Brecht travaille en 1953 à une adaptation du Don Juan de Molière, avec la collaboration de Benno Besson et Elizabeth Hauptmann. La pièce est représentée l’année suivante par le Berliner Ensemble.
Brecht prend ses distances avec le mythe de Don Juan. Il désacralise le personnage et met en question l’aura romantique héritée du XIXème siècle : celle du héros en quête d’absolu, ou du rebelle faustien. Dans sa lecture de Molière, Brecht entend revenir à une version comique du personnage de Don Juan. Il infléchit le personnage, lui ôte son prestige de séducteur chevaleresque.
Moins grand seigneur, et plus méchant homme. Recours à la violence, à l’argent, aux privilèges de sa position, tout est bon pour posséder. Pour Brecht, Don Juan n’est pas un libre penseur, c’est un libre jouisseur.
« Un type moderne de mâle conquérant, c’est la vision de Brecht dans son adaptation. Il revient à une version comique de Don Juan, lui enlève son aura romantique, son prestige de rebelle métaphysique. En mettant l’accent sur les rapports de pouvoir et de possession, Brecht nous rappelle que ce mythe est une figure des temps modernes.
Pour interpréter cette histoire, pensons à la comédie italienne, à sa joyeuse cruauté, à ses monstres et nouveaux monstres, à l’esprit du clown, à Chaplin, aux hommes de pouvoir contemporains, à leur frénésie de conquête, à leur goût bien calculé pour la transgression. Les acteurs racontent cette pièce sur un cercle de sable, c’est une piste sans doute, c’est une plage de Sicile où jouent des pêcheurs. »
« [La pièce] est profondément intéressante en ce qu'elle est sans complaisance pour le personnage, mais drôle. Ce Don Juan est antipathique, odieux… Un homme de pouvoir qui veut s'imposer d'une manière très concrète : lorsqu'il dit, parlant des paysans “je ne puis souffrir de les voir si heureux” ou lorsqu'il humilie le mendiant, il est détestable. Il est moderne, c'est une figure à la Berlusconi… »
Jean-Michel Vier
Par la Cie Liba Théâtre.
" Un excellent divertissement. Un spectacle réjouissant, enlevé, rythmé. " Les trois coups – France Culture
" Une charge joyeuse et savoureuse contre le mythe. " Journal du Dimanche
" Un tourbillon de créativité et d’énergie. " Notre scène
" Magistralement interprétée, pièce virevoltante et délirante. " Marianne
" Le sérieux succède au comique, le tragique à la farce. La force de la pièce de Molière n’y perd nullement de sa vigueur, toujours aussi surprenante même pour qui la connaît par cœur, même pour qui l’aurait vue d’innombrables fois. " Un fauteuil pour l’orchestre
"
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