Désir sous les ormes

Au centre de l’histoire, une ferme, bâtie sur le sol rocailleux de la Nouvelle-Angleterre, entretenue à sueur et à sang par la famille d’Éphraïm Cabot. Le vieux paysan règne en maître absolu sur ces terres, et si ses trois fils se tuent à la besogne en attente de l’héritage, il compte bien survivre à tous ! L’arrivée du printemps aidant, la solitude pousse le fermier à se remarier, et ce avec la pulpeuse Abbie, bien déterminée elle aussi à mettre la main sur la propriété. Femme à bord, chacun se laisse progressivement dévorer par ses désirs, ses appétits, mêlant dangereusement manigances avides et amours fragiles.

Mettre en scène cette tragédie américaine est l’occasion pour Guy Pierre Couleau, directeur de la Comédie de l’Est, de faire découvrir le grand dramaturge Eugene O’Neill, trop peu connu du public francophone. Son écriture réaliste et mystique, inspirée par la tragédie grecque, a pourtant participé à l’essor du théâtre contemporain aux États-Unis, notamment à Broadway, dans les années 1920. Ses personnages, le plus souvent des marginaux au langage fruste, aspirent à quelque chose de plus grand, qui les dépasse, luttant désespérément pour donner un sens à leur existence.

Au-delà du simple mélodrame, O’Neill peint le tableau, tantôt grotesque, tantôt cruel, d’une Amérique naissante en mal de racines.