Guerre

Nanterre (92)
du 20 novembre au 21 décembre 2003

Guerre

C’est l’histoire d’une famille traversant une guerre indéfinie. Lorsque le mari part à la guerre, le frère prend sa place au foyer, et devient l’amant de la femme. Après la guerre, le mari, devenu aveugle, revient quand tous le croyaient mort. Trop effrayée pour lui avouer la vérité, sa femme lui annonce la mort du frère. Car outre les luttes religieuses, politiques ou ethniques, la guerre s’accompagne aussi de bouleversements intimes, d’implosion familiale, et d’effondrement du quotidien.

La pièce
Note de mise en scène

C’est l’histoire d’une famille traversant une guerre indéfinie. La plus récente des pièces de Lars Norén s’ancre dans aucune temporalité précise, et les ruines représentées pourraient être celles de Troie comme celles de Sarajevo.

C’est un petit village quelque part dans le monde, où vivent un mari et sa femme, leurs deux filles et le frère du mari. Lorsque le mari part à la guerre, le frère prend sa place au foyer, et devient l’amant de la femme. Après la guerre, le mari, devenu aveugle, revient quand tous le croyaient mort. Trop effrayée pour lui avouer la vérité, sa femme lui annonce la mort du frère. Désormais condamné à se cacher, celui-ci se retrouve seul, exclu de la maison. Car outre les luttes religieuses, politiques ou ethniques, la guerre s’accompagne aussi de bouleversements intimes, d’implosion familiale, et d’effondrement du quotidien.

Lars Norén vient au Théâtre des Amandiers donner vie à sa dernière pièce, en dirigeant un quatuor d’acteurs français. Souvent comparé à Strindberg ou O’Neill, Lars Norén retrouve avec Guerre l’un des thèmes majeurs de son écriture, la famille, précipité ambigu du drame intime.

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Tableau de fin de guerre. Aucune précision de temps ou de lieu. Pourtant des échos familiers se font entendre : 39-45, Algérie, Rwanda, Bosnie, Tchétchénie… Il s’agit sans doute de toutes ces guerres à la fois. Ces guerres où soudain le compagnon d’hier devient bourreau, où la règle n’est plus simplement de vaincre l’ennemi mais de pousser la barbarie jusqu’à torturer, violer, décimer des villages, éradiquer des communautés entières.

La pièce s’ouvre donc à la fin d’une guerre. Plus précisément à cet instant du retour chez soi, lorsque le plus terrible semble derrière soi mais qu’il reste encore un dernier pas à faire. Un soldat revient dans son village après avoir été prisonnier dans un camp, il est aveugle. Il retrouve sa femme et ses deux filles, Sémira, 11 ans, et Beenina, 15 ans. Elles le croyaient mort. A peine arrivé, son épouse lui apprend que son frère Ivan a, comme beaucoup, disparu. Il ne veut rien savoir de plus, ce qu’il ne sait pas il ne le sait pas, il veut que tout redevienne comme avant, comme avant la guerre. Pour cela, il faut réparer le toit, trouver à manger, cultiver son jardin. Mais rien n’est comme avant. Les ravages de la guerre sont incontournables : les horreurs se dévoilent au détour des conversations et dans les gestes les plus ordinaires. Les cicatrices s’affichent ouvertement, dans les corps blessés et dans la vie quotidienne : Beenina se prostitue tous les jours, Sémira, au bras droit paralysé, a des jeux bien cruels…

Dans ce décor se noue une intrigue qui pourrait sembler des plus banales : Ivan n’est pas mort, il s’est lâchement caché, lui et sa belle-sœur s’aiment, il est devenu l’homme de la famille. Mais il y a eu la guerre. Personne ne dit la réalité. Alors Ivan se retrouve à la même table que son frère sans parler, il est là mais ne doit plus exister. Quelles solutions : avouer, fuir, assassiner ?

Lars Norén écrit la tragédie de la guerre non pas d’un point de vue historique - on ne connaît ni les vainqueurs, ni les vaincus - mais intime, il évoque la vie d’un homme et de sa famille pris dans la tourmente d’un conflit.

La guerre est comme une excuse pour transgresser les interdits imposés par la société : tout est permis, tous les désirs peuvent prendre corps, on est libre de faire les choses plus terribles. C’est une explosion, une sorte de bacchanale moderne. Chacun a en soi la possibilité de devenir victime ou bourreau, ou les deux, l’un après l’autre, rien n’est simple ou évident.

Avec Guerre, Lars Norén aborde sous un nouvel angle la problématique qui, ces dernières années, est au centre de son théâtre : qu’est-ce qui fait que l’homme survit, même après les plus terribles épreuves, même après avoir tout perdu ?

Amélie Wendling
Septembre 2003

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7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre

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Nanterre - Amandiers
7, av. Pablo Picasso 92000 Nanterre
Spectacle terminé depuis le dimanche 21 décembre 2003

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