Journal d'un corps

Daniel Pennac lit au Théâtre du Rond-Point Journal d’un corps.
Daniel Pennac, romancier, créateur de Malaussène et de sa saga, auteur de Chagrin d’école et de Au bonheur des ogres, lit au Théâtre du Rond-Point Journal d’un corps. Il dévoile la vie d’un homme, de douze à quatre-vingt-sept ans, tous les maux, joies, tracas et tragédies de son enveloppe charnelle.
  • La vie d'un homme

Comment rendre compte de la réalité de cette machine physique avec laquelle chacun d’entre nous se doit de composer tout au long de l’existence ? Avec Journal d’un corps, Daniel Pennac a décidé de nous entraîner sur le terrain des sécrétions, des maux et des humeurs. En forme de check-up au long cours, le journal de bord qu’il prête au héros de son roman a pour premier objet cette enveloppe charnelle nous servant de véhicule du premier souffle au dernier soupir.

En brisant le tabou d’une sphère de l’intime réservée à nos dossiers médicaux, Daniel Pennac envisage la vie comme une galaxie de maux. Du zona de l’enfance aux polypes dans le nez, des désordres des sphincters jusqu’au glas sonné par le coup de grâce d’une prostate défaillante... De douze à quatre-vingt-sept ans, cette vie d’homme est cadrée au pied du mur de ses pathologies.

Leçon d’anatomie en forme d’éloge de l’observation expérimentale in vivo, Journal d’un corps, à l’image du fameux tableau de Rembrandt, méritait d’être exposé dans son oralité pour sortir du cercle de silence liant un livre à son lecteur. Adaptant son roman pour le porter lui-même sous les feux de la rampe avec la complicité du regard de Clara Bauer, Daniel Pennac se joue de cette mise en espace pour transmettre son manifeste comme un nouveau manuel de savoir vivre à l’usage de toutes les générations.

  • Entretien avec daniel Pennac

Dans l'« Avertissement » qui précède le texte, ce Journal d’un corps est présenté comme un cadeau embarrassant.
Daniel Pennac : C'est surtout son corps qui a embarrassé le narrateur pendant son enfance ! Vous connaissez ce genre d'enfant : un de ces petits qu'on voit au bord des bacs à sable, complètement tétanisés par l'énergie de leurs congénères. Celui-ci est né en 1927, fils d'un mort-vivant de la guerre de 14, qui, détruit par la dépression nerveuse et les gaz moutarde, agonise pendant les onze premières années du narrateur. La mère, victime de ce que nous appellerions aujourd'hui un terrible « baby blues », abandonne l'enfant à la compagnie de cet agonisant. Le père entreprend d'instruire son fils avant de mourir, de façon à ne pas l'abandonner dans la vie sans munition. Il en fait un petit érudit, intellectuellement trop mûr pour son âge et quasiment privé de corps. Jusqu'au jour où, à la suite d'un traumatisme particulièrement humiliant, le garçon prend la résolution de ne plus jamais avoir peur. (Ce sont les premiers mots du journal : « Je n'aurai plus peur, je n'aurai plus peur, je n'aurai plus peur, je n'aurai plus jamais peur »). Très vite il constate que l'application de cette résolution passe par la conquête de son corps. Il décide donc, de propos délibéré, de se fabriquer un corps et de tenir le journal de cette conquête. Alors qu'il était un enfant chétif et transparent, il devient petit à petit un robuste gaillard, boxeur, nageur, physiquement performant. Il rédigera ce journal toute sa vie, jusqu'à décrire son agonie, qui survient à l'âge de 87 ans.

Ce journal n'est pas pour autant un précis anatomique…
DP : Non, c'est plutôt la chronique des messages envoyés notre vie durant par notre corps à notre esprit, avec ces longues plages de silence où notre corps nous parle peu, par exemple pendant la force de l'âge. C'est aussi la chronique des apprentissages, des douleurs, des plaisirs et des jouissances.

Un journal, aussi, qui peut se lire comme un roman…
DP  : Qui doit se lire comme un roman si l'on veut assister à l'évolution physique d'une vie entière. Et puis entre ses terreurs, ses épanouissements, ses ébats, ses maladies, les incessantes découvertes qu'il nous propose, notre corps est l'objet d'un processus on ne peut plus romanesque, qui n'est pas avare en péripéties. Sans parler des corps environnants qui ne laissent pas le narrateur indifférent : femme, enfants, petits enfants, corps unique des dortoirs de son enfance ou des passagers d'un autobus, rien de cette existence physique individuelle ou collective ne lui est indifférent. Bien sûr, c'est aussi un livre qui se prête au grappillage, le lecteur peut directement aller voir ce qu'éprouvait le personnage à tel ou tel âge, ou se promener librement dans l'index, du côté des organes, des maladies, des fonctions : Démangeaison, Densité corporelle, Dent, Dépression nerveuse, Dépucelage,
Diarrhée, Émotion, Énergie, Épistaxis, Épuisement, Érection… Au lecteur de choisir de lire en fonction de ces entrées, ou, et c'est pour moi l'idéal, de tout lire dans la continuité, comme un roman.

Au fond, s'agit-il vraiment d'un journal ?
DP : C'est un journal du corps tenu non pas « au jour le jour » (il y faudrait des centaines de volume !) mais « à la surprise la surprise ».

Entretien réalisé pour les Éditions Gallimard

  • La presse

« Plus sympathique que Pennac, il n'y a pas ! La mine joyeuse, malicieuse, songeuse, il vous embarque tout de suite dans cette traversée d'une société jaunie comme les photos d'antan et d'une mémoire qui, elle, garde toujours son éclat de jeunesse. » Gilles Costaz, Le Point, 14 juin 2014

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Informations pratiques

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2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris

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Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 5 juillet 2014

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