Esprits

Paris 19e
du 24 septembre au 21 octobre 2001

Esprits

Sur le principe qui caractérise nos deux derniers spectacles (Le Recueil des petites heures et Animaux), nous nous proposons de développer l'hypothèse d'une autonomie des esprits en essayant d'échapper au piège d'un quelconque jugement philosophique, métaphysique ou autre. Nous tâcherons d'explorer de façon poétique

Présentation
Notes de mise en scène
Un mot de l'auteur
La Compagnie Ambre

Sur le principe qui caractérise nos deux derniers spectacles (Le Recueil des petites heures et Animaux), nous nous proposons de développer l'hypothèse d'une autonomie des esprits en essayant d'échapper au piège d'un quelconque jugement philosophique, métaphysique ou autre. Nous tâcherons d'explorer de façon poétique, fantaisiste et "comme si c'était vrai", un certain nombre de possibilités offertes par les traditions collectives ou les rêveries personnelles : qu'est ce qui présiderait à l'incarnation d'êtres abstraits ? ` Comment passeraient-ils de l'inexistence à l'existence ? La simple image d'une personne restée, dans le souvenir, telle que dans le passé, n'est-elle pas déjà un revenant ? Créer des variations contemporaines sur ce thème, avec cinq acteurs, pour tenter, sans effets, sans prestidigitation, sans acrobaties esthétiques, de faire comme s'il allait de soi qu'au bord du quotidien était le fantastique, sous l'habitude l'aventure, au coeur du familier le mystère.

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La scénographie d'"Esprits" prend appui sur l'espace tel que la grande salle du Théâtre Paris-Villette le propose, avec ses arcades, sa galerie suspendue, la hauteur de ses cintres.

Bien qu'il ne soit pas neutre - il évoque bien sûr le passé, mais un passé relativement flou, sans références évidentes - ce lieu reste très mystérieux. Ses voûtes et ses piliers massifs délimitent à l'arrière des zones d'ombre un peu inquiétantes et s'ouvrent à l'avant sur l'espace du plateau, qui communique, par un vaste proscénium, avec la pente douce des gradins.

Sur cette place ouverte, à ce carrefour, les "esprits" vont se manifester. Le sol sur lequel ils se rassemblent sera précieux - en rupture de style avec l'architecture du bâtiment - entièrement recouvert d'un matériau dont les reflets, parfois, peuvent sembler des éclats, des lueurs venues des profondeurs.

On est entré peut-être dans une sorte d'envers du monde, ou d'espace contigu, à côté du nôtre ; mais si on réussit à y accéder, ce sera par le canal du "familier". Et c'est là que se situe la tâche difficile des acteurs qui consistera à rendre ce monde des esprits crédible, proche et amical, naturel (en tout cas plus naturel que ce que l'on croit ordinairement être le naturel).

Habillés de vêtements simples et légers, (les esprits empruntent pour se manifester leurs corps et leurs vêtements) probablement de coloris très clairs, ils portent sur eux juste ce qu'il faut pour se protéger, sans être engoncés ni "déguisés", mais ils peuvent, au gré de leurs pérégrinations, avoir besoin d'éléments supplémentaires, peut-être des vestes, des manteaux, des écharpes ou autres accessoires. Et si les personnages doivent évoluer dans des lieux quotidiens, on ne se privera pas d'utiliser les meubles (armoire, lit, chaises...) ou les objets (lampe, tapis, vaisselle, parapluie...) qui leur sont nécessaires.

Rien ne doit être fracassant, ou démontratif, ni dans l'écriture, ni dans le jeu, ni dans l'image. On est amené à "apprivoiser", peut-être bien à cause de la thématique elle-même des esprits et aussi après l'expérience d'"Animaux suivis d'Autres animaux", une nouvelle voie de travail, moins pour faire de l'esprit, que tâcher de capter quelque chose qui allège, quelque chose qui soulage, on ne sait quoi, presque rien justement, quelque chose comme un esprit.

Arlette Bonnard

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Nous continuons à chercher les expressions contemporaines que pourraient emprunter le mythe, les archétypes, l'inconscient collectif, et comment formuler ici et maintenant les sempiternelles interrogations sur l'existence humaine, dont la caractéristique principale est sans doute de les poser. Pour traiter ces matières, premières et universelles, et évoquer ce mystère aussi banal que fondamental, nous avons toujours pris le parti de la plus grande simplicité possible, et même de la légèreté ; ce projet ne doit pas s'en écarter.

La création se fera en partie sur le principe qui caractérise nos deux dernières réalisations et qui tente d'associer forme courte et longue durée : des pièces relativement brèves, ou des séquences, indépendantes sont liées "organiquement" à un ensemble qui compose, pour qui le désire, un spectacle plus ou moins long. C'est au fond, le principe du recueil de contes, nouvelles, poèmes, etc... ou encore de la saga, ou des trilogies, tétralogies, etc... Cela correspond à un désir de travailler (et pas seulement formellement) sur ce paradoxe, entre autres, qui nous semble essentiel de la cohérence (le fini, la stabilité) et de l'ouverture (l'inachevé, le mouvement). Nous espérons déjà pouvoir ajouter plus tard à "Esprits" (d'une durée d'une heure vingt environ), une seconde création, ou volet, intitulé "Autres esprits". On saisira facilement le lien logique et ludique qui doit les faire succéder eux-mêmes à "Animaux suivis d'Autres animaux". Tout en prenant des formes et des sujets différents, le projet se rattache au précédent sur le plan du fond. Il s'agira de nuancer, si possible et avec légèreté, une vision du monde par trop anthropocentrique, pour ne pas dire égocentrique, et par l'utopique présence, à égalité d'existence avec nous, à côté de nous, d'être étrangers à nous, de nous soulager un instant du poids de se trouver au sommet de l'évolution, et au nombril du monde...

Comme nous sommes partis du postulat que les animaux parlaient (avec toute l'innocence dont nous ne disposons pas), en tâchant d'éviter, entre autres choses, la pure et simple comédie humaine en costumes de bêtes, telle qu'on la trouve dans la fable et dans sa morale, de même nous nous proposons de développer l'hypothèse d'une autonomie des esprits, en essayant d'échapper au piège d'un quelconque jugement philosophique, métaphysique ou autre. Par contre, nous tâcherons d'explorer de façon poétique, fantaisiste, et "comme si c'était vrai", un certain nombre de possibilités offertes par les traditions collectives ou les rêveries personnelles : qu'est-ce qui présiderait à l'"incarnation" d'êtres abstraits ? Comment passeraient-ils de l'inexistence à l'existence ? La simple image d'une personne restée dans le souvenir telle que dans le passé n'est-elle pas déjà un revenant ? Celui qu'on a été soi-même ne continue-t-il pas à nous hanter, parfois ? Combien d'autres fantômes y a-t-il, attachés à des lieux, évoqués par une musique, confondus avec un parfum, évanouis aussi vite ? S'il y avait autour de nous d'invisibles gardiens, de pervers conseillers, d'incompréhensibles présences ? Si les objets avaient un esprit, avec qui nous pourrions dialoguer par moments ? Avec qui parlons-nous lorsque nous parlons seul ? Et si à l'intérieur de nous on reconnaissait un instant quelqu'un d'autre d'étranger, ne serait-ce pas déjà une façon de saluer l'autre étranger, celui qui est au dehors ? Et les anciennes fées, les nouvelles créatures "clonesques" et virtuelles ? Et le personnage de théâtre, entité dans un corps d'acteurs ?

Du Nô à Beckett, en passant par Shakespeare, des contes de partout aux chansons de Brassens, en passant par Lewis Carroll, toute une littérature sinon orale du moins écrite pour être dite, chantée, jouée, est peuplée d'esprits.

Le projet est de créer des variations contemporaines sur ce thème, un peu comme en musique, mais dans une forme, bien sûr, entièrement théâtrale, avec cinq acteurs, pour tenter, sans effets, sans prestidigitation, sans jonglage formel, sans acrobaties esthétiques, de faire comme s'il allait de soit qu'au bord du quotidien était le fantastique, sous l'habitude l'aventure, au coeur du familier le mystère.

Alain Enjary

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Arlette Bonnard et Alain Enjary travaillent ensemble à partir de 1976 ; ils créent Ambre (Compagnie subventionnée depuis 1987, conventionnée en 1999, par la D.R.A.C. Ile-de- France), et des spectacles que, pour la plupart, il a écrits ou adaptés et qu'elle a mis en scène et dans lesquels ils jouent :

Ulysse d'après Homère (Centre Dramatique de Nanterre).Tristan et Iseult d'après la tradition et les poèmes du XIIe siècle (C.D. de Nanterre). Pantagruel d'après Rabelais (avec M. Ulusoy. Théâtre de Liberté, Centre Dramatique de la Courneuve). Huit heures à la fontaine (Théâtres de Sartrouville et Villepreux, Espace Planoise de Besançon). Les marches ténébreuses (Théâtre de Sartrouville). La sente étroite du bout-du-monde Haïkaï, de Bashô, Buson, Issa, Shiki, etc. (avec Y. Collet et D. Van Bercheycke. Atelier 8, Festival Européen de Blois). Lila (Ambre, Centre Dramatique National de Franche-Comté). Nord-Est (Ambre). Le château dans les entrepôts (Ambre, C.D.N. de Franche-Comté). Oncle Vania de Tchékhov (C.D.N. de Franche-Comté). Le misanthrope de Molière (C.D.N. de Franche-Comté). Or (Ambre, C.D.N. de Franche-Comté). Les clefs (Ambre, C.D.N. de Franche-Comté). 7 (Sept) (Ambre, Centre Dramatique de La Courneuve). Le vaste monde d'après Andersen (Ambre, Heyoka C.D.N.E.J. de Sartrouville). La source (avec Christian et Pierrette Maire et une classe d'enfants de Ste-Geneviève-des-Bois. Ambre, Education Nationale). Le gardien d'octobre (Ambre, Musée Roybet-Fould de Courbevoie). Mémoire intime d'après Maurice Denis (Ambre, Musée du prieuré de Saint-Germain-en-Laye). Six personnages en quête d'auteur de Pirandello (Centre Dramatique de La Courneuve) Le Recueil des petites heures : Le carillon, Les fenêtres, Bruine, Entre trois et quatre, Sans titre (Ambre, Théâtre Paris-Villette). Animaux (Ambre, Chantiers de Blaye, Centre Dramatique Poitou-Charentes, Théâtre Paris-Villette). Animaux suivis d'Autres animaux (Ambre, Centre Dramatique Poitou-Charentes, Théâtre Paris-Villette).

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  • Tram : Porte de Pantin - Parc de la Villette à 339 m
  • Bus : Porte de Pantin à 160 m, Ourcq à 374 m
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Paris-Villette
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 21 octobre 2001

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