La répétition des erreurs

du 18 mars au 17 avril 2005

La répétition des erreurs

D’après La Comédie des erreurs, farce de William Shakespeare. Imbroglios de couples de jumeaux, de maîtres, de valets et de familles dispersées lors d’un naufrage, déluge originel, la comédie agitée confine sans cesse aux lisières de la folie. En contrepoint, Marc Feld injecte La Raison de Pascal Quignard, qui évoque les recherches d’un philosophe errant dans la Rome antique, interrogeant le trafic d’influence de la lucidité sur toute action humaine.

Jeux de miroirs
Qui est qui ?
Une comédie au tragique intégré

Crissement de larsen, la costumière s’affole. Le metteur en scène relit ses notes, la traduction est presque finie, le spectacle pratiquement « au point ». Le rythme de la répétition ultime s’emballe, comme celui de la première farce de Shakespeare, La Comédie des erreurs.

Imbroglios de couples de jumeaux, de maîtres, de valets et de familles dispersées lors d’un naufrage, déluge originel, la comédie agitée confine sans cesse aux lisières de la folie. Le grand Will y dépeint les mésaventures du marchand Egeon, aidé de son fils Antipholus et du valet de celui-ci Dromio, à la recherche de son deuxième garçon, qui se prénomme également Antipholus, et qu’accompagne un valet du même nom de Dromio. De quoi devenir fou.

Claude Duneton adapte l’œuvre pour des tréteaux presque forains ; spectacle en chantier avec retournements, coups de théâtre, jeux de miroirs et mises en abîme perpétuelles, quiproquos enfilés en poupées gigognes et dérapages peu contrôlables.

Marc Feld, avec la précision chirurgicale d’un horloger, organise la débâcle vaudevillesque et shakespearienne, dans laquelle il injecte La Raison, texte de Pascal Quignard, qui intervient « en contrepoint, en contre-chant ». L’écrivain contemporain évoque les recherches d’un philosophe errant dans la Rome antique, interrogeant le trafic d’influence de la lucidité sur toute action humaine. « Nul n’est bon volontairement », conclut-il. Ses questionnements acculeront l’homme à se trancher la gorge, armé d’un miroir. Dans les décors de Jean-Marc Stehlé, alliant ruines mouvantes et projections d’actuels ports méditerranéens, les catastrophes émaillent le déroulement de la fausse répétition.

La folie gagne le plateau comme les esprits, et les temps s’entrechoquent. De la farce élisabéthaine à l’essai de Quignard, les échos se répercutent et se répondent, telles des toiles de maîtres du XVIe et d’aujourd’hui présentées dans une même exposition.

Pierre Notte

"Nos vies sont sujettes à d’étranges tyrannies qui sont des erreurs. Il est curieux de noter que des livres que j’ai écrits ont connu le succès en déterrant de vieux fantômes morts inconnus qui portaient en eux plus d’avenir que des vivants." Pascal Quignard

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La Répétition des erreurs est un spectacle bâti autour de deux textes : La Comédie des erreurs de William Shakespeare et La Raison de Pascal Quignard.

C’est également un projet où se rencontre plusieurs écritures et matériaux scénographiques : l’adaptation, et le texte français de Claude Duneton, la scénographie de Jean Marc Stelhé, la musique de Richard Axon, les images tournées par Jean-Jacques Nguyen, la lumière de Denis Monmarché ; autant de strates qui composent dans une polyphonie orchestrée la Répétition des erreurs.

La pièce de Shakespeare est une comédie, sorte de vaudeville élisabéthain écrit au dix- septième siècle, mettant en présence quatre jumeaux, comédie faite de quiproquos, de surprises, de coups de théâtre… Qui est qui ?

Le texte de Pascal Quignard est un récit littéraire écrit à la fin du vingtième siècle, traitant de la raison et de la rationalité, qui retrace la vie tragique d’un philosophe errant de la Rome antique : Porcius Latron.

En mêlant ces deux textes j’ai le désir d’inventer un spectacle qui trouve son chemin à travers différentes formes de théâtre, différents niveaux de paroles et de jeux. Je voudrais que le plateau soit un lieu ouvert, un passage où le jeu des acteurs, la scénographie, la mise en scène, explore la temporalité, mettent en résonance deux paroles apparemment étrangères l’une à l’autre. Je voudrais prendre la pièce de Shakespeare « aux mots », la traiter au premier degré.

Pour moi la Comédie des erreurs est avant tout une pièce sur l’identité et toutes les situations apparemment comiques de la pièce mettent en jeu, parfois de manière douloureuse ce qui fait de nous des êtres raisonnables. Le bon sens, celui des acteurs, des personnages et des spectateurs, est sans arrêt attaqué de toutes parts, et peu à peu la folie envahit le plateau. C’est une des choses que j’aimerais explorer dans ce travail, à la fois sur le plan comique et dramatique : comment jouer la folie, voir à quel moment celle-ci peut faire basculer notre vision du monde, comment inscrire cet état dans la voix, le corps, le déplacement des acteurs en jeu.

En contrepoint le texte de Pascal Quignard suspend l’action et la fait entrer dans un autre espace, une autre résonance plus méditative, une sorte de hors champ du langage et du drame. Avec Claude Duneton, nous avons découpé le texte, de telle sorte qu’il soit présent par séquences tout au long du spectacle. Nous faisons dire la Raison à Egéon (joué par Jacques Denis) le père des jumeaux Anthipholus. Condamné à mort dans la première scène de la Comédie des erreurs, le personnage ne faisait sa réapparition qu’à la fin de la pièce. Ici, il traverse la représentation en disant le texte de Pascal Quignard accompagné de son geôlier violoniste. Il interroge par ses passages et sa parole notre fragile lucidité, face au réel et à ses apparences.

Parallèlement à la mise en jeu de ces deux textes, je voudrais donner à voir le théâtre en train de se fabriquer ou du moins jouer avec cette notion tout en lui gardant sa part de mystère et de rêve : évolution des costumes et habillage des acteurs au cours de la représentation, présence de techniciens et de l’habilleuse sur le plateau, changement de décors à vue…

En travaillant à la conception avec Claude Duneton, nous avons inventé un personnage, celui d’un vrai-faux metteur en scène (joué par Bernard Menez), qui est le chef d’orchestre de cette répétition théâtralisée et qui tente tant bien que mal de mener le spectacle à son terme, malgré les accidents du parcours : incidents techniques en tous genres, trous de mémoire, costumes qui ont brûlé… Autant d’évènements qui précipitent acteurs, spectateurs, personnages, doubles, aux frontières déroutantes du vrai et du faux.

Jean-Marc Stehlé a inventé un décor et une scénographie désarticulés, sans cesse en mouvement, qui jouent sur le passage du temps où les apparences sont trompeuses. L’action se déroule à Ephèse une ville portuaire de l’Antiquité ; des docks côtoient de vrais-fausses ruines antiques et « en toc » manipulables par les techniciens et les acteurs qui s’écroulent, se transforment et se reconstruisent soudainement. Elles créent des passages, des circulations, des lieux différents ; elles permettent de varier les espaces en fonction des actions du spectacle.

A l’intérieur de ce dispositif, des images filmées sont projetées (ports contemporains, cargos, paquebots, chantier naval, hommes au travail) elles se transforment par moment en gravures anciennes de vieux navires, en villes portuaires d’un autre temps. Elles viennent perturber encore notre rapport au réel, rencontrer le corps des acteurs et ébranler ainsi notre imaginaire. La musique de Richard Axon résonne sur le plateau comme une présence sonore hors du langage, elle tisse des liens l’instant de la représentation, entre les textes et les temps éclatés du spectacle.

Par le travail sur la lumière, l’ensemble de ces matériaux est réuni dans une unité artificielle du temps inscrit dans la pièce de Shakespeare : l’action se déroule sur une journée, du lever au coucher du jour.

Avec cet objet théâtral « curieux », j’ai le souhait de faire un voyage à travers le temps, la langue et le style, interrogeant (si ce mot a encore un sens, mais prenons ce risque) les enjeux d’une modernité.

Marc Feld

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… Elle évolue dans un monde qui se défait, qui rate son coup, qui s’inonde de solitude, mais joyeusement, en vaudeville, dans le rire, les éclats de la farce qui anime perpétuellement le monde… Un monde qui s’écroule dans ses illusions, trébuche sur ses imperfections, sur sa quête d’identité, se roule dans sa philosophie et tente finalement de rassembler des images incohérentes à la lumière de sa raison misérable.

Le spectacle voyage, il mêle deux textes d’époque et de styles différents, il fait face aux anachronismes et à la confusion des genres. Il donne l’assaut à des moulins à vent.

Il est bâti sur des ruines toutes neuves, « des balbutiements de ce qui à été », en même temps que la vie qui pousse, qui fait « la matière de nos rêves » ; Céline a dit : «  point d’art possible sans danse avec la mort ».

Claude Duneton

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Sélection d’avis du public

RE: La répétition des erreurs Le 27 mars 2005 à 19h50

J'ai pas vue ....mais j'ai vue la sorti des artistes ....et j'ai vu vendredi soir un homme brun ! ...en haut des marches du troca ...donc mon cher inconnu ...nous nous sommes regardé ..si intensement que je ne t'oublie plus...

La répétition des erreurs Le 21 mars 2005 à 19h54

jJe n'ai rien compris du tout à cette pièce peut être ne suis je pas la seule

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RE: La répétition des erreurs Le 27 mars 2005 à 19h50

J'ai pas vue ....mais j'ai vue la sorti des artistes ....et j'ai vu vendredi soir un homme brun ! ...en haut des marches du troca ...donc mon cher inconnu ...nous nous sommes regardé ..si intensement que je ne t'oublie plus...

La répétition des erreurs Le 21 mars 2005 à 19h54

jJe n'ai rien compris du tout à cette pièce peut être ne suis je pas la seule

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Spectacle terminé depuis le dimanche 17 avril 2005

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