Résumé
Intentions de mise en scène
Mot de l'auteur
Cette version scénique s'inspire très fidèlement du récit que l'auteur a fait d'un fait-divers terrible et énigmatique : le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, avant de tenter de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait depuis dix-huit ans, et chose difficile à croire, qu'il n'était rien d'autre...
Si Romand représente pour nous l'Adversaire, la part monstrueuse de l'humanité, ce n'est pourtant pas une chose aisée d'en faire le portrait. Où se situe la frontière entre ce qui nous fascine chez lui, ce qui nous émeut, peut-être même ce à quoi nous nous identifions, et l'insupportable, l'horreur ?
Portant à la scène L’Adversaire comme un monologue, je souhaite avant tout m’attacher au récit de Carrère, dans un projet qui recherche l’exactitude de sa pensée. Je veux me mettre dans les pas de l’auteur pour faire entendre son questionnement.
L’Adversaire est en effet autant l’exposition d’un fait-divers tragique que le récit des difficultés rencontrées par le narrateur pour relater cette histoire. On peut lire le texte de Carrère comme le compte-rendu d’un écrivain qui s’interroge sur ses motivations secrètes. Pourquoi cette fascination pour un fait-divers si sanglant ? Cela cache-t-il une morbidité refoulée ? Et surtout : quel point de vue adopter pour dire l’indicible ? Faut-il rester neutre et objectif ? Se mettre dans la peau du meurtrier ? Se mettre à la place d’un des protagonistes impliqués dans le drame ?
Finalement, c’est en parlant en son nom propre, en disant “je” qu’Emmanuel Carrère parviendra à accoucher du récit. Ces difficultés à trouver le bon point de vue ne sont pas simplement littéraires. Elles sont avant tout éthiques. La question à laquelle doit répondre Carrère et qui engage sa responsabilité est écrasante : quel visage doit-on donner de Jean-Claude Romand ? En faire une victime du destin, un homme traversé par un combat intérieur qui le submerge ou un mystificateur et un escroc ?
Sylvain Maurice
J'avais lu cette histoire avec une espèce de sidération. J'ai su tout de suite que j'avais envie d'écrire quelque chose là-dessus. […] A ce moment-là, il y avait pour moi un modèle.
[De sang-froid de Truman Capote est] un livre que j'admire énormément. Quand il est tombé sur un fait divers analogue, Capote a quitté New York, a rejoint le lieu des crimes, le Kansas, deux jours après les faits et y est resté pendant plusieurs années. Moi, je n'ai pas bougé. Ce qui m'intéressait, ce n'était pas l'information extérieure que je pouvais pêcher en faisant l'enquêteur. Cette affaire me travaillait à cause de la part d'imposture qui existe en nous et qui ne prend que très rarement des proportions aussi démesurées, tragiques, monstrueuses.
Il y a, en chacun de nous, un décalage entre l'image qu'il donne, qu'il souhaite donner aux autres, et ce qu'il sait qu'il est lui-même, quand il se retourne dans son lit sans arriver à s'endormir. Le rapport entre ces deux hommes-là, c'était ce qui m'attirait.
Emmanuel Carrère in Lire - Février 2000.
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