Ionesco s’est bien inspiré du manuel de Chérel L’anglais sans peine qui mettait en scène des anglais typiques dans un quotidien dérisoire pour créer M. et Mme Smith, M. et Mme Martin, Mary la bonne et le capitaine des pompiers devenus, sous sa plume délirante, les héros absurdes, pathétiques et surréalistes d’un dérèglement tous azimuts !
Transgression des lois du verbe ? Transgression du sens tout simplement ? Et de notre outil même : le langage. C’est pourquoi cette première pièce de Ionesco, créée en 1950 aux Noctambules, se joue encore à La Huchette et sans interruption. Elle ne peut pas vieillir. Elle s’adapte miraculeusement à notre époque.
Daniel Benoin l’a mise en scène en 1976, vingt-six ans après sa création et il la remet en scène aujourd’hui, trente ans plus tard, en 2008. Car dans ce théâtre de l’absurde les mots sont tellement vivants et donc évolutifs, qu’ils seraient presque devenus, selon lui, "un modèle pour notre monde contemporain où pseudo-langages, faux-sujets, oppositions factices et ennui profond sont les marques du fonctionnement de ceux qui ont le pouvoir aujourd’hui..."
Ainsi, transgression en boucle... ? Et s’il s’agissait, tout simplement, de l’insolente liberté de l’art ? Car de transgression à "Liberté" il n’y a qu’un pas ! "Liberté" : ce sera le mot phare de notre nouvelle saison !
Représentations surtitrées en français pour les publics sourds et malentendants les 30/05, 1/06, 3/06 et 7/06/2008.
106, rue Brancion 75015 Paris