Emma : « Ca me manque le vingtième siècle. Pas toi ? »
Stockholm, septembre 2001, ils sont sept à table à l'issue d'un repas. Le spectateur n’est pas certain d’être en présence de personnages de chair et d’os, mais plutôt de fantômes, qui nous parlent depuis l’au-delà, dans un rêve, au seuil de notre inconscient. Ou bien de survivants d’une catastrophe sans nom.
Lars Norén a commencé Eaux dormantes en 1982, l’a reprise en 1992, puis l’a achevée en 2001, au lendemain du 11 septembre. Après son exploration de l’enfer familial dans ses premières oeuvres, puis de l’enfer social, il atteint ici, nous dit Claude Baqué, "le troisième cercle, celui de l’enfer global : un regard sur le monde qui demeure fidèle à l’inoubliable des camps et à leur toujours possible retour".
Ces Eaux dormantes nous font entendre l’étrange langage de la perte : de la mémoire, de l’identité, du désir, de la langue elle-même. Nous pénétrons dans un univers noir et profond, incisif et terrible à en être drôle parfois, "un entrelacs de voix qui s’affolent, comme des courants à l’approche de l’abîme", un univers dont Norén souhaiterait que la traversée nous mène jusqu’aux rives d’une sorte d’éveil.
Le texte est paru aux éditions l’Arche-Editeur, traduction de Katrin Ahlgren et Claude Baqué.
"La mise en scène de Claude Baqué (...) est d’une remarquable précision et la direction d’acteurs a été menée au plus serré. Et il n’est pas si fréquent de voir dans une même distribution des acteurs aussi exemplaires que Serge Maggiani, Michel Hermon et Nicolas Struve." P. du Vignal, Les Lettres françaises (supplément de L’Humanité)
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