Une soirée agitée entre amis, où le contexte politique pousse chacun dans ses retranchements, entre urgence et incapacité à agir. La tension monte, l’une d’entre eux part. D’autres, à la veille de s’engager, se disent leur amour.
Au bout de la nuit, les voici tous au seuil d’un nouveau commencement. Ils veulent parvenir à se regarder et avancer sans masque, malgré un futur incertain. Une nuit, une fable.
Aurélia Guillet part d’entretiens et d’improvisations, avec son groupe d’acteurs et l’auteur Arnaud Michniak, tous nés dans les années soixante-dix, pour interroger leur génération. C’est un projet très en prises avec notre époque qui est né, un travail qui révèle le blocage de celle-ci et qui se demande comment peut advenir quelque chose de nouveau ?
La volonté d’Aurélia Guillet est de restituer les sensations d’une jeunesse qui ressent communément, bien que confusément, une sorte de malaise historique, le sentiment d’être sans cesse au bord de quelque chose, d’un étrange commencement, entre lucidité et refus du renoncement… Elle a utilisé la métaphore de la taupe pour décrire le sentiment de cette jeunesse, qui, la tête dans la boue et aveugle, avance, sans savoir vraiment comment, ni pourquoi, mais avance…
Après avoir mis en scène Müller, Kleist et Strindberg, j’avais l’envie de partir plus directement de notre époque et d’inventer un mode de création singulier, entre acteurs, auteur et metteur en scène. Nous avons commencé ce projet dans la rue en allant à la rencontre d’autres, habités par l’envie de partir de nous, de notre temps, de ce que nous n’arrivons pas à en dire, à en vivre. “Aller plus avant”, comme écrit Heiner Müller, “mettre la tête dans le sable (boue, pierre) - les taupes ou le défaitisme constructif.”
Nous nous sommes lancés dans un processus de création par improvisation où nous ne cherchions pas l’art pour lui-même mais une quête qui nous rendait l’art nécessaire. Un processus commençant par des entretiens, poursuivi par des discussions, mais aussi par des improvisations où nous libérions notre imaginaire à partir de bribes de textes d’Arnaud Michniak. Son écriture a été à la fois comme un point de rencontre et une réappropriation de la manière de constituer notre “nous”. Une tentative de nous réapproprier ce que nous vivons, au coeur de nos déterminismes mais aussi de notre vivacité. S’accepter à nu, tels que nous sommes, déjà là, démunis, traversés par ce qui nous échappe et comment cette perte, ce dessaisissement en soi peuvent être paradoxalement porteurs de vitalité en ces temps de crise, telle est l’utopie qui habite ce travail.
Aurélia Guillet
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Station de taxis : Gambetta
Stations vélib : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
Guy n°20010