En français, anglais et espagnol, surtitré.
Jeux de cartes a imposé dès sa conception des contraintes formelles très fortes, de celles où Robert Lepage aime à puiser d’étonnantes ressources d’invention.
Les récits de Lepage et de ses compagnons s’épanouissent au sein d’étranges milieux hybrides où ce sont tantôt les objets qui flottent d’une identité à l’autre sous les yeux émerveillés du public, tantôt les trois dimensions qui se fondent l’une en l’autre au nom d’une magie supérieure.
Le projet Cartes est un hommage rendu à la fécondité combinatoire : règles, couleurs, familles, figures concourent à suggérer, en fonction des tirages, une infinité d’histoires possibles.
En ouverture, Pique invente une confrontation entre Las Vegas et Bagdad, entre la capitale par excellence du jeu, caricature des valeurs de l’Occident, et une cité bombardée par l’administration Bush au nom de la promotion de la démocratie.
Le jeu commun : 52 cartes, 4 couleurs, 4 familles royales, 2 jokers.
Le tarot : 78 cartes, 4 symboles, 4 familles royales, 21 cartes d’arcane, 1 fou.
Par la compagnie Ex Machina.
Lepage revendique la nécessité que le théâtre parle un langage d’aujourd’hui, et ce dernier est visuel avant tout. Il semble dire que l’on ne peut plus faire du théâtre aujourd’hui comme si l’on n’avait pas connu la photographie, le cinéma, les ordinateurs, Internet, les environnements virtuels, mais aussi l’évolution des arts visuels […].
La particularité de Lepage serait de prendre en compte l’ensemble de ces langages technologiques et de les faire se croiser dans un espace qui relève de supports visuels, mais qui est et demeure un espace théâtral, voire un espace de théâtres, puisque l’on y constate la mise en abyme permanente de petits théâtres et de castelets.
Son théâtre rivalise avec ces univers technologiques, il les absorbe, en sort vainqueur, mais il est transformé à son tour. Cela se fait sans véritable combat, puisque Lepage n’oppose pas théâtre et technologie ; il met en scène la technologie, il la théâtralise comme il fait de tout ce qu’il aborde.
Chez lui, le théâtre reste dernier et le regard est premier.
Extrait de Robert Lepage, l’horizon en images, Ludovic Fouquet
8, boulevard Berthier 75017 Paris
Entrée du public : angle de la rue André Suarès et du Bd Berthier.