La mère

Ne craignez pas la mort, craignez davantage la vie insuffisante !

Pélagie Vlassova, une femme russe issue du peuple, d’abord hostile au militantisme communiste de son fils, se range peu à peu à ses côtés. Après la mort violente de ce dernier, son action révolutionnaire ira croissante… Un chemin de vie peu ordinaire, puisque c’est du fils que le savoir est transmis à la mère…

Yves Beaunesne, un compagnon de route de La Scène Watteau depuis déjà plusieurs années, dirige La Manufacture, Haute école de théâtre de Suisse Romande, à Lausanne. Il a demandé à Jean-Louis Benoît, directeur du Théâtre National de Marseille, de monter avec la promotion sortante cette oeuvre peu jouée de Brecht.

Le metteur en scène sera fidèle aux indications scéniques de l’auteur qui recommandait que cette pièce soit montée avec légèreté. Le travail de choeur sera prépondérant. Les seize comédiennes et comédiens, avant de répéter les dialogues, ont commencé par travailler sur les chants écrits par Hans Eisler pour la création en 1932 à Berlin. Ils seront accompagnés lors des représentations par un pianiste.

Bertolt Brecht adapta très librement le roman de Gorki La mère et monta, avec Hélène Weigel et la troupe qu’il avait constituée, sa pièce dont les représentations furent à plusieurs reprises interrompues par la police et bientôt réduites à une simple lecture... Un an plus tard, en raison de la montée du nazisme, l’écrivain prenait le chemin de l’exil.

Dans sa pièce, en expérimentant ce qu’il appelait la distanciation (les acteurs jouent les personnages mais de façon parfois démonstrative, ou “en sortent” pour nous empêcher toute identification avec eux et nous obliger à aiguiser notre sens critique), Brecht en appelle à la raison plus qu’au sentiment. Il retrouve une des fonctions épiques du théâtre qui est de provoquer le spectateur, d’en faire un citoyen capable d’analyser la réalité sociale et politique autour de lui. Comme toujours chez Brecht, musiques et chansons, très présentes ici, servent de fortes ponctuations au récit.