Perles fatales, chandeliers enchantés, cheval volant et miroirs trompeurs… En 1946, Jean Cocteau réalisait une adaptation enfiévrée et rêveuse d’un conte de fées, La Belle et la Bête, qu’il destinait « aux grandes personnes qui n’ont pas perdu leur enfance, à ceux qui croient que l’impossible est possible », et dont l’esthétique flamboyante devait à jamais marquer les écrans du monde. Derrière les puissances magiques de l’image et les somptueux décors de Christian Bérard se révèlent aussi en filigrane de troubles jeux de pouvoir, entre la femme et la bête, entre l’argent et l’amour… Après Orphée et avant Les Enfants terribles, Philip Glass s’est saisi du chef-d’œuvre de Cocteau pour créer sa propre fantasmagorie : un ciné-opéra, où, alors que le film est projeté, une bande-son de sa composition est jouée et chantée en direct. Un discret travail de titan, aussi minutieux qu’invisible : Glass chronométra chaque mot des dialogues par repérage électronique pour les placer mathématiquement dans la partition, avant de synchroniser musique et film… De quoi offrir à l’histoire éternelle une magie nouvelle, qui a permis à ce spectacle singulier d’être joué plus de 90 fois depuis sa création en 1994.
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris