Cette tragédie en 4 actes est une série de scènes de farces, de mélodrame et de scènes de guerre. Elle raconte un de ces moments où la vie quotidienne d’individus « sans histoire » est bouleversée de fond en comble par un événement dont ils ne comprennent ni la portée ni le sens. O’Casey met en scène les locataires d’un immeuble de Dublin pendant l’insurrection de Pâques 1916. Les petites histoires se mêlent à la grande Histoire.
Ecrite en 1926, La Charrue et les étoiles, malmenant les idées héroïques de l’insurrection, a rencontré les foudres du public et a condamné à l’exil celui que l’on considère aujourd’hui comme l’un des plus grands dramaturges irlandais de la première moitié du 20ème siècle.
Traduction Irène Bonnaud et Christophe Triau.
Un jeune couple, Nora et Jack Clitheroe, vient de s’installer dans le quartier pauvre d’une grande ville. Dans leur appartement modeste, ils hébergent une joyeuse bande de bras cassés : un vieil oncle, ancien combattant pétri de religion, un vague cousin, ouvrier du bâtiment à la phraséologie communiste, et un ivrogne du voisinage. Le pays est occupé par une armée étrangère.
Poussé par des rêves d’héroïsme et les discours enflammés des leaders nationalistes, Jack rejoint les rangs d’une organisation terroriste qui veut délivrer le pays de l’occupation étrangère et s’est choisi un drapeau qui, sous le signe de la Grande Ourse ou du chariot, symbolise le travail et l’utopie : « la charrue et les étoiles ».
La Charrue et les étoiles raconte un de ces moments où la vie quotidienne d’individus « sans histoire » est bouleversée de fond en comble par un événement dont ils ne comprennent ni la portée ni le sens. Un de ces moments où la politique fait violemment irruption dans la vie de tous, même de ceux qui juraient ne rien avoir à faire avec elle. O’Casey était lui-même membre de l’Armée Citoyenne Irlandaise, il a lui-même porté le drapeau de « la charrue et les étoiles », mais il est bien loin de délivrer un message de propagande pour son propre camp.
On a plutôt l’impression qu’il « appuie là où ça fait mal », mettant à vif les contradictions d’une politique qui avance sur des cadavres et s’allie aux pires valeurs réactionnaires : le nationalisme et le fanatisme religieux. C’est du théâtre politique, oui, mais pas du théâtre engagé, plutôt un théâtre qui prend la politique comme matériau et en réouvre les plaies sanglantes.
Irène Bonnaud
Place Jacques Brel 78505 Sartrouville