La Tour de la Défense

du 16 au 22 décembre 2006

La Tour de la Défense

L’histoire se passe le 31 décembre 1977. Un couple d’homosexuels blasés, une jeune mère meurtrière, un travelo mythomane et Ahmed, beau comme Dieu lui-même, sont tassés dans un appartement moderne, au treizième étage d’une Tour de la Défense, en attendant la nouvelle année. Une version loufoque de l’apocalypse, avec dégustation de serpent farci au rat, crash d’hélicoptère et incendie généralisé.
  • Un nouvel an version Copi

L’histoire se passe le 31 décembre 1977. Un couple d’homosexuels blasés, une jeune mère meurtrière, un travelo mythomane et Ahmed, beau comme Dieu lui-même, sont tassés dans un appartement moderne, au treizième étage d’une Tour de la Défense, en attendant la nouvelle année. Une version loufoque de l’apocalypse, avec dégustation de serpent farci au rat, crash d’hélicoptère et incendie généralisé.

Les textes de Copi sont publiés chez Christian Bourgois Editeur.

"Le jour de l’an est une ordure !" Antonio Mafra, Le Progrès

  • Ou comment les gens s’insultent et se tuent par amour

La Tour de la Défense ou comment les gens s’insultent, se font mal, s’insultent, et se tuent par amour. Comment s’organise-t-on pour vivre ensemble ? Avec le désir, qui se niche partout, central, majeur (comme chez Racine…) l’égoïsme du désir, la brûlure.

Certes chez Copi on mange du serpent farci au rat le soir du réveillon, mais on tue son bébé pour vivre sa passion tranquille. Comme dans les journaux. Comme dans la vie : la Vraie Vie. Car il s’agit bien de ça ici, il n’est pas question de marginalité. Deux homosexuels, un travelo, un arabe, une femme amoureuse et un américain, comme dans la vie normale, comme dans la vraie tour de la défense ! Non ?

Alors on tourne autour de la tendresse de coeur, la douceur difficile, de l’âpreté. De L’inertie aussi - pas l’ennui : jamais ; horreur, honte mais l’inertie petite bourgeoise, terrassante. Bien trop pudique et déconneur pour parler du (non) sens de l’existence, Copi fait mine se repaître dans sa superficialité, comme la Mrs Dalloway de Virginia Woolf, pour qui « ses robes comptent beaucoup plus que les arméniens », même si on finit par se jeter dans la tour de la défense en flamme. Et mine de rien Copi élargit la cervelle, lui souffle de l’air dedans à l’aide d’une petite paille dans le crâne. Il s’amuse avec ses modèles, connus, figés, opposés, le théâtre de boulevard ou la tragédie antique. Il les dépèce, les écorche pour nous en faire voir les nerfs, le sang…la violence… urbaine… intime… moderne… Il paraîtrait que « le diable est dans le salon »… ah oui Ibsen, pourquoi pas ? … mais la scatologie du théâtre de foire aussi alors ! Du théâtre de divertissement, surtout, par pitié ! … et puis hop on est ailleurs. Plus loin, plus libre, tenu par la main d’un garçon autonome, singulier, un poète.

Alors on sauve des mouettes égarées et on laisse crever la voisine sur le canapé : il faut bien lui trouver du caviar (pas pour la voisine, pour la mouette idiote) ! Il faut rigoler pendant que la mort creuse son sillon. Il n’est apparemment pas question de dégager de propos, de message, dans le théâtre de Copi, et pourtant de la liberté, la dinguerie de l’imaginaire, de l’enfance préservée à tout prix naît une réelle dissidence.

En notre temps d’absorption de toutes les marges et de toutes les révoltes possibles ; ou la provocation devient ornementale et la rébellion dérisoire, je me demande si ce n’est pas en accompagnant ce poète de l’hystérie absurde et du désespoir boudiné dans sa robe à paillettes que finalement on pourrait faire un théâtre insolent et arrogant. Un théâtre d’enfant pas sage.

Emmanuel Daumas

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Spectacle terminé depuis le vendredi 22 décembre 2006

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