Version japonaise (sur-titrée en français).
Le 19 mars 2003, l’armée américaine commence à bombarder l’Irak. Five Days in March raconte comment plusieurs jeunes couples ont vécu cinq jours de ce mois particulier. La quasi-insignifiance de leurs actions quotidiennes telles qu’elles sont « évoquées » plutôt que « jouées » soulève inévitablement la question de l’engagement. Ces jeunes semblent ne pas se sentir concernés par cette guerre, et paraissent ne s’intéresser qu’aux choses futiles, au sexe.
Toshiki Okada livre avec Five Days in March une pièce où les personnages racontent ce qu’ils font plus qu’ils ne le jouent, une pièce où rien n’arrive précisément et où tout l’enjeu est d’explorer l’expression au présent. Usant d’un langage hyperréaliste et de mouvements de scène quasi-chorégraphiés, Toshiki Okada restitue de manière presque gestuelle la façon d’être et de dire de la jeunesse japonaise.
Tous les éléments qui permettent de juger comment un acteur joue son rôle ou de retrouver dans chaque réplique la voix d’un personnage sont pulvérisés au profit d’une superposition extrême entre la guerre qui se joue à un point du globe et les préoccupations insignifiantes de jeunes couples à un autre point.
Les spectacles de Toshiki Okada donnent une voix à cette jeune génération que la presse japonaise a pu qualifier de « génération perdue » : ces 25-35 ans en proie à la précarité, qui se sont inventé un nouveau langage pour pallier leur absence croissante de repères dans une société sclérosée, parcourue de tensions.
Né en 1973, Toshiki Okada fonde en 1997 la compagnie « chelfitsch » dont le nom provient d’une prononciation enfantine déformée de l’anglais « selfish ». Utilisant un langage hyperréaliste, Okada crée des pièces aux mouvements lents et à l’aspect que l’on pourrait qualifier de « physiquement bruyant ». En 2005, Five Days in March a gagné le très prestigieux 49ème prix Kishida.
« Une des choses qui m’a conduit à écrire ces textes pleins de répliques désarticulées qui semblent ne jamais arriver là où elles veulent en venir provient clairement d’une expérience que j’ai faite lors d’un travail à temps partiel de transcription d’entretiens. (…) Faire les transcriptions était fastidieux, et en même temps particulièrement intéressant car, à mesure, que vous transcrivez mot à mot, vous ne pouvez plus comprendre ce que les gens essaient de dire. Et pourtant, d’une certaine manière, à la fin de la conversation, cela commence à faire du sens et vous pouvez voir ce qu’ils tentaient de dire, bien que les mots eux-mêmes ne disaient rien de clair ou de construit. Ça a été très important pour moi de comprendre cela. »
Toshiki Okada
41, avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers
Voiture : Porte de Clichy, direction Clichy-centre. Tout de suite à gauche après le Pont de Clichy, direction Asnières-centre.
A 86 Sortie Paris Porte Pouchet. Au premier feu tourner à droite, avenue des Grésillons.