L’histoire se passe en Popolskie, c’est-à-dire n’importe où : parce qu’un deal mettant en jeu des organes humains ne se passe pas tout à fait comme prévue, une tête doit tomber dans la bonne ville de K.
Une tête, oui, mais laquelle. Et surtout : qui sera le bourreau ?
Une histoire contemporaine policière, nourrie du Kordian de Slowacki et de l’histoire d’Hérodiade, femme d’Hérode et mère de Salomé.
L’automne. Une ville en Pologne (ça pourrait être Czestochowa, Cracovie, Katowice…). Dans les alentours d’une gare, il y a un kiosque : c’est là, autour du kiosque et de la gare, dans les souterrains et les Planty (parcs entourant la vieille ville), que la plupart des scènes d’extérieur se passent. Mais également dans le temple de l’Eglise de la Résistance du Seigneur de George Crawford, et dans le solarium « La Vierge Noire ».
Des personnages différents s’y croisent : le policier malhonnête, la femme d’affaires, sa fille, le SDF dont celle-ci est amoureuse, le vieux fleuriste sourd et muet ou encore une mystérieuse coach supposée d’origine australienne.
De loin ou de près, chacun de ces personnages prend part à une vaste affaire de trafic de ventes d’organes entre l’Europe de l’Est et les Etats-Unis.
Hérodiade de Laurent Contamin (2004) apparaît comme le dernier volet d’une trilogie dont les deux premiers volets sont Kordian de Juliusz Slowacki (1833) – créé au Centre Culturel Boris Vian des Ulis et au CDR de Colmar 2001-2003, puis Comédie Non Divine de Zygmunt Krasinski (1833) – créé au Centre Wallonie Bruxelles à Paris – 2004
Si Kordian décrit la lutte de l’individu contre le monde, dévoilant ses passions, son enthousiasme innocent et idéaliste, Comédie Non Divine présente les excès du pouvoir et la ruine des grandes idéologies. Hérodiade nous plonge dans un monde d’aujourd’hui où les liens entre les hommes ne sont pas vécus mais générés par des images extérieures, où l’espace est organisé selon « un monde divisé entre ceux qui jettent et ceux qui ramassent » et la question « être ou ne pas être » remplacée par « avoir ou ne pas avoir ».
Un projet théâtral peut naître d’une singulière communauté de pensée… l’auteur et moi nous nous connaissons depuis la mise en scène de Kordian. Une rencontre fortement connotée puisque ce texte constitue l’une des plus riches interrogations sur la révolte, sur l’histoire. Cette œuvre phare pose déjà des questions que le théâtre se doit de sans cesse aborder, la disparition de l’humain dans la société - ogre qu’il a créé mais qui le dépasse, et la déréliction des esprits ou des âmes.
D’une certaine manière Hérodiade apparaît comme une suite de l’œuvre de Slowacki… une suite qui replace des thématiques inchangées dans un espace contemporain en continuelle mutation, qui possède une portée politique mais ne s’enferme pas dans le réquisitoire, prend un point de vue intérieur, se situe continuellement du côté de ceux qui vivent ou même créent les erreurs d’aujourd’hui.
Esplanade de la République 91940 Les Ulis