"S’ils trouvent une femme dans la rivière, je tremble et je suis heureux: ça pourrait être elle. Elle est partie dans le soir qui était si beau, avec ses cheveux, ses yeux et tout ce qui m’appartenait, et aussi mon cœur."
Jean est un paysan qui se laisse (bien) vivre dans sa ferme-auberge avec sa femme. Arrive un homme de la ville qui séduit cette dernière. Elle demande à Jean de la retenir contre elle-même, contre ce qui l’entraîne, contre ce qu’elle désire. Il ne peut ou ne veut pas. Elle le quitte et en échange de son départ elle lui donne la ferme.
Jean échangera ensuite la ferme contre deux charrettes (la liberté), une charrette contre l’amitié, la seconde contre un manège (la joie), le manège contre une oie, l’oie contre la compagnie des hommes, ses habits contre un travail, son travail contre l’amitié à nouveau, l’amitié contre la vie (ou la mort ?). Il sera finalement dépouillé de tout. Le voilà nu et seul (libre et heureux ou pauvre et désespéré ?) au bord d’une rivière.
Jean est un être solaire, lumineux, qui au bout de son chemin est plongé dans la nuit. Ce passage de la lumière à la nuit, il en est à la fois innocent et coupable. Innocent de l’état du monde et coupable de ne pas pouvoir ou vouloir le combattre.
Jean-Claude Fall
Traduction de Marielle Silhouette et Bernard Banoun, L'Arche éditeur.
"A chaque nouveau coup du sort, le candide héros s'exclame "Je suis heureux !" dans une rage optimiste, mise magnifiquement en chair par David Ayala. (...) Le résultat enchante, d'autant que l'écriture musicale a été confiée à Stephen Warbeck (Royal Shakespeare Company)." Pierre Daum, Libération
"C'est du bon Brecht en raison de cette allégresse dans l'inéluctable, cet art roué de prendre la morale et les règle sdu théâtre ) contre-pied. (...) le spectacle est porté par un acteur, David Ayala (...)." Gilles Costaz, Les Echos
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