Panique dans les loges !
Dans la réalité
Frédéric Sabrou, l’auteur artisan
La presse
Serge Coulomb est l’auteur et metteur en scène du Jardin des regrets. 90 minutes avant le lever de rideau, il retrouve en loges ses comédiens : Julie, Boris et Hélène, qui est également sa femme, et leur apprend que leur salle, habituellement peu fréquentée, attend ce soir de façon inexplicable 380 réservés !
Chacun se réjouit de cette soudaine consécration, y compris le jeune régisseur maghrébin, Samir. Mais un journal leur révèle que lors d’un grand meeting nationaliste qui a eu lieu dans la ville, un orateur d’extrême droite, Cathala, évoquant ses projets (édifiants) pour la culture et le théâtre, a recommandé leur pièce ! Il est donc fort possible que ces 380 spectateurs soient ses sympathisants. Personne ne comprend ce que Cathala a pu trouver dans la pièce qui rejoigne ses thèses.
Serge, qui se définit comme l’inverse d’un auteur à messages, est furieux de se voir ainsi assimilé à ces « enfants de Pétain ». Hélène et Julie, subitement animées par une conscience politique, refusent de monter sur scène. Boris est pragmatique : il y a de l’argent à prendre, il en besoin, on joue. Pour Samir, le problème n’est pas là, ce soir, il est dans sa vie quotidienne, il est partout.
Serge tranche et décide d’annuler pour sauver sa réputation, mais le directeur de la salle menace : il mettra dès ce soir leurs décors sur le trottoir et demandera un dédit. Cet enjeu donne une nouvelle valeur aux « engagements » de chacun. Les avis s’opposent avec ferveur : faut-il jouer ou ne pas jouer ? Céder à l’hypocrisie ordinaire ou manifester une éthique dont personne n’à que faire ? Ces questions en entraînent beaucoup d’autres qui dépassent le cadre du théâtre et interpellent chaque individu sur sa façon de se sentir « acteur » de la vie républicaine ou simple spectateur.
Avril 2002 : Vinaver se retrouve subitement dans la liste des auteurs recommandés par le Front National. C’est le point de départ de cette pièce.
Nous apprenons récemment qu’un soir de 2002, au théâtre Comedia, Jean-Marie Le Pen et ses militants ont décidé d’assister à un spectacle de Michel Galabru. Or il y avait une comédienne noire dans la distribution. Un débat a animé les loges pendant deux heures. Le spectacle fut finalement joué, la comédienne subissant de nombreuses provocations du public pendant la représentation.
De nombreux comédiens (dont Patrick Bruel) refusent régulièrement de jouer pour les théâtres dépendant des mairies F.N. Certains jouent et boycottent les réceptions. D’autres reversent leurs cachets à des associations qui s’opposent à l’extrême droite. De nombreuses compagnies refusent d’afficher les articles de Minute. Etc.
Comment un auteur dont les comédies rient des sentiments amoureux et de la vie intime de nos contemporains en vient-il à écrire une pièce sur le monde du théâtre face à l’extrême-droite ? Ce sujet-là était, évidemment, en Frédéric Sabrou mais c’est Jean-Luc Jenner qui actionna le déclic en donnant comme thème à sa saison « Théâtre miroir du monde ». Voulant s’inscrire dans ce cycle, Sabrou a cherché des sujets où se rencontreraient le théâtre et la société. « J’ai lu dans un journal ce qui était survenu à Michel Vinaver : le FN voyait dans son théâtre des valeurs “nationales“ et le revendiquait. Vinaver a réagi violemment. J’ai voulu mettre cette situation au théâtre et j’ai eu l’idée d’une équipe confrontée au problème d’accepter ou de refuser un public présumé d’extrême-droite 1h 20 avant le lever du rideau. Une "pièce coulissante" dans le respect des trois unités, avec ce qu’on appelle dans le langage du cinéma un time-lock, une lutte contre le temps. (./.) Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas une pièce sur Le Pen et le Front national, elle pourrait se passer partout en Europe où, on le sait, il y a une résurgence des nationalismes très inquiétante. »
Les personnages de Danger… public sont apparus rapidement : « J’ai donc fait vivre trois comédiens et un auteur-metteur en scène, je les ai mis dans une bouilloire. J’ai hésité à mettre un personnage noir ou arabe. Finalement, j’ai introduit un régisseur arabe qui exprime sa condition. Je voulais que les personnages principaux s’impliquent dans ce conflit sans être victimes eux-mêmes du racisme et les mettre face à leur pseudo-conscience politique, à leurs limites et à leurs contradictions Hélène, la comédienne soudain saisie de passion politique, m’amuse beaucoup. Elle est un mélange de conscience et d’inconscience. Julie n’a pas résolu les problèmes de l’enfance. Pour Serge, dont la réputation et la situation financière sont en jeu, le prix à payer est trop cher. Et pour Boris l’argent passe avant le reste. »
L’écriture a été difficile. Frédéric Sabrou, qui compose ses pièces en deux mois environ, a dû prendre deux fois plus de temps. Le sujet est si délicat. « J’étais tout le temps sur le fil, dit-il. Il fallait poser les bonnes questions sans apporter de mauvaises réponses, se centrer sur l’interrogation : doit-on jouer ou pas jouer ? Cette question en entraîne une autre : y a-t-il une éthique du comédien ? » En enlevant les actions secondaires pour rester sur ce volcan central, Sabrou a rendu plus évident l’enjeu de sa pièce : « La grande question, posée de façon ironique, c’est l’engagement. L’engagement ne change pas nécessairement la face du monde et peut être illusoire. Surtout, quel prix est-on prêt à payer pour son engagement ? Hélène pose cette question. Le vrai prix à payer est essentiel. Va-t-on aller jusqu’à perdre son travail et se retrouver à l’ANPE ? »
La rédaction de Danger… public l’a amené à réfléchir davantage sur la situation de l’auteur : « Pourquoi un auteur aurait-il nécessairement une pensée à exprimer ? Dans la pièce, Serge dit : « Des messages, je n’en laisse que sur un répondeur » puis il précise qu’il veut montrer et non pas démontrer. Pour moi, l’auteur doit d’abord trouver, pour sa pièce, une bonne situation. Si la situation s’inscrit dans un thème, tant mieux. Un auteur est un artisan fabriquant un objet qui fonctionne, il résout des problèmes techniques. La tendance à demander : c’est sur quoi ? m’irrite. Ce « quoi ? » n’est pas nécessairement l’objet de la pièce. »
Gilles Costaz, L’avant scène
« La meilleure nouvelle de la semaine ? Pour moi, c’est une pièce de théâtre rafraîchissante : Danger… Public de Frédéric Sabrou, mise en scène par Thierry Der Ven. Dans les coulisses, les comédiens découvrent que la salle est pleine grâce aux recommandations d’un leader d’extrême droite. On assiste alors aux déchirements de la troupe pour savoir si elle va jouer. Jamais je n’aurais cru que l’on puisse faire un spectacle aussi drôle, inventif et fin sur l’extrême droite et nous. » Yves Cavli, Europe 1
« Evénement : un texte rare, très bien joué, à ne rater sous aucun prétexte. » *** Zurban - 8 octobre 2003
« En parfaite osmose avec son sujet, Frédéric Sabrou évite l’écueil du pamphlet militant, sa pièce se présentant plutôt comme un débat animé, drôle et parfois émouvant. » Charlie Hebdo, 22 octobre 2003
« La pièce invite à une réflexion individuelle qui dépasse le cadre du théâtre. » France 3
« Loin des clichés, servie par de très bons comédiens, la pièce de Frédéric Sabrou traite de ce dilemme avec beaucoup de finesse. » Le Figaro Magazine
Cette piece jouée avec justesse, par tous les comédiens, se veut etre comique et elle l'est. cela nous montre a quel point le malaise existe, et qu'il est encore temps de changer d'avis sur notre monde, notre vision de voir les choses. La prestation scenique est merveilleuse, surtout le petit jeune, qui tire son épingle du jeu, et le fameux Boris qui nous fait pleurer de rire, celui là. A vous tous un bel avenir. C'est aussi une preuve que Le monde de demain quoiqu'il advienne appartient au métissage. Bon spectacle....vont ils rejouer ce spectacle dans un autre theatre plus grand sur paris ???
une pièce bien écrite, drole et sympathique mais qui ne va pas au bout de son sujet. A voir meme si finalement on sort un peu déçu que l'auteur n'ait pas developpé plus avant les sujets et thèmes simplement entraperçus. Que celui qui comprendra le jeu de "la chaussette" me laisse un mot, je ne dors plus
Cette piece jouée avec justesse, par tous les comédiens, se veut etre comique et elle l'est. cela nous montre a quel point le malaise existe, et qu'il est encore temps de changer d'avis sur notre monde, notre vision de voir les choses. La prestation scenique est merveilleuse, surtout le petit jeune, qui tire son épingle du jeu, et le fameux Boris qui nous fait pleurer de rire, celui là. A vous tous un bel avenir. C'est aussi une preuve que Le monde de demain quoiqu'il advienne appartient au métissage. Bon spectacle....vont ils rejouer ce spectacle dans un autre theatre plus grand sur paris ???
une pièce bien écrite, drole et sympathique mais qui ne va pas au bout de son sujet. A voir meme si finalement on sort un peu déçu que l'auteur n'ait pas developpé plus avant les sujets et thèmes simplement entraperçus. Que celui qui comprendra le jeu de "la chaussette" me laisse un mot, je ne dors plus
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris