La Tragédie du roi Christophe pièce s’ouvre sur un combat de coqs, réjouissance populaire haïtienne.
Puisque les politiciens se querellent comme des coqs, le peuple s’amuse à les personnifier, l’un représente Alexandre Pétion, l’autre Henri Christophe. En 1806, ces deux hommes se disputent la succession du régime tyrannique de Dessalines. Christophe l’emporte.
Le Sénat lui propose le titre de Président de la République et lui tend la nouvelle constitution. Christophe, qui juge le pouvoir présidentiel vidé de sa substance, le repousse et fonde un royaume au nord du pays. Pour redonner à Haïti sa dignité, ne vaut-il mieux pas qu’un seul homme incarne le pouvoir, gage absolu de sa stabilité, de sa fermeté et de son amour du peuple ?
L’idée séduit et une cour se constitue aussitôt autour du nouveau roi. On verra comment l’homme qui a fait chuter le dictateur, une fois au pouvoir, commet des actes intransigeants. Fable politique, cette pièce se penche sur un passé qui regorge d’échos à notre présent. Comment ne pas reconnaitre, derrière ces hommes qui conservent les noms légués par leurs anciens despotes, les souffrances d’un monde encore malade ?
Césaire entrechoque dans un même souffle l’échec d’un roi et le devenir d’un pays, les contradictions d’un homme et l’élan lyrique d’une dignité retrouvée.
Avec le collectif burkinabé Béneeré et des figurants.
« Avec une troupe noire particulièrement inspirée par le rythme lancinant du texte et qu'il dirige de manière toute chorale, Christian Schiaretti a monté sans chichis cette fausse pièce où dialogues et situations n'existent pas vraiment, où compte surtout le souffle visionnaire. On entend superbement l'épopée, on se laisse emporter. Aimé Césaire est de nos immenses poètes. Il faut aller l'écouter. » Fabienne Pascaud, Télérama TT
« Césaire invente un théâtre total qui, à partir d'un personnage historique (...) convoque Shakespeare, Claudel, Péguy, pour délivrer un message politique et poétique, humaniste et métaphysique. (...) Schiaretti et sa troupe nous parlent d'abord de politique : de ce regard noir sur des Blancs qui cultivent l'amnésie, de l'utopie qui partout se fait la malle, du pouvoir qui se shoote à la folie. » Philippe Chevilley, Les Echos, 31 janvier 2017
« Le verbe de Césaire traverse le vaste plateau, habité par l’agitation, les combats politiques, les rêves et les ambitions de Christophe. La pièce a du souffle, la mise en scène en donne à voir la dimension humaine et historique et fait entendre la pensée du poète » Annie Chénieux, JDD, 30 janvier 2017
La Tragédie du roi Christophe est une œuvre complexe. Complexe, car elle se joue en même temps sur trois plans différents.
Le premier plan, le plus immédiat et le plus apparent, est le plan politique. Il s’agit là de l’opposition Christophe-Pétion, nègres-mulâtres, tyrannie-démocratie ; despotisme éclairé contre formalisme pseudo-démocratique. Le second plan est le plan humain. Tragédie, car il s’agit de la marche à la mort d’un homme ; marche à la mort à travers la solitude qui s’installe progressivement autour de lui ; et la distance qui peu à peu s’installe entre lui et son peuple. La troisième dimension est une dimension métaphysique. Il s’agit d’une méditation sur la nature du pouvoir et de la force. Christophe est l’incarnation de Shango, dieu violent, brutal tyrannique, mais aussi bienfaisant ; le dieu du tonnerre destructeur et en même temps de la pluie fécondante.
Mais la force n’est pas l’unique aspect de la réalité. La puissance tend à s’installer dans le sérieux, la puissance tend à statufier le monde dans l’immobilité. C’est pourquoi la vie qui est changement exige l’intervention de l’humour : l’humour qui est intelligence a pour fonction de prendre ses distances d’avec les choses, assurant ainsi le passage, la mobilité indispensable à la vie et rend sa fluidité au cours des choses. C’est à quoi pourvoit dans la pièce le personnage d’Hugonin.
Comme Christophe est Shango, Hugonin est Edshou, le dieu malin de Yorubas, celui que les ethnographes définissent comme un joueur de tours (a trickster). À côté du raide Shango, Hugonin, le personnage Protée, formant avec lui un couple indissociable. À côté de la puissance qui pèse de tout son poids, la fluidité et le changement. C’est pourquoi le moment de la Révolution qui est le moment opératoire du Temps, est le moment d’Hugonin.
La fin de la tragédie accuse la triple signification de la pièce : c’est d’un triple enterrement qu’il s’agit. Madame Christophe ensevelissant l’homme Christophe ; Vastey ensevelissant le Roi ; et la prêtresse vaudou, la mambo qui n’a cessé d’accompagner Christophe tout au long de son histoire, ensevelissant Christophe, le Dieu Shango qui reviendra hanter le monde monté sur les béliers du tonnerre.
Haïti est la première colonie noire à s’être battue pour son indépendance puis, une fois son indépendance conquise, à prendre le régime de république. Cela se passait à la fin du XVe siècle.
Actuellement, le peuple haïtien est l’un des peuples les plus malheureux, à cause de la situation que vous connaissez. J’ai été fasciné par Haïti, parce que c’est une sorte d’œil grossissant pour toutes les Antilles, et pour l’Afrique aussi, et en étudiant l’histoire d’Haïti, on pourrait avoir une idée de tous les problèmes du Tiers-Monde.
Je désire insister sur le fait que La tragédie du roi Christophe représente un épisode authentique de l’Histoire d’Haïti. En France, beaucoup de gens m’interrogent sur le roi et croient que c’est une histoire imaginaire. Il n’en est rien. Nous avons une documentation extrêmement détaillée sur le règne du roi Christophe, les ruines de la Citadelle qu’il a construite pour commémorer à tout jamais la libération d’Haïti existent encore.
La pièce respecte scrupuleusement l’histoire, les événements, au point que beaucoup de mots prononcés par Christophe sont historiques, parfois rapportés tels quels. C’est donc une pièce haïtienne, antillaise avant tout. J’ai même essayé de donner à la langue française cette couleur antillaise, à la fois dans le vocabulaire et la syntaxe.
Cette atmosphère authentique, on la retrouve aussi dans une certaine emphase, très caractéristique de la vie politique haïtienne. On me demande souvent : « Êtes-vous Christophien ou non ? ». La réponse n’est pas simple. Je suis choqué par toute une série d’attitudes du roi Christophe, par les moyens extrêmement brutaux, le côté despote du personnage qui ne peut avoir mon approbation. Mais le roi Christophe n’est pas un héros, c’est un homme, dans toute sa complexité, et c’est cela qui est dramatique, pathétique.
L’originalité de ma pièce, c’est de montrer l’aspect multiple des gens. Le roi Christophe est un esclave, et ses démarches sont maladroites, ridicules parfois, mais attendrissantes. Ces démarches, je les comprends. Et il y a surtout la tragédie de l’homme qui dit : « On nous vola nos noms ». Car, moi-même, mon nom, qu’a-t-il d’authentique par rapport à moi ?
Aimé Césaire
La Tragédie du roi Christophe, malgré les scènes de détente qui la parsèment, est une pièce extrêmement dure. Historiquement, elle retrace un épisode authentique de l’Histoire de Haïti, mais souvent, on a l’impression que, par-delà Haïti, c’est à l’Afrique moderne que le roi Christophe s’adresse. Que représente pour vous cette pièce ?
Tout d’abord, je désire insister sur le fait que la tragédie du roi Christophe représente un épisode authentique de l’histoire de Haïti. En France, beaucoup de gens m’interrogent sur le roi et croient que c’est une histoire imaginaire. Il n’en est rien. Nous avons une documentation extrêmement détaillée sur le règne du roi Christophe, les ruines de la citadelle qu’il a construite pour commémorer à tout jamais la libération de Haïti existent encore. La pièce respecte scrupuleusement l’histoire, les événements, au point que beaucoup de mots prononcés par Christophe sont historiques, parfois rapportés tels quels. C’est donc une pièce haïtienne, antillaise avant tout. J’ai même essayé de donner à la langue française cette couleur antillaise, à la fois dans le vocabulaire et la syntaxe. Cette atmosphère authentique, on la retrouve aussi dans une certaine emphase, très caractéristique de la vie politique haïtienne. Cela, pour mettre en garde contre les analogies trop rapides. Mais, il est clair que par-delà Haïti, le roi Christophe de ma pièce s’adresse à l’Afrique (indirectement, si vous voulez).
J’ai été frappé moi-même, et si j’ai choisi ce sujet, c’est pour cela, par l’intérêt que l’épisode du roi Christophe présente, et les analogies qui existent entre les problèmes qu’il eut à résoudre et ceux auxquels doivent faire face les pays sous-développés. Aucune analogie n’est totale, mais en fait le roi Christophe, c’est un peu l’homme d’État aux prises avec les problèmes de l’indépendance réalisée, quand il faut édifier l’État : c’est à ce moment là que se présentent les grands problèmes : liberté, démocratie ou autocratie, les relations entre le leader et le peuple, le grave problème du choix des idéologies, le problème de la différentiation en classes sociales de la population. Le roi Christophe est aux prises avec tout cela, et dramatiquement, il échoue, car il n’est pas préparé à cela… Il est un esclave révolté, un homme de sang et d’orgueil, mais malgré ses bonnes intentions, il échoue. Je ne cache pas, dans ma pièce, ses faiblesses ni ses ridicules, mais ne le condamne pas, car par-delà son ridicule, il y a l’amour qu’il porte à son peuple (je n’aime pas ce terme, mais il n’y en a pas d’autre), et l’orgueil collectif qu’il veut rendre à ses concitoyens humiliés par la colonisation. Son aventure est tragique : il s’isole, un fossé se creuse entre lui et la population, et il se retrouve seul.
Or, c’est là le problème de la condition de l’homme politique dans les pays sous-développés, et en Afrique particulièrement. Je n’ai pas voulu faire une pièce didactique, dont l’objet essentiel serait d’enseigner, … ce qui ne signifie pas non plus qu’on ne puisse pas en tirer la leçon. On me demande souvent : Êtes-vous christophien ou non ? La réponse n’est pas simple. Je suis choqué par toute une série d’attitudes du roi Christophe, qui a un côté nouveau riche, un côté Monsieur Jourdain. Et puis, par les moyens extrêmement brutaux, le côté despote du personnage qui ne peut avoir mon approbation. Mais le roi Christophe n’est pas un héros, c’est un homme, dans toute sa complexité, et c’est cela qui est dramatique, pathétique.
L’originalité de ma pièce, c’est de montrer l’aspect multiple des gens. On peut ne vouloir voir dans le roi Christophe que son ridicule, ces ducs de la Marmelade qu’il nomme à sa Cour, et dire : Eh bien, voyez les nègres ! Ce que j’ai voulu faire, c’est expliquer ces singeries humainement, et on s’aperçoit alors qu’il y a une démarche qui ne manque pas de pathétique ni de grandeur. En fin de compte, c’est ce côté pathétique, grand, qui émerge le plus. Le roi Christophe est un esclave, et ses démarches sont maladroites, ridicules parfois, mais attendrissantes. Ces démarches, je les comprends. Et il y a surtout la tragédie de l’homme qui dit : On nous vola nos noms. Car, moi-même, mon nom, qu’a-t-il d’authentique par rapport à moi ? Ce que j’ai voulu, c’est, par-delà le ridicule, retrouver et expliquer la démarche humaine. Car, il est très facile de se moquer des Haïtiens qui ont de drôles de noms, tous ces Toussaint, etc., mais il ne faut pas oublier que ces noms, ces sobriquets (Trou Bonbon, Tape-à-l’œil…) ce sont les Français qui les ont donnés aux Antillais.
Vous parlez du roi Christophe avec respect pour sa souffrance, mais avec amour aussi, bien qu’il soit le tyran. À ce sujet, un des personnages de votre pièce dit, et cela explique le drame du roi Christophe : L’histoire pour passer n’a parfois qu’une voie. Et tous l’empruntent… si bien que celles de la liberté et de l’esclavage se confondraient. Cette affirmation est très grave, à notre époque caractérisée par le mythe du chef. Voudriez-vous, pour éviter tout malentendu, nous expliquer plus en détail votre pensée ?
Le problème de la mystique du chef est en effet extrêmement grave. Lénine, c’est aussi le chef, si vous voulez. Mais il ne faut pas de malentendu : Christophe échoue ; et c’est parce qu’il a pris la mystique du chef, qu’il s’est isolé, qu’il n’a pas suffisamment tenu compte de son peuple, qu’il échoue. Parce qu’il ne manifeste pas de compréhension, comme dit un des personnages. Pourquoi alors la pièce est-elle un hymne à Christophe ? C’est parce que, malgré toutes ses erreurs, ses faiblesses, c’est un homme qui a voulu la grandeur de son peuple, qui a voulu réhabiliter sa race, parce qu’il était porté, dans ses actes, par une grandiose aspiration à la dignité.
C’est un homme très ambigu, mais très important en ce qu’il constitue une articulation historique : c’est un homme de transition. Je n’ai pas voulu simplifier, j’ai voulu montrer les choses dans leur ambiguïté. Lénine lui aussi, qui comprenait cet aspect ambigu des hommes, a parlé en termes élogieux de certains hommes de l’histoire qui étaient de grands féodaux, mais qui étaient aussi des libérateurs de leur peuple. En dehors du côté politique du roi Christophe, il y a le côté humain : c’est le problème de l’homme seul, de l’action, du tragique de la condition humaine.
Mais il y a aussi le côté religieux et métaphysique, qui ne ressort pas à la lecture de la pièce, mais que j’ai accusé à la représentation sur scène : il y a l’existence d’une lutte secrète. Remarquez le couple Christophe-Hugonin. Tout le monde y voit un côté shakespearien : roi et bouffon. Mais plus profondément, il faudrait partir d’un côté africain. Christophe, l’homme dur, est la représentation du Dieu Shango le grand Dieu du ciel de la mythologie du Dahomey, du Brésil et de Haïti. C’est le tonnerre, Dieu très violent, mais bienfaisant et rajeunisseur : il est l’orage, qui est violent, mais qui féconde la terre en apportant la pluie bienfaisante.
Extraordinairement, Shango est le seul Dieu de la mythologie qui se tue : il se pend. L’autre aspect des choses est représenté dans cette mythologie par un Dieu-clown, que les Anglais appellent trickster (qui joue des tours), incarné dans la pièce par le bouffon Hugonin. C’est un Dieu malin qui, sous son caractère ironique, représente l’autre aspect, complémentaire, des choses. C’est la lutte de l’esprit ironique contre l’esprit sérieux. Or, Christophe s’est suicidé, et Hugonin devient fou. Le bouffon qui devient fou, c’est cela la tragédie, aussi, dans son horreur.
Aimé Césaire, vous avez écrit, en introduction à votre pièce : Les pays coloniaux conquièrent leur indépendance, là est l’épopée. L’indépendance conquise, ici commence la tragédie. Voudriez-vous nous commenter cette pensée ?
Effectivement, la lutte pour l’indépendance est glorieuse, magnifique. Mais, je dirais que c’est relativement facile. Qu’on ne se méprenne pas sur ma pensée. La lutte pour l’indépendance coûte beaucoup de sang et de larmes, c’est un acte héroïque, mais c’est facile comparé aux problèmes qu’il faut résoudre, une fois l’indépendance conquise. La lutte est épique, mais avec du courage et de l’enthousiasme, c’est réalisable. C’est l’épopée.
Après l’indépendance, c’est la tragédie. Car, c’est à ce moment-là, et les gens devraient s’en rendre compte, que la lutte difficile commence, que la lutte pour la libération prend son sens. À ce moment-là, on lutte pour soi-même, il n’y a plus d’alibi possible, l’homme est aux prises avec lui-même. C’est là le côté le plus viril de la lutte, mais aussi le plus dur. Car l’esclave, à la limite, n’a pas de responsabilités : théoriquement, il se contente de faire le travail qu’on lui ordonne de faire, de manger et de dormir. Naturellement, il est bien plus difficile d’être un homme libre que d’être un esclave. Mais toute la dignité de l’homme vient de ce qu’il préfère la liberté difficile à l’esclavage et la soumission faciles. C’est de cela que les pays nouvellement indépendants doivent prendre conscience, c’est de cela que le roi Christophe a pris conscience… Ahmed Sékou Touré a très bien exprimé cela en répondant au général de Gaulle : Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage.
Aimé Césaire, votre œuvre, l’une des plus profondément originales du tiers monde et des temps modernes d’une manière générale, trouve son inspiration la plus puissante dans les racines les plus authentiques de Haïti et de sa culture, mais c’est en même temps une œuvre extrêmement difficile et élaborée du point de vue artistique. C’est l’un des points les plus délicats de l’art contemporain du tiers monde : l’art doit-il d’abord chercher à être accessible au grand public, ou bien l’artiste doit-il faire son travail en artiste, sans faire de concessions aux contingences de son époque ?
Votre question est extrêmement intéressante, et soulève un problème très important. Je vais essayer d’y répondre. Tout d’abord, bien que mon œuvre soit haïtienne, je suis Martiniquais, non Haïtien. Mais je suis Antillais surtout (les Antilles englobant Haïti, la Martinique...). Haïti m’a intéressé parce qu’elle a l’histoire la plus mouvementée, la plus passionnante, la plus glorieuse, la plus malheureuse aussi. Savez-vous que Haïti est la première colonie noire à s’être battue pour son indépendance puis, une fois son indépendance conquise, à prendre le régime de république ? Cela se passait à la fin du xviie siècle. Et pourtant, actuellement, le peuple haïtien est l’un des peuples les plus malheureux, à cause de la situation que vous connaissez. J’ai été fasciné par Haïti, parce que c’est une sorte d’œil grossissant pour toutes les Antilles, et pour l’Afrique aussi, et en étudiant l’histoire de Haïti, on pourrait avoir une idée de tous les problèmes du tiers monde. En ce qui concerne votre question sur l’œuvre difficile, c’est un problème esthétique extrêmement important. Difficile ? Vous dirais-je qu’à mon avis, cela n’est pas entièrement, totalement vrai ?
En ce qui concerne mon œuvre, en particulier mon recueil de poèmes Cahier d’un retour au pays natal, je dois vous dire que ce qui m’a toujours frappé, c’est que malgré leur caractère de prime abord ésotérique, mes lecteurs les plus compréhensifs sont des gens du peuple. Il y a des milliers d’Africains qui connaissent par cœur de grands extraits du Cahier d’un retour au pays natal, et pourtant c’est une œuvre difficile. Les hommes de culture française, occidentale, sont ceux qui parlent le plus de la difficulté de mon œuvre. Cette œuvre rejoint, par ses démarches, les démarches de la pensée dite primitive. Des gens disent : c’est du surréalisme. Mais alors, beaucoup de paysans africains font du surréalisme sans le savoir, car la pensée africaine n’est pas analytique, sa démarche est synthétique, analogique et métaphorique. C’est cela le surréalisme. Le surréalisme est opposé à la tendance analytique occidentale, mais est conforme à la pensée africaine.
Vous avez l’exemple de cet Africain, Amos Tutola, homme du peuple qui était concierge dans un hôtel, et qui s’est mis à écrire des œuvres d’une poésie et d’une fraîcheur extraordinaires, toutes en métaphores. S’il était sorti de l’université, on aurait dit : c’est un surréaliste. Le développement de la culture occidentale s’est fait au détriment du sens de l’image, et on est très surpris de voir combien mon œuvre, dite difficile par les intellectuels, est relative.
Mais il y a un problème malgré tout, et c’est pour cela que, depuis quelque temps, je me suis dirigé vers l’art théâtral. Pour moi, le théâtre est le moyen de sortir de la contradiction que vous signalez, et de mettre la poésie à la portée des masses, de donner à voir comme dirait Éluard. Le théâtre, c’est la mise à la portée du peuple de la poésie. Le théâtre est très important dans nos pays sous-développés, il y a dans ces pays une faim de théâtre. Car ce sont des pays qui s’interrogent. Autrefois, ils étaient soumis à une domination étrangère, ils subissaient leur sort. Maintenant, ce sont eux qui forgent leur destinée, et mettent en question, et le théâtre est la mise en question de la vie par elle-même. Avec l’indépendance, le tiers monde est arrivé à l’âge où l’on s’interroge sur soi-même, et c’est là l’âge du théâtre.
Interview réalisée par Khalid Chraibi, avril 1965 à Paris
Magnifique mise en scène qui fait oublier la longueur du texte. La troupe est fantastique.
Beau spectacle, riche, vivant et intéressant sur le plan historique . Mais les acteurs crient trop, les paroles ne sont pas toujours bien perceptibles et on passe de ce fait à côté d'une grande partie du texte. La longueur du spectacle m' a par ailleurs parue excessive.
on oublie la longueur de la pièce, avec ses alternances de mouvements de foule , et de solitude du roi Christophe, la présence de la musique, la langue imagée .bravo aux comédiens et au metteur en scène. un fort moment de théâtre. HC
La langue , la mise en scène , les acteurs , la leçon politique de l'Histoire !!
Pour 6 Notes
Magnifique mise en scène qui fait oublier la longueur du texte. La troupe est fantastique.
Beau spectacle, riche, vivant et intéressant sur le plan historique . Mais les acteurs crient trop, les paroles ne sont pas toujours bien perceptibles et on passe de ce fait à côté d'une grande partie du texte. La longueur du spectacle m' a par ailleurs parue excessive.
on oublie la longueur de la pièce, avec ses alternances de mouvements de foule , et de solitude du roi Christophe, la présence de la musique, la langue imagée .bravo aux comédiens et au metteur en scène. un fort moment de théâtre. HC
La langue , la mise en scène , les acteurs , la leçon politique de l'Histoire !!
Remarquable, haletant; texte magnifique et acteurs formidables
spectacle très vivant; à voir!
49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux