La fin de leur monde est une adaptation tirée de l’oeuvre de Rodrigo Garcia. L’auteur nous renvoie à nos actes de consommation, au cynisme de la mondialisation avec en fil rouge cette citation du philosophe indien Jiddu Krishnamurti : « Ça n’est pas un gage de bonne santé, que d’être bien intégré dans une société profondément malade ». Le théâtre se doit d’être subversif, Rodrigo Garcia l’est, en exploitant les paradoxes et l’humour.
Trois comédiens en costume cravate, alignés face public avec un plateau épuré, adressent leur texte, Maya l’Abeille attend son tour tapis dans l’ombre. L’auteur nous fait part de sa révolte….. Un langage cru, direct, ironique, corrosif. L’évolution de la pièce a pour toile de fond la dégradation du plateau, jusqu’à la tonte finale d’un être humain dénudé au milieud’un sol jonché de détritus. Peut-être un « dommage collatéral de la guerre économique », comme ils disent ? L’évolution du plateau est à l’image de la dégradation de l’environnement depuis la révolution industrielle, avec comme leitmotiv le profit à tout prix et la réussite sociale ! Mais qu’est-ce que réussir sa vie ?
Après avoir pointé les travers de ce monde, ce travail nous invite à réagir avant que la planète, comme dans la pièce, ne décide elle-même de faire le ménage, en faisant un tour complet sur son axe, mais en sens inverse ! Comme nous le fait remarquer Pierre Bourdieu : « nous sommes envahis par des divertissements qui laissent nos structures mentales intactes, qui ne nous entraînent pas à penser différemment ! » Voici justement une invitation à changer nos comportements, et avant tout dans notre manière d’envisager l’avenir !
Par H2O Compagnie.
Chaque texte se suffit à lui-même et je trouve intéressant de passer de l’un à l’autre dans la pièce, comme on change de trottoir dans la vie, juste en traversant la rue. Il est primordial dans ce travail de balader le spectateur d’un texte à l’autre, d’un univers à l’autre et d’une action à l’autre, de manière spontanée. La mise en scène permet à cette suite de textes, une continuité logique et un rapport intime entre eux.
Il est hors de question de faire la morale au spectateur, un but : l’interpeller, le questionner, lui ouvrir l’esprit, l’informer. Dans cette optique, les textes lui sont directement adressés. Quel doit être le parcours du plateau pour rendre compte de l’évolution du monde depuis une centaine d’années ? Un plateau vide sans décors au début et une montée en puissance du désordre présent sur la scène tout le long du spectacle, jusqu’au chaos final qui inclut l’odorat ! Quelle est la place du comédien dans cette évolution en termes de tenue des corps et de prise de parole ? Quelle est la place de la vidéo ? Elle permet de créer des paradoxes avec le plateau, elle permet de voyager d’un univers à l’autre, elle questionne ! La vidéo est la prolongation même du plateau et inversement.
La fin de leur monde est un travail de l’ordre vers le désordre, de la rigidité des corps vers le lâché prise, du propre vers le sale, de l’espoir vers la déconvenue, de l’ascendance vers la décadence, de la vie vers la mort.
37, rue Volta 75003 Paris