« Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier. »
L'Etranger, selon Camus lui-même, c'est l'histoire d'un homme condamné à mort pour n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère.
Un spectacle court, une mise en scène simple, brute et frontale, qui fait la part belle à ce texte-coup-de-poing, suivie immédiatement d'un échange avec les spectateurs.
L'histoire commence par l'annonce froide à Meursault du décès de sa mère. Pendant l'enterrement, par une chaleur caniculaire, on constate que ce deuil semble ne lui faire ni chaud ni froid. Ensuite nous assistons, dans une banlieue de l'Algérie française des années 40, au petit quotidien banal de ce jeune pied-noir, personnage étrange à force d'avoir l'air indifférent à tout. C'est en commettant un meurtre qu'il prend conscience qu'il avait peut-être été jusque-là étranger à lui-même, à sa propre vie, et que l'acte qu'il vient de poser aura des conséquences. Meursault sera condamné à mort. L'Etranger, selon Camus lui-même, c'est l'histoire d'un homme condamné à mort pour n'avoir pas pleuré à l'enterrement de sa mère.
« J'ai fréquenté l'oeuvre de Camus plusieurs fois sur les scènes belges avec beaucoup de plaisir. Récemment j'ai adapté, mis en scène et joué La Chute une centaine de fois dans de nombreux théâtres de la communauté française de Belgique. J'ai interprété le rôle de Caligula dans un théâtre Bruxellois il y a quelques années. J'ai fait mes premiers pas de comédien, au sortir du Conservatoire, en interprétant le personnage de Meursault. Aujourd'hui je souhaite porter un nouveau projet d'adaptation théâtrale de L'Etranger. Je n'ai pas la prétention d'être un auteur à part entière.
Je suis avant tout un comédien qui s'aventure parfois à la mise en scène et à l'écriture d'adaptations théâtrales. Pour moi, écrire une adaptation c'est faire un travail d'interprétation. C'est donc le prolongement, le corollaire logique de mon métier d'acteur, cela procède de la même démarche : être le porte-parole d'un auteur. J'ai déjà écrit plusieurs adaptations de romans pour le théâtre. Chaque fois, avant de commencer, je me suis posé la question du bien-fondé de la démarche. Gagne-t-on quelque chose en portant à la scène un bon roman ? Je trouve que c'est une question absolument pertinente et nécessaire parce que si on n'y trouve pas de réponse, c'est que l'opération n'est peut-être pas légitime.
Je crois qu'adapter c'est obligatoirement choisir un axe et donc sans doute réduire, en renonçant à certaines pistes ; mais je crois aussi qu'adapter c'est interpréter. Quand j'adapte, mon souci est certes d'être fidèle à l'oeuvre originale, à son essence, mais aussi de retranscrire pour la scène ce que j'ai personnellement ressenti à sa lecture. C'est là qu'est mon interprétation, ma proposition, mon apport, oserais-je dire en toute humilité. Je crois vraiment que c'est dans cette équation qu'une adaptation non seulement a sa légitimité, mais peut aussi apporter quelque chose.
Le projet pour L'Etranger est de l'adapter dans une forme courte et directe, dans une mise en scène sobre et frontale faisant la part belle à ce texte-coup-de-poing. Trois acteurs : un jeune comédien qui joue un Meursault face au public, une jeune comédienne qui joue sa fiancée et un comédien d'âge indéfini ( moi ...) qui prend en charge tous les personnages masculins que croise l'Etranger ( le directeur de l'asile, le patron, Sintes, Salamano, le gardien de prison, le juge d'instruction, l'avocat, le procureur, l'aumônier). L'idée est de créer une sorte de Monsieur Toutlemonde qui, passant d'une fonction à l'autre mais toujours avec la même gueule, incarne la société dans laquelle évolue Meursault et dont on le sent différent.
Le seul personnage que Meursault va regarder dans les yeux et qui aura donc un autre visage pour lui, c'est l'Arabe qu'il tue. Nous ne le montrerons pas, les spectateurs le verront dans le regard de Meursault à la charnière de sa vie. Marie, elle, a un statut différent, un autre rôle à jouer. Après la mort de la mère, elle est la vie, l'eau chaude très présente dans la première partie et qui s'évapore en quelques larmes dans la seconde.
L'idée centrale de l'adaptation et de la mise en scène est de raconter cette fable dans un espace vide, une cellule, prison ou chambre de réflexion, dans laquelle Meursault se raconte sa propre histoire, faisant ainsi une sorte de bilan récapitulatif dans lequel chaque événement vécu ou reconstitué en amène un autre sans réelle logique hormis celle de mener au procès qui le jugera.
Une adaptation qui dira le moins pour servir au plus près l'essentiel, dans une mise en scène dépouillée, une scénographie de lumière et de son créant des atmosphères contrastées mettant l'accent sur l'opposition entre les deux parties du récit. »
Benoît Verhaert
Super ! L'étranger est un très bon acteur et la pièce remarquable
parfait!
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Super ! L'étranger est un très bon acteur et la pièce remarquable
parfait!
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