Les billets achetés pour la représentation du mardi vous donnent accès à la deuxième partie, qui se joue le lendemain à la même heure.
Spectacle en polonais surtitré en français.
" Je ne sais pas où s’arrête l’artificiel et où commence le réel. " Andy Warhol
Fantaisie inspirée du travail d’Andy Warhol, le spectacle retrace deux journées de la vie de la Factory : usine transformée en loft, où le pionnier du Pop Art régnait, dans les années soixante, sur un groupe d’artistes underground. Krystian Lupa et son collectif, en immersion totale, redessinent les figures légendaires du groupe avant-gardiste new-yorkais.
Factory 2 s’ouvre sur la première de Blow Job (1963), film controversé qui fait au sein du groupe surgir une crise aiguë. Spectateur silencieux, néanmoins omniprésent, Warhol filme, explore, met en scène. Lupa, comme Warhol, joue sur le rapport entre la vidéo et la vie. Sa variation théâtrale recrée la Factory : lieu de vie et de création, mais aussi de vacuité, de temps morts, entre crises narcissiques et désirs de sublimer la vie. Toujours en quête d’un théâtre d’art, Lupa a souvent puisé la matière de ses mises en scène dans la littérature autrichienne (Kubin, Musil, Broch, Bernhard) ou russe (Dostoïevski, Tchekhov, Boulgakov, Gorki). À travers Warhol, refusant de s’installer dans un geste esthétique, il repose des questions sur l’art, son utilité, son rôle, et aussi sur la vie.
Cruel et drôle, le spectacle jette une passerelle entre l’utopie des années soixante et les désenchantements de notre présent.
Provoquer des situations
La source de mon inspiration fut la biographie de Warhol par VictorBockris, ou plutôt le propos que j’y ai trouvé : dans les films que Warhol réalise à la Factory, son intention n’est pas de raconter une histoire, mais de provoquer des situations qui engendrent desmanifestations, des surgissements de la personnalité, comme des jaillissements. Je me suis dit que son propos était très proche de ce que je recherche avec mes acteurs au théâtre et ce que certains écrivains contemporains explorent comme nouvelles voies de narration.
Ce que nous voyons dans les derniers films de Warhol, tournés comme des happenings, ce ne sont ni des personnages fictifs, ni les véritables personnalités des acteurs, mais des personnalités radicalisées, ce sont des créatures humaines que nous observons comme des animaux dans un parc zoologique. Ce phénomène devient possible au sein d’une communauté dotée d’une aura particulière, comme une sorte de table de spirites qui seraient reliés par les mécanismes de l’improvisation et partageraient une fantaisie commune et créative, mais où chacun serait également relié par le rêve et l’inconscient à son personnage.
La figure d’Andy Warhol
À cause de son rôle magnifiquement destructeur, de son entreprise de démolition des codes et des critères établis dans l’art, la figure d’Andy Warhol lui-même peut être considérée comme une oeuvre d’art. Il fut un des premiers à avoir l’intuition que ce qui prime dans l’art, ce ne sont ni ses produits ni ses résultats. Ce qui est essentiel est la posture artistique, qui est à la racine même de l’acte créateur.
Je me suis dit que cette attitude créatrice qui habitait la Silver Factory serait une source d’inspiration, une matière provocatrice, permettant aux acteurs de construire un modèle de personnage éloigné d’un processus réaliste.
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Station de taxis : Gambetta
Stations vélib : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
Guy n°20010