.
Rude école en effet que celle de ces amants, contraints à de douloureux examens : peut-on se donner, peut-on croire en l’autre ? Ou vaut-il mieux, comme le conseille la servante Despina, “traiter l’amour en bagatelle, manger la pomme et ne pas jeter la figue” ? Les deux auteurs libertins fournissent le remède en même temps que le diagnostic : si toutes les femmes sont volages et cupides, tous les hommes inconstants et menteurs, mieux vaut en rire, et s’étourdir de musique pour l’oublier.
Cosi fan tutte, suprême diversion, est présenté ici dans une version de chambre pour treize instruments à vent (la formation utilisée par Mozart dans sa Gran Partita) et basse-continue.
Direction musicale : François Bazola.
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris