À partir de 7 ans.
Deux comédiennes-clowns vont explorer jusqu'à satiété l'histoire de ce garçon pas comme les autres. Accompagnées de deux frigos qui rappellent que, dans ce conte, tout tourne autour du fantasme de manger et d'être mangé, elles nous emmènent du réalisme au merveilleux. Poucet devient alors le héros d'un mythe moderne et grinçant où le public prend plaisir à rire et à trembler.
Le Petit Poucet, c’est l’histoire des petits cailloux dans la forêt. C’est l’histoire de l’ogre qui mange les enfants. C’est l’histoire de sept enfants abandonnés dans la forêt par leurs parents. Ce conte, qui appartient à la tradition orale avant d’être retranscrit par Charles Perrault, Sylvie Nève nous le transmet à nouveau, dans une langue qui utilise autant les ressources du conte que le pouvoir poétique des mots.
Ce qui m’intéresse ici, c’est la rencontre du merveilleux avec l’ici et maintenant du plateau. Dans le conte, on joue à faire comme si. Ça ne se passe pas ici et maintenant, mais dans un ailleurs qui seul permet le déploiement du conte, le « il était une fois ». Sur le plateau - du moins tel que je l’entends - c’est la présence véritable, charnelle et parlée de l’acteur, qui compte. On est à chaque instant au présent, pas d’ailleurs, pas d’échappatoire, pas d’avant ni d’après au moment où une chose est énoncée.
C’est cette rencontre qui m’intéresse. D’un côté la langue poétique et lapidaire de Sylvie Nève. De l’autre deux comédiennes avec un corps, une langue, une présence concrète. Il s’agira d’étirer au maximum ces deux propositions, le merveilleux d’un côté, le concret de l’autre et de mettre à jour les décalages ou les points d’achoppement nés de cette rencontre.
Quand il n’y a plus rien il y a encore la poésie.
L’originalité de cette version du Petit Poucet tient à la langue de Sylvie Nève, une langue poétique qui utilise à plein la puissance évocatrice des mots. Pour commencer, il faudra s’approprier cette langue, la mâcher, la respirer, en faire ressortir les sons, les couleurs, les odeurs. Travail d’articulation, de projection, de diction, de profération. Des mots naîtront des images et des personnages. Mais les mots seront eux-mêmes les partenaires des comédiennes qui devront mordre les mots comme on mord dans un morceau de pain et les scander, les égrener, comme autant de petits cailloux.
Le conte du Petit Poucet.
Ce qui me touche dans le conte du Petit Poucet c’est cette histoire du plus petit, qui parvient à triompher de la faim et de la mort. Comment représenter le petit Poucet ? Comment en faire naître des images ici et maintenant, devant et avec les spectateurs ? C’est de cela dont il sera question tout au long du spectacle. Qui est le petit Poucet ? demandent les deux comédiennes, en essayant tour à tour de le représenter, tantôt en l’incarnant, tantôt en le racontant. Notre travail consistera à trouver les décalages nécessaires pour ne pas être dans une illustration ou une reconstitution du conte.
7 rue Véron 75018 Paris