Présentation
Le contexte
Notes de mise en scène
Dorra est bosniaque. Elle ne veut pas parler. Kate est américaine et a beaucoup à dire. Psychologue venue de Boston d’abord pour soutenir les équipes de fouilleurs de charniers, elle travaille maintenant auprès des femmes victimes des viols perpétrés dans le cadre de la guerre. En intellectuelle, elle essaie de comprendre les violences interethniques par le biais de la psychanalyse. Face à face difficile entre ces deux femmes marquées par la guerre. La question est de savoir pourquoi - et comment - continuer à vivre.
Milieu des années 90. La guerre en Bosnie n'est pas tout à fait terminée. Le monde occidental découvre l’horreur : les massacres interethniques avec leur lot de charniers – certains parleront même de génocide – et aussi, fait terrifiant, l’utilisation du viol comme arme de guerre. La pièce, écrite en 1996, s'inspire du drame bosniaque. L'auteur a utilisé, par moments, de vrais témoignages car "lorsqu'il s'agit de l'horreur la réalité dépasse l'imagination".
Matéi Visniec a choisi d'écrire une pièce sur la guerre. La guerre de Bosnie. Une de ces guerres contemporaines aussi proches qu'inquiétantes.
La guerre, c'est l'horreur. Visniec nous le dit dans un texte sans frioritures où la simplicité du verbe fait résonner la violence du propos. Une note de l'auteur à la fin de l'édition chez Actes Sud-Papiers précise qu'il a "utilisé quelques vrais témoignages [...] car lorsqu'il s'agit de l'horreur la réalité dépasse l'imagination". Et la réalité de cette guerre-là n'est pas jolie : plus de deux millions de réfugiés ou déplacés, 200 000 morts, au moins 20 000 femmes victimes d'une nouvelle arme de guerre redoutable – le viol utilisé de façon systématique.
J'ai eu envie de monter La Femme comme Champ de Bataille pour partager la grande claque dans la figure que je reçois à chaque lecture de ce texte. Il y a bien sûr la rencontre tumultueuse entre deux femmes. Mais la pièce de Matéi Visniec va au-delà de l'anecdote.
Car l'écriture n'est pas habituelle au genre : les personnages ont du mal à en arriver au dialogue, et les soliloques deviennent thèses, pamphlets,
auto-analyses, litanies... Ainsi, Dorra et Kate sont plus que les simples protagonistes d'une action dramatique : elles se font la voix de leurs compatriotes et, plus largement, de l'Histoire.
J'ai tenté de retranscrire sur la scène ces plusieurs niveaux d'écriture en laissant pleinement agir les mots – jusque dans l'humour qu'ils contiennent parfois. J'ai envisagé les comédiennes, la scénographie, la musique, la lumière, comme un moyen de créer des images au service de ces mots, pour mieux en extraire leur force.
Catherine Richon
26-28, rue de Meaux 75019 Paris