La révolution fait rage à l’extérieur, tandis que les clients du Grand Balcon jouent leurs scénarios pervers. En Evêque, en Juge, en Général, ils viennent chercher, le temps d’un rituel, l’image idéale dont ils seront la Figure, le reflet.
Madame Irma, patronne de cette maison d’illusions, a mis en scène tous les scénarios. Le Chef de la police, souffre de n’être pas représenté. Arrive alors un mystérieux Envoyé...
Notes de mise en scène :
" Quand à l’un des aspects les plus fascinants du Vaudou, (c’est) l’espèce de théâtre vécu que constituent les crises de possession durant lesquelles les dieux sont incarnés... Etre un autre que soi, se dépasser dans l’enthousiasme et dans la transe, n’est-ce-pas l’un des besoins fondamentaux des hommes ? "
Michel Leiris
Dans Le Balcon, les références à Dieu et à la religion sont innombrables, l’Amour et la Mort en rivalité perpétuelle.
La fascination que j’éprouve depuis de très longues années pour cette oeuvre m’a toujours, systématiquement conduit au Vaudou, obscure cosmogonie de mon imaginaire caribéen.
Tout naturellement, la Maison d’illusion devenait un Houmfô (sanctuaire Vaudou), Madame Irma une grande Prêtresse, les Clients et autres protagonistes, des initiés à la poursuite de leurs Loas, les puissances surnaturelles de ce Panthéon.
Les costumes, eux aussi, s’inspiraient de son bestiaire, et le thème musical du spectacle, de la chanson d’Erzulie, sa principale déesse.
J’ai donc emprunté au Vaudou les éléments qui lui ont donné sa réputation équivoque : transes, chants, danses, dessins symboliques et lunettes noires, conviant ainsi le spectateur à une cérémonie se déroulant dans un Houmfô.
Ma grille de lecture intégrait donc tout naturellement les temps forts du cérémonial Vaudou à la langue charnelle et mystique de Genet.
Les saluts, par lesquels les officiants rendent hommage à la Mambo, aux esprits et aux objets sacrés.
Les libations d’eau faites devant les objets sacrés et qui signifient la révérence à la divinité.
Les Vêvê, dessins symboliques au caractère magique qui, tracés sur le sol, sont les représentations matérielles des dieux.
La danse et les pas cadencés, d’où se dégagent des forces mystérieuses qui agissent sur le monde surnaturel et attirent les esprits.
La possession définitive ou temporaire, symbolisée par le port des lunettes noires. Ainsi le possédé cache son âme aux forces extérieures*.
Madame Irma est Erzulie-Freda-Dahomey, la " Mambo " . Le Juge est le Baron-Samedi, l’Evêque le Baron-La-Croix. Le Général le Baron-Cimetière.
Le Chef de la police est Papa Legba, à qui le pouvoir revient de droit. Image ultime de LA Figure dans l’imaginaire caribéen de l’Au-delà.
L’Envoyé est Damballah-Wedo, l’Homme-serpent, exploiteur des faiblesses humaines.
Les autres personnages sont les Hounsis (officiants du sanctuaire).
Alors,
Maison de prostitution ou grand théâtre de la vie ?
Lieu de fantasmes pervers ou arène des luttes pour tous les honneurs ?
Glorification de l’image et du reflet ou jeu de rôles dans des miroirs ?
Illusion, réalité, OU, Sanctuaire Vaudou dans lequel se découvrent les possédés ?....
Greg Germain
*subterfuge employé par Duvallier, lui-même grand-prêtre Vaudou, pour prendre le pouvoir en Haïti. Les tontons macoutes portaient tous des lunettes noires.
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.