Au départ, il y a le scénario de Marguerite Duras pour le film d’Alain Resnais, en 1959 avec Emmanuelle Riva : la passion brûlante et brève de deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et en demeurent marqués à jamais. Aujourd’hui, Christine Letailleur porte sur scène les mots de Marguerite Duras qui, écrit-elle, aborde « l’un des thèmes majeurs de ma recherche artistique, à savoir la question inépuisable et cruciale du désir ».
Alors, il y a là, dans la pénombre, la nudité langoureuse de deux corps, debout, liés par la force d’un sentiment qui les dépasse. Ils se touchent à peine, ils sont « ensemble ». Et pour si peu de temps avant que chacun retourne à sa vie habituelle. Moment pour toujours inscrit dans leur mémoire blessée par l’Histoire : elle, femme tondue à la Libération pour avoir aimé un ennemi ; lui, rescapé de la bombe d’Hiroshima, habité par l’horreur… Ils parlent, les mots jouent avec les silences, composent une sorte de poème épique, bizarrement doux. « Une oeuvre poétique, philosophique, politique », écrit encore Christine Letailleur.
« Beau couple : blanche silhouette féminine contre homme mince en costume noir. Ils se fondent parfois dans les images projetées des ruines d'Hiroshima telles que le cinéaste japonais Imamura les a filmées. Ils disparaissent, renvoyés souvent à leur solitude, et réapparaissent comme des précipités de l'amour. Des haïkus théâtraux. » Emmanuelle Bouchez, Télérama
« Une mise en scène magistrale. Portée par deux acteurs incandescents. Elle, Valérie Lang, toute entière à son rôle, transfigurée, vibrante. Lui, Hiroshi Ota, d’une présence animale. (…) Christine Letailleur exprime toute la force, la violence du texte de Marguerite Duras en le replaçant avec justesse dans son contexte. Les projections vidéos d’Hiroshima qui embrasent parfois le décor et absorbent les personnages comme soudain happés par l’Histoire sublime cette passion au regard de l’effroyable cauchemar de ce qui fut l’horreur absolue. » Un Fauteuil pour l’orchestre
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