Le spectacle
Notes de mise en scène
Notes de musique
Notes de scénographie
Il y a des objets éparses, variés qui jonchent le sol : caisses, étagères, morceaux de mobilier etc. ; il y a des marionnettes, en nombre, des comédiens aussi qui habitent ce lieu qui se transforme au fur et à mesure, se construit, appelle la mémoire de gens tout simples. Ils racontent des instants, des vies, des heurts. Leur parole devient vive, percutante, parfois drôle nécessaire tant dire aujourd’hui, même le quotidien, nécessite effort et entêtement.
Sylvie Baillon entreprend une construction où l’humain et la marionnette s’associent pour mieux incarner notre monde qui reste à vivre intensément.
Par la Compagnie Ches Panses Vertes.
Huit petits drames pour raconter un petit évènement qui a fait basculer une vie : la mort d'un ami, la demande de pardon d'un père, un accident bête à l'armée... ce petit moment décisif qui n'a l'air de rien mais où il y a un "avant" et un après...
Des personnages comédiens ou marionnettes qui reconstituent ces évènements en lisant des lettres, en regardant des photos, parce que la seule façon de tenir debout dans ce monde est de parler, de se construire une langue propre. Ou prendre conscience qu'on est plus parlé qu'on ne parle vraiment.
Huit drames, huit boîtes à souvenirs éparpillées qui peu à peu sont organisées en construction, laissant la place à d'autres histoires possibles...
Sylvie Baillon
À propos de l'écriture sonore dans Drames brefs deux : il était deux fois un son. Un son à deux têtes si l'on préfère. D'abord, un son éphémère, celui de l'origine du théâtre, charnel, fragile, "visible" : celui de la voix du comédien.
Un deuxième, historiquement tout jeune, le son enregistré, fixé sur un support, immuable, mais qui n'existe qu'en contrepoint du premier. Il fait partie prenante de l'espace scénographique et est capable d'abstraction, d'anecdotique, et parce qu'il résulte d'un choix, possède un fort pouvoir symbolique. L'origine de ce son-là, sa source, est invisible.
Au-delà de ces deux grandes catégories, l'idée dans Drames brefs deux c'est de permettre aux voix de comédiens de se dédoubler, de se dématérialiser (à l'aide de boîtiers électroniques). Une semi-désincarnation en quelque sorte, la voix devenant "autre" tout en étant toujours présente en temps réel. Changer le timbre d'une voix pour appuyer le sens du texte, c'est aussi permettre à la narration de changer de" temps et de lieu".
Ainsi avons-nous pris le parti d'enrichir la palette sonore et par là même de renforcer l'énergie dégagée par les voix.
Etienne Saur, le 18/01/2002
Il y a un grand cadre, la scène est un tableau en volume, avec ses mises en abîmes... un désordre de caisses, de boîtes, d'étagères, de vieux mobiliers fragmentés, jonchent le sol. Il fait sombre et ils sont coincés dans leurs boîtes... entre les drames on déménage, on ne sait pas trop bien où mettre toutes ces choses encombrantes, alors il faut fouiller, traîner, pousser, tirer, ouvrir et inventorier.
Il y a les objets qu'on jette et ceux qu'on regrette d'avoir jeté, des objets qui imagent des bribes de vies, et des images qui ont pour objet la fragmentation des souvenirs. Au fond s'érige un mur à l'équilibre douteux d'une barricade, où ils entassent au fur et à mesure les espaces qu'ils ont manipulés.
Dans ces fragments d'espaces familiers, les acteurs et les marionnettes vivent et racontent, se jouant librement des rapports d'échelles, dans des situations aussi cocasses qu'elles peuvent être effrayantes. Ici une valise est une terre natale, là-bas un fauteuil respire, ou le ventre d'un alité devient un sol d'hôpital, ou une caisse à trois dimensions pour trois espaces différents ; ou dehors et parfois dedans et vice-versa. Des objets-matériaux et des images usés par le temps, chargés de sensations et de sens, pour une matière à doute, entre humour, drame, et étrangeté du réel pour servir l'esprit de l'auteur et de la mise en scène.
Jean-Marc Chamblay
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris