Après un long silence dû à la maladie, Marguerite Duras publie en 1990 La pluie d’été, roman étonnant d’humour et de lumière, où elle raconte l’histoire d’une famille de Vitry-sur-Seine. Des parents immigrés et leur sept enfants : Ernesto, Jeanne, les brothers et les sisters. Un jour, Ernesto réalise qu’il sait lire alors qu’il n’a jamais appris. Il décide alors de ne plus aller en classe puisque « à l’école, on m’apprend des choses que je sais pas. »
À force de comprendre sans apprendre, le petit garçon sait beaucoup : la physique, les mathématiques, la philosophie… Mais il sait aussi que le monde, « ce n’est pas la peine ». Il croit bien en quelque chose, mais il ne peut pas le nommer. Qu’importe : sa soeur Jeanne croit en Ernesto, ses parents croient en leurs enfants, les brothers et les sisters croient en leur jeu. Même si cela ne convient guère à ceux qui les entourent. Ainsi Monsieur l’Instituteur est-il fort perplexe…
Devant ce miracle d’écriture, aussi troublant que le regard d’un enfant, les acteurs du « Club de la vie inimitable » avancent d’abord sur la pointe des pieds, se passant le livre, s’échangeant les rôles, comme s’ils n’en savaient pas plus que nous, spectateurs… Et peu à peu le théâtre a lieu, et c’est d’une délicatesse rare, tant dans le sourire que dans l’énigme. Un vrai moment de grâce.
Comédien, Lucas Bonnifait a été formé aux Conservatoires des Xème et XVIème arrondissements de Paris. Il joue au théâtre sous la direction de Pipo Delbono, Christophe Lemaître, David Ayala, Candy Chevalier et dans sa propre mise en scène (en collaboration avec Natalie Beder) de 20 ans et alors ! Comment faut-il se rebeller ou faut-il encore se rebeller ? de Don Duyns, ainsi que dans la série théâtrale Cabaret Martyr. Il fonde en 2008 avec quatre autres acteurs la compagnie « Le Club de la vie inimitable » et codirige avec Alice Vivier le Théâtre La Loge, dans le XIème arrondissement.
Adaptation de Lucas Bonnifait.
On connaît L’Avare : le vieil Harpagon et sa phobie de la dépense, son refus délirant de transmettre son avoir à ses enfants, leur retirant du coup toute possibilité de s’émanciper, de se construire ailleurs en adultes. Notre Avare, ce sont les mots même de Molière, mais comme recomposés des années plus tard : Élise, Cléante, Valère et Marianne ont maintenant la quarantaine et se retrouvent à l’occasion d’un anniversaire (auquel sont conviés les spectateurs). On se retrouve, on boit, on danse, on se lance des piques, on évoque les souvenirs d’antan, et peu à peu, le fantôme d’Harpagon envahit la fête et les esprits. Il a beau être mort depuis longtemps, il est là, il les hante...
De souvenirs en évocations, de rigolades en psychodrames, les quatre « héritiers » font revivre ce père (ou beau-père) tyrannique jusqu’à le rejouer devant les autres - quitte à découvrir qu’ils n’ont pas toujours les mêmes points de vue (la mémoire est une grande bricoleuse !) ; et surtout, qu’ils sont tous marqués à vie, blessés au plus profond d’eux-mêmes par la violence mortifère d’Harpagon…
Sans autre décor que les mots écrits au scalpel par le génial Molière, sans autre expédient que le plaisir du jeu épique au plus près du spectateur, Jean Boillot et son quatuor d’interprètes survoltés vous invitent à fêter en famille a contrario les vertus de l’héritage et de la transmission. Et ça déménage !
Formé comme comédien à l’Academy of Music and Dramatic Art de Londres puis au CNSAD de Paris, Jean Boillot étudie la mise en scène à l’INSAS de Bruxelles et auprès de Lev Dodine et Manfred Karge. Il fonde en 1995 sa compagnie « La Spirale », associée au TGP de Saint-Denis puis à la Scène nationale de Poitiers. Il dirige depuis janvier 2010 le NEST, CDN de Thionville-Lorraine. Il a déjà présenté à l’Aquarium en mai 2010 Le sang des amis de Marie Piemme.
Adaptation de Jean Boillot.
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
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