Les personnages de Synge vivent dans un air immense, l’air sans fin ni fond des îles, et ils lui résistent par la parole qui les porte parfois dans un élan de jubilation, avant de les restituer à l’angoisse du vide.
Traduire Synge, c’est d’abord traduire des scansions, des modulations d’air. Cela signifie que son théâtre repose sur un travail de poésie - et qu’il est nécessaire pour le placer dans sa juste lumière de travailler toutes les pièces ensemble, comme un long poème, dans la constellation qu’elles forment, avec ces récurrences de mots semblables unissant les farces et les tragédies, amenant la vieille Maurya des îles d’Aran à faire écho à la servante de la reine Deirdre, dans un même palais de terre, avec cette même sonorité humide et sombre qui porte les poèmes de Villon et cette même douceur ensoleillée qui passe de Pétrarque aux paroles d’amour de Christy Mahon.
Françoise Morvan
" La bouche des acteurs se réchauffera petit à petit au verbe de Synge, pour ensuite se fondre - résonner - dans ce que les musiciens appellent le silence. Pour dire, toujours, encore. " Frédéric Leigdens
D’après Cavaliers de la mer et L’ombre dans la vallée de J. M. Synge.
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