Un théâtre de la douleur
L'amour, ce fantôme qui erre dans l'espace clos
La presse
Franck rentre chez lui avec une urne pleine des cendres encore tièdes de sa mère, se préparant aux obsèques prévues le lendemain. A 40 ans, il est marié à Katarina. Ils n'ont pas d'enfant. Ils se sont tout dit et répété. Le désespoir bat en eux. Dans l'immeuble, leurs voisins, Tomas et Jenna viennent d'avoir un second enfant. Frank et Katarina les invitent à boire un verre.
A la fois danse de mort et rituel d'exorcisme de la solitude, tous les ingrédients se concentrent autour de cette relation du fils à la mère : la quête désespérée de l'amour, la sexualité en berne, provocante et vaniteuse néanmoins, la pulsion homosexuelle, le fantasme du « quartet », l'état parental mal assumé et par-dessus tout, la sauvage, douloureuse et inexorable déchirure de couples à la dérive.
Depuis 1999, Lars Noren est le directeur artistique du Riks Drama, au Théâtre National itinérant suédois Riksteatern. Démons qu'il écrit en 1982, fait partie d'une trilogie articulée autour du deuil de la mère. Héritier de Strindberg, Albee et Bergman, Noren pousse néanmoins ses personnages au-delà de ces archétypes inventés au xxème siècle.
Impossible de s'y tromper, l'inspiration dostoïevskienne y est aussi bien présente comme l'énergie tellurique première d'un champ de bataille psychique recouvert de cendres d'où surgissent les vrais démons pantelants qui pleurent d'épuisement. Le théâtre de Noren est un théâtre de la douleur, du déchirement, qui confronte le spectateur à sa destinée individuelle mais touche également, par sa dimension mythique, à l'inconscient collectif.
« Voilà quatre personnages de la même génération. Il est question de leur vie, une vie faite d'amour refroidi avec le temps, de la peur du lendemain qui génère un désespoir filigrané et muet... L'avenir, ne serait-ce pas cette mort qui rôde au bout du temps, celle des corps, des âmes, des sentiments, de l'amour surtout ?
Chez Noren, chaque fauteuil de son dispositif est tapissé de souffrance. Les fenêtres sont pourvues de vitrages de sécurité. L'amour y est ce fantôme qui erre dans l'espace clos avant de se faire crucifier... »
Tatiana Stepantchenko
« Le public est voyeur. Les acteurs sont exhibitionnistes, acrobates de leurs douleurs dans un théâtre où l'intensité ne se relâche jamais. Une performance d'acteurs et de scénographe. » F.L, Nord Eclair
« La mise en scène rythme cette polyphonie en quatuor comme une partition de pulsions et d'émotions, aussi rigoureuse qu'une fugue à 4 sujets de Bach, aussi prenante que les airs d'opéras en filigrane sonore. » M. Friche, Le Soir (Bruxelles)
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