En anglais surtitré.
« Promenons-nous dans les bois... » À partir du fameux essai du psychanalyste Bruno Bettelheim, Stephen Sondheim revisite divers contes de fées : Cendrillon, Le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique...
Mais le public du Châtelet, qui commence à se familiariser avec l’œuvre du maître de Broadway, doit bien se douter que Sondheim ne va pas forcément l’emmener sur les chemins nostalgiques de l’enfance. Tous ces contes se déroulent dans la forêt, lieu des peurs ancestrales qui représente ici, de manière métaphorique, la société dans laquelle des personnes d’âges, d’origines et de conditions diverses sont amenées à se côtoyer et tenter de vivre ensemble.
Pas de leçon de morale dans cette œuvre, mais un regard empreint d’humanité sur notre illusoire quête de bonheur, où l’humour et le pastiche sont toujours présents à travers les chansons s’inspirant de rondes et de comptines dans lesquelles on retrouve l’inimitable « patte » Sondheim.
Musique et lyrics : Stephen Sondheim
Livret : James Lapine
Direction musicale : David Charles Abell
Chorégraphies : Lorena Randi
« Dès les premières minutes de « Into the Woods », Stephen Sondheim, le compositeur et signataire des paroles, et James Lapine, le librettiste, réussissent avec une étourdissante dextérité à captiver (...) tout en convoquant plusieurs histoires. (...) Pour dévoiler ce qu'il faut bien appeler du grand art, le théâtre du Châtelet s'est donné les moyens de ses ambitions et a réuni une équipe formidable. » Philippe Venturini, Les Echos, 07 avril 2014
[...] James [Lapine] eut l’idée d’inventer un conte de fées dans la tradition classique du genre, qui puisse être mis en musique et prendre suffisamment d’épaisseur pour tenir toute une soirée, ce qui nous enthousiasma mais mourut avant même de voir le jour. Après quelques tentatives avortées, James comprit que les contes de fées sont, par nature, courts, les intrigues tiennent dans un dé à coudre, il y a peu de personnages, et encore moins de complications. [...] Nous écririons une histoire dans laquelle les vies des célèbres personnages de contes de fées interféreraient les unes avec les autres pour se retrouver étroitement mêlées dans un même lieu, et quel meilleur endroit que les bois, là où tant d’histoires prennent vie ?
Pour les réunir sur une toile de fond, James inventa sa propre fable, celle du Boulanger et de sa femme, un couple qui entreprendrait une quête et croiserait sur sa route des personnages comme Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack, Raiponce, les Trois petits Cochons, Blanche-Neige et, bien sûr, une méchante sorcière. Nous abandonnâmes les Trois petits Cochons et Blanche-Neige à San Diego, où nous montrâmes le spectacle en tryout, mais les autres personnages continuèrent à peupler ce méli-mélo d’événements (le plus souvent) farcesques et (en définitive) tragiques. [...] Et, ah, les bois. Le symbole fourre-tout de l’inconscient, le fœtus, le passé, le lieu obscur où nous sommes confrontés à nos jugements et d’où nous sortons plus sages ou détruits, et un thème majeur dans Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, le livre dont tout le monde pense qu’il nous a inspirés, simplement parce que c’est le seul livre connu du grand public sur le sujet. [...] James était également sceptique quant à la possibilité d’un « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » dans la vraie vie, et craignait que les contes de fées ne donnent aux enfants de fausses attentes. [...]
En inventant l’Histoire du Boulanger et de sa femme, un conte américain, James a apporté sa propre pierre à l’édifice des contes de fées culturels. Le boulanger et sa femme ont beau vivre dans une forêt médiévale, dans une temporalité propre aux contes de fées, ils sont fondamentalement un couple de citadins américains qui se retrouve à vivre au milieu de sorcières, de princes et pour finir, de géants. Cendrillon se transforme en princesse, Le Petit Rouge (c’est ainsi que nous appelons le Petit Chaperon rouge) se fait manger par un loup et revient à la vie, Raiponce est sauvée par un prince, mais le boulanger et sa femme essaient simplement de gagner leur vie et d’avoir un enfant. Leurs soucis sont quotidiens, leurs comportements typiquement urbains : impatients, sarcastiques, chamailleurs, résignés – prototypiques, sauf qu’ils s’expriment dans le langage guindé des contes de fées et sont entourés de sorcières, de princesses et en définitif, de géants. Cela fait d’eux des personnages drôles et proactifs, et le public se reconnaît dans leur contemporanéité.
Extrait de Look I Made a Hat de Stephen Sondheim publié par Alfred A. Knopf.
Histoire, décors, chant, jeu : tout est bon dans cette comédie musicale 5 étoiles. Une vision des contes de fées avec une lecture Bettelheim effectivement, qui montre un peu les dessous. C'est drôle, inventif. La sorcière est incroyable. Un spectacle magnifique !!
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Histoire, décors, chant, jeu : tout est bon dans cette comédie musicale 5 étoiles. Une vision des contes de fées avec une lecture Bettelheim effectivement, qui montre un peu les dessous. C'est drôle, inventif. La sorcière est incroyable. Un spectacle magnifique !!
1, place du Châtelet 75001 Paris