C’est vrai qu’on dit toujours qu’on hérite de toute la merde de nos parents. Le Danois Thomas Vinterberg fonde en 1995 avec Lars Von Trier le concept du Dogme95. Manifeste en vue d’un nouveau cinéma dont la première oeuvre claque comme une gifle : Festen. Écrit et réalisé par Vinterberg, le film fascine et effraie le Festival de Cannes, où il reçoit le Prix du Jury. Daniel Benoin l’adapte, et en 2003, investit les rangées de spectateurs du théâtre, y installe un banquet de famille.
Rappel des faits : lors d’une fête de famille, le fils Christian choisit de percer les abcès. Il annonce enragé et en public les viols répétés sur son corps d’enfant de son père présent. Bombe théâtrale dans le pavé des conforts petits-bourgeois de la famille franco-danoise. On pensait pouvoir enfin vieillir tranquille. Mais dix ans plus tard, Vinterberg s’acharne. Le Festen théâtral lui donne le goût de la scène. Il écrit pour le plateau une suite, reprend les mêmes figures, et les plonge dans une nouvelle fête de famille.
Cette fois-ci, on enterre le père. Le vieux pédophile est mort d’une mauvaise chute. Crise cardiaque. La famille se réunit. Les trois enfants sont là. On s’agite, on soutient une mère qui défaille, mais qui veut une veillée funèbre festive. On fait le point, on cuisine, on arrose le tout. On laisse faire le temps et les héritages pourris, les mesquineries et les haines. Mais un drame à nouveau explose et un nouvel abcès avec.
Plongée profonde dans les ordures humaines. Directeur du Théâtre National de Nice, Daniel Benoin convoque les monstres de la tragédie grecque et les fous furieux des délires élisabéthains. Il rassemble pour cette farce féroce une distribution de prestige. Tous enterrent le père de Festen, mais accouchent d’un monstre plus terrifiant. Malédiction familiale.
« Soudain un mail venant du Danemark : « Vinterberg vient de donner une suite à Festen et la met en scène lui-même à Vienne. » Nous sommes en mars 2010, je vole vers l’Autriche pour assister à̀ la Première mondiale du spectacle. Ce fut un choc : drôlerie d’abord, justesse, force, tragédie enfin, à̀ l’image de Festen dont j’avais réalisé́ la mise en scè̀ne en octobre 2002. À l’issue de la représentation, je me suis pré́cipité vers Vinterberg pour lui demander le droit de mettre en scène sa pièce en France. Il me l’a immé́diatement accordé́, en me ré́vé́lant que mon adaptation thé́âtrale de son film lui avait donné́ envie d’é́crire pour le théâtre, en particulier cette suite.
En dehors de la qualité́ de l’oeuvre, un signe é́tait trè̀s frappant à̀ mes yeux : la piè̀ce se dé́roule dix ans aprè̀s la fête d’anniversaire des soixante ans du pè̀re, ré́ception qui a été́ le théâtre des révélations sur les dé́viances sexuelles de celui-ci. Et c’est également dix ans plus tard que je vais mettre en scè̀ne L’Enterrement [Festen... la suite]. Le spectacle se jouera à̀ Nice et au Théâtre du Rond-Point, comme ce fut le cas avec le précédent. Précisons qu’il n’est pas né́cessaire d’avoir vu le premier Festen. L‘histoire se comprend aisé́ment sans la mé́moire du premier volet. »
Daniel Benoin
Lors d’une réunion de famille pour l’anniversaire du père, l’aîné des enfants porte un toast aux répercussions insolites. La famille tient un hôtel dans un grand manoir de la campagne danoise. Christian, l’aîné, a monté une affaire prospère en France. Le cadet, Michael, marié, deux enfants, est plus instable, il est resté turbulent. Hélène cherche sa vocation, actuellement dans l’anthropologie. Manque Linda, décédée dans des circonstances que l’on apprendra plus tard. L’anniversaire du père est célébré chaque année selon un rituel : un banquet entrecoupé de discours, le tout présidé par un maître de cérémonie. Cette année, la tradition sera quelque peu bousculée par un discours de Christian « Quand papa prenait son bain... » qui révèle à la famille un douloureux secret : le viol régulier par le père de deux de ses enfants. Cette confession, en forme de règlement de compte, va plonger la fête dans le tragique.
Daniel Benoin
La pièce la plus ratée que j'ai pu voir cette année... Le texte est affligeant (des "putains" et des "merde" toutes les 30 secondes). Le jeu des acteurs est médiocre (sauf Mélanie Doutey dont le charme fait oublier l’indigence du rôle). A éviter.
La pièce la plus ratée que j'ai pu voir cette année... Le texte est affligeant (des "putains" et des "merde" toutes les 30 secondes). Le jeu des acteurs est médiocre (sauf Mélanie Doutey dont le charme fait oublier l’indigence du rôle). A éviter.
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