La Rimb

Paris 6e
du 29 février au 21 avril 2012

La Rimb

Vitalie Rimbaud, la mère du poète Arthur Rimbaud, se parle à elle-même. Avec amour et tyrannie, elle revient sur sa relation à son fils. Un texte magnifique, une actrice d’exception.

La Rimb de Xavier Grall est à l’origine une pièce radiophonique, un soliloque de Vitalie Rimbaud - la mère du poète Arthur Rimbaud, surnommée « la Rimb » par son fils. Propriétaire terrienne, veuve, seule dans sa ferme des Ardennes autour de l’an 1900, elle revient sur sa relation à Arthur, mort depuis quelques années. Elle clame que le « vrai » Rimbaud n’est pas le « poète maudit » idolâtré par les littérateurs parisiens, mais celui qui, revenu de ses errements poétiques et adolescents, s’est enrichi en Afrique et a retrouvé la religion. Taraudée par le doute, questionnant l’effet de sa rigidité sur le destin d’Arthur, elle veut cependant, jusque dans la tombe, protéger une mémoire selon elle plus « respectable » de son fils.

  • Note d’intention

La Rimb fait une sorte d’O.P.A. sur la mémoire de son fils - Offre Publique d’Amour... L’évocation des « deux Rimbaud » s’incarne dans cette pièce à travers l’ambivalence de la parole de la Rimb - aimante et tyrannique... En deçà du personnage rigide, rancunier, voué à son devoir et à la norme sociale, on discerne une femme aimante, passionnée, accessible au doute, que la vie a endurcie. C’est notamment cette dualité inhérente au personnage que nous souhaitons approfondir.

Rapidement quittée par son mari, Vitalie doit diriger seule sa famille et sa ferme à une époque de grand machisme - ce qui peut expliquer la dureté de son caractère. Le texte de Grall en dit ainsi beaucoup sur la condition des femmes, et trouve des échos dans leur difficulté actuelle à concilier vies personnelle, amoureuse, maternelle et professionnelle.

Refoulant ses illusions de jeunesse, elle a voulu s’identifier à une « figure » de propriétaire respectable et pratiquante, dont tous les espoirs ont reposé sur Arthur. On peut soupçonner que cette folie vengeresse ait pu inciter Rimbaud à la révolte poétique, mais aussi anticipé sa mort symbolique - l’arrêt de l’écriture - puis sa mort réelle - à travers la fuite dans le travail au détriment de sa santé. Défendant la mémoire du marchand et du chrétien, La Rimb doit ici affronter et dépasser la culpabilité d’avoir provoqué le destin tragique de son fils. Il fallait que la poète meurt, et donc Arthur, pour que les valeurs de la famille soient préservées...

Il n’est pas question pour nous de faire un spectacle « historique ». Au-delà de l’existence réelle de Rimbaud et de sa mère, de toute la rigueur historique exigible, c’est la problématique de leur relation telle qu’elle est relatée par Grall qui attire notre attention. Cette relation traverse des réalités toujours actuelles, inactuelles, archaïques : la relation mère/fils, la condition de la femme, la guerre, l’impact de l’inconscient maternel sur le destin du fils, en l’occurrence poète, la place du poète et de la poésie dans la société...

(...) Il faut qu’elle enterre « le poète » honorablement et très chrétiennement - au prix de la mort de son fils - pour qu’elle puisse se réconcilier avec lui
et avec «sa» mémoire. Ultime sacrifice.

  • Note de scénographie

On découvre un espace tout d'abord dans la pénombre... Une voix se fait entendre. Une lumière très sombre vient petit à petit révéler les contours d'une présence assise sur un fauteuil rouge au fond du plateau... De la fumée longe sa silhouette en contre jour. Elle est de face. Puis lentement, au rythme de sa parole, une lumière venant du plafond, se met à tourner doucement autour d'elle. On aperçoit alors une femme recroquevillée dans son fauteuil, vêtue d’une robe de nuit et d’un vieux manteau, une bassine à ses pieds, elle se lave le visage, les pieds, le corps. L'eau ne cesse de déborder.

Tel une litanie, le texte est rythmé par une incessante sciatique traduite par de micros événements lumineux et sonores. Au fur et à mesure, des percés lumineuses se mettent à grignoter l'espace, des tremblements se font entendre, un lustre effectue une irrémédiable descente vers l'eau. Au travers d'une vapeur épaisse, on découvre que l'eau s'est maintenant colorée d'un rouge sang, des jeux de reflet révèlent une multitude de détails flottant à la surface du grand bassin. Elle est maintenant prête...

Jean-Noël Dahan

  • La presse en parle

« Jean-Noël Dahan a parfaitement réussi le passage du texte de Xavier Grall des ondes à la scène, et s’il reste quelques scories du didactisme inhérent au genre radiophonique, Martine Vandeville sait les atténuer. Elle a trouvé la virulence juste pour éviter la caricature. » Froggy's Delight

« Remarquable, Martine Vandeville, dans la composition de Vitalie Rimbaud. (...) Inquiétant, à la voix tonitruante, le personnage impressionne et capte d'emblée l'attention du spectacteur. » Fous de théâtre

« La réalisation de La Rimb, une partition théâtrale faite pour être jouée, vue et entendue au Paradis et au-delà. » Theatrothèque

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Spectacle terminé depuis le samedi 21 avril 2012

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