L’importance d’être d’accord

« Un théâtre qui va au-devant de son public au lieu de courir après. »

L’œuvre n’a jamais été jouée en France. Elle fait partie, au même titre que La Décision, Celui qui dit oui, ou Le Vol des Lindberghs, de ce que Brecht nommait des « exercices didactiques » (en allemand, « lehrstücke »).

Après le colossal succès planétaire de L’Opéra de quat’sous, qu’il voyait reposer sur un malentendu, il décide, au tout début des années trente, d’inventer un théâtre autre que celui de la bourgeoisie. Il entend s’appuyer sur les enfants des écoles, les unions laïques, les associations de jeunes travailleurs et leurs chorales. Sur le modèle du théâtre jésuite, lequel en son temps permit d’aguerrir leurs élèves à la réflexion (Brecht n’a-t-il pas dit : « Je suis le dernier écrivain catholique » ?), il conçoit donc de courtes pièces maniables aux fins d’enseigner la dialectique à un public neuf, car « tout doit être changé ». Il s’agit d’œuvres à valeur d’éveil pour la conscience, à forte teneur morale, d’un type résolument inouï.

L’Importance d’être d’accord met en jeu, comme Le Vol des Lindberghs, une histoire d’aviateurs. Ils sont quatre, le pilote et trois mécaniciens. Ils se sont écrasés en traversant l’Atlantique. Se posent à eux les questions de la survie, de l’entraide, de la vanité de l’héroïsme en regard du prix du pain, de l’intelligence avec le monde… Il y a un chœur, pour affirmer toute vérité prosaïque au nom de tous…

Pierre Hoden, qui met en scène, entend respecter à la lettre l’esprit de Brecht, en travaillant avec une quinzaine d’acteurs non professionnels. La partition initiale de Paul Hindemith cède la place à une musique live composée par Jean Bardy. Jacques Rouveyrollis, maître de la lumière, éclaire le tout.