C'est une soirée, une fête. Un banquet, oui. Ils ne se connaissent pas. Pas tous, en tout cas. Et pourtant ils vont parler de ce petit vide abyssal, de cet interstice de l’âme que l'on nomme amour. Que l'on nomme désir. Que Platon nommait Éros. Mais de quoi parlent-ils réellement ?
Et si on faisait un banquet ? Une fête ?
Si on réunissait sur quelques canapés, un soir où il fait soif, où l’on est joyeux, des amis que l’on estime ? Des gens qui savent boire, s’amuser et parler.
Et si, ce soir-là, on ne savait plus quoi dire ? Si les verres et les bouteilles vidés, la playlist Spotify continuait à jouer ses morceaux agréables, un peu rétro, un peu kitsch, les morceaux que l’on écoute en voiture ou en faisant le ménage et qui, par le flow/flot des algorithmes finissent par s’écouler entre les interstices de nos solitudes communes ?
Il est encore tôt, on a un peu bu, on est joyeux, certes, mais ces mots, ces quelques rimes idiotes, ces accords mineurs sur les cordes d’une guitare, rouvrent soudain un vide, font résonner un manque.
Et l’on se met soudain à y penser, à cette béance que l’on ne colmate jamais tout à fait et qui nous tente tous, nous tend tous à l’amour.
Et là, comme Alcybiade et Agathon, comme Socrate et Eryximaque, on se met à en parler, à l’évoquer, à le revivre, à en rire et à en pleurer. Mais de quoi parlent-ils réellement ?
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