Gertrud

du 25 novembre au 13 décembre 2014
1h30

Gertrud

En adaptant la pièce de Hjalmar Söderberg, un chef-d’oeuvre de la littérature scandinave, le metteur en scène Jean-Pierre Baro choisit de figurer le conflit du corps et de l’âme à travers le destin tragique d’une femme en quête d’un amour absolu.
  • Résumé

En adaptant la pièce de Hjalmar Söderberg, un chef-d’oeuvre de la littérature scandinave, le metteur en scène Jean-Pierre Baro choisit de figurer le conflit du corps et de l’âme à travers le destin tragique d’une femme en quête d’un amour absolu.

Dans la société bourgeoise de la fin du xixe siècle, art, politique et amour sont intimement liés. La cantatrice Gertrud en fera les frais, en refusant tout ce qui n’est pas conforme à son désir immédiat, n’acceptant aucun compromis. Trois hommes ambitieux auxquels elle renonce, brûlés par le besoin de reconnaissance sociale, traversent sa tragédie ; tous tomberont dans une solitude désespérée. Musiques, costumes, installation scénographique en mouvement font dialoguer les époques, créant une intemporalité dans laquelle le spectateur s’identifie instantanément.

Une critique de l’arrivisme d’une précision tchekhovienne, portée par les acteurs d’Extime Compagnie, dans laquelle Söderberg nous tend un miroir aveuglant.

  • Extrait

Gabriel – Ma vie est en lambeaux.

Gertrud – Ta vie, en lambeaux ? Tu as réussi ce que tu voulais réussir.

Gabriel – Ce qu’on a eu n’est rien. Ce qu’on a perdu est tout. C’est toujours ainsi, toujours. Il faut choisir. Et chaque fois on gagne et on perd quelque chose. Et toujours, toujours on s’aperçoit que ce qu’on a perdu était ce à quoi on tenait le plus. Toujours, toujours. Gertrud.

Hjalmar Söderberg

  • Note d'intention du metteur en scène

Gertrud parle d’art, de politique et d’amour. La pièce raconte le destin tragique d’une femme en quête d’un amour absolu. Dans cette quête, elle croisera le destin de trois hommes auxquels elle renoncera l’un après l’autre. Tragédie sans mort et sans tristesse. Gertrud est la tragédie d’une femme qui renonce radicalement à tout ce qui n’est pas en accord avec son désir immédiat et n’accepte aucun compromis. Elle ne veut pas vieillir, rester fixe alors que le temps passe. Elle est une Nora, une Hedda Gabler qui ne se suicide pas ; qui va, certes, de l’amour à la solitude, mais son renoncement ne la conduit pas dans l’impasse. Elle ne va ni vers la mort, ni au couvent, mais ailleurs. Elle quitte le monde, cette société étriquée et médiocre qui la vide et ne lui offre pas la possibilité de vivre son rêve d’amour. Personnage en mouvement, si elle s’arrête, quelque chose en elle meurt. Le vide qu’elle ressent est un appel. Ce qu’elle nomme l’amour ; une étreinte de l’âme et du corps. [...]

Un dialogue entre les époques s’inscrira dans tous les aspects de la mise en scène, de la musique en passant par le décor ou les costumes, il créera l’intemporalité nécessaire pour que les spectateurs s’identifient, non pas à une époque particulière, mais à l’intemporel de la représentation. Nous imaginons, avec le scénographe Mathieu Lorry Dupuy, un espace métaphorique permettant une interprétation des nombreuses thématiques contenues dans la pièce, le temps qui passe, l’amour, le conflit entre l’individu et la société, entre le corps spirituel et le corps social, le désir, l’ambition, la mort…

La modernité de la pièce se trouve dans ses thématiques, non dans la reconstitution exacte de cette société bourgeoise de la fin du 19ème siècle. Les personnages agiront et transformeront l’espace, qui sera autant le lieu de l’action que la représentation symbolique, la métaphore de leurs sentiments. Il sera pensé et imaginé de façon à faire écho à la notion de temps passé et de temps qui passe qui est au coeur de la pièce.

Tous les personnages se regardent, à un moment ou à un autre, dans un miroir, il est présent dans tous les lieux où se déroule l’action. Nous travaillerons à une déclinaison de l’objet miroir, le sol sera un miroir, un autre, accroché au mur du bureau de Gustave Kanning, un troisième plus imposant, sera le grand mur de la salle de réception du grand hôtel. Mobile et recouvert dans un premier temps de craie, le miroir se dévoilera au fur et à mesure de la représentation.

Il s’agit donc d’exposer plutôt que de représenter les lieux où se déroule l’action de chaque acte. Ainsi, le bureau de Gustave Kanning, le jardin public, la salle de réception du grand hôtel, existeront à partir d’une installation d’objets et d’éléments concrets et symboliques à la fois : un bureau brulé, un grand lustre d’opéra, un piano, des chaises de parc … Comme Bergman, Söderberg regarde à travers le miroir. Le miroir c’est se regarder avant d’être soi même regardé, exposé, c’est le visage qu’on prépare, savoir qui on est. C’est la persona. Si l’objet miroir n’a aucun sens en soi, il ne trouve sa valeur et son sens que s’il reflète quelque chose. Ici c’est la vie même qu’il réfléchit.

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106, rue Brancion 75015 Paris

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Spectacle terminé depuis le samedi 13 décembre 2014

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