Le Rire des asticots

Un voyage poético-burlesque dans l’univers de Cami où le théâtre fait son cinéma muet.

Sans avoir appartenu à aucun mouvement artistique, Cami est l’inventeur décontracté d’un burlesque surréalisant dont on trouverait des réminiscences chez Jacques Prévert, Pierre Dac, Eugène Ionesco, les frères Ennemis, les Branquignols, Raymond Devos. Sa verve fit éclater de rire ses contemporains du début du siècle et pour Charlie Chaplin, il était « le plus grand humoriste in the word ». Comédien, journaliste, dessinateur caricaturiste, sa « semaine camique » fit sa gloire et le succès de la revue « L’Illustration ». Chaque semaine, les lecteurs s’arrachaient sa bande dessinée dans laquelle il croquait avec une ironie mordante le plus brûlant de l’actualité. La plume aussi spirituelle et cruelle que le crayon, Cami, sur tous les fronts de l’insolence, a écrit une somme considérable de courtes comédies bouffonnes réunies en recueils : Drames de la vie courante, Pour lire sous la douche, Le Voyage de Riquiqui.

Christophe Rauck a puisé la matière d’un spectacle aussi vif et allègre que le cinéma muet de nos grands-parents. Le « cadre » cinématographique sera l’élément scénographique central qui permettra par des effets de gros plan, plan large ou plan américain, d’entrer dans chaque saynète et de côtoyer le monde poétique et humoristique de Cami. Le piano sera l’élément indispensable à ce voyage entre cabaret et cinéma muet. Il se fera meuble, castelet derrière lequel les acteurs passent, disparaissent, apparaissent ou manipulent des objets. Deux acteurs musiciens composeront une musique originale jouée sur scène, présente tout au long du spectacle. Il y aura aussi la projection d’un petit film dadaïste de René Clair, Entracte. Un rendez-vous théâtral d’une fraîcheur naïve à déguster comme une friandise délicieuse et surprenante, en petit comité.