Sur un plateau où la nature reprend ses droits, quatre protagonistes d’une même famille rassemblent leurs souvenirs. Ils échafaudent et défont des histoires, donnent vie à la matière par la grâce du mouvement.
Sur un plateau où la nature reprend ses droits, quatre protagonistes d’une même famille rassemblent leurs souvenirs. Ils échafaudent et défont des histoires, donnent vie à la matière par la grâce du mouvement. le bruit des arbres qui tombent fait ainsi écho aux claquements des voiles, à l’éboulement des pierres, au ruissellement de la pluie sur le visage d’une humanité fragile. Jusqu’au plus près de ses failles, de ses empêchements. Dans ce mystérieux poème-paysage, les sensations, les corps et les images priment sur les mots. Après tout, la chute n’est-elle pas le prélude de l’élévation ?
« Comme tous les spectacles de Nathalie Béasse, Le bruit des arbres qui tombent est plus un voyage qu’une fable, plus un paysage habité qu’une pièce en actes. Un voyage-paysage entre ce qui naît et ce qui meurt ou va mourir (et inversement), entre ce qui apparaît et disparaît (c’est ainsi que l’on traduit vie et mort en langage théâtral), entre le rire et les larmes aussi bien. » Jean-Pierre Thibaudat, Mediapart, 25 septembre 2017
« Oh, l'étrange et subjugant spectacle ! Des scènes muettes et mystérieuses, de toute beauté (...) enchanteur, habité, fragile et plein. » Jean-Luc Porquet, Le canard enchaîné, 4 octobre 2017
« Pourtant, derrière tous ces jeux qui semblent anodins se glisse une inquiétude sourde : celle de gens qui cherchent un point d’équilibre dans le monde, les mots et les gestes. Leurs tentatives sont parfois fragiles, mais cette fragilité est soutenue par le bel instinct qui pousse Nathalie Béasse à faire du théâtre comme elle a envie, hors des clous, en inventant des images inédites et souvent saisissantes. » Brigitte Salino, Le Monde, 6 octobre 2017
Pour l’instant on va se raconter une histoire avec des sortes de gros plans sur quatre individus. Des individus d’une même famille. Je vais continuer autour du thème de la fratrie, du groupe, de la meute. Je vais aborder l’être humain avec sa difficulté à être, à exprimer des choses. Son empêchement, son rapport au groupe et sa solitude mais toujours de manière physique et parfois burlesque. Au départ le plateau est nu. Je cherche des fulgurances comme si les acteurs sortaient du plateau, comme s’ils étaient des êtres qui habitaient la matière même du théâtre.
Ces acteurs deviennent des personnages, métaphoriques, des allégories. Les choses se fabriquent dans l’instant présent, très intense. Je travaille de manière ludique, joyeuse même si ça parle de choses tragiques. On est toujours dans le plaisir de jouer comme des enfants et d’inventer avec une bûche qui tombe, un son, une musique, la chair. Nous cherchons toujours à être dans un rapport impulsif et organique aux éléments qui sont mis en place sur le plateau. Le vert toujours est assez important, le marron. La couleur, les matières sont tout de suite là.
Pour Happy child c’était le lainage, il fallait que ça soit blanc beige. Chaque élément m’évoque des souvenirs, que ce soit le costume, le décor, un tissu. Je ne peux pas travailler avec les acteurs en survêtement, c’est impossible. À la fin de Roses, le grand drap de tissu que le groupe tient ensemble, on va le retrouver au début du Bruit des arbres qui tombent mais d’une manière et d’une matière différente. La première image sera une grande bâche en mouvement. L’eau, la terre seront présentes. J’essaye d’amener des éléments symboliques de la nature sur le plateau qui sont comme des fragments, des morceaux de paysages.
Mon texte n’est pas que dans les mots, il est aussi dans la matière. Ce n’est pas un concept, ça vient parce que c’est comme cela que j’ai envie de parler de la relation de l’être humain à la nature.La création sonore sera aussi très importante, très puissante dans cette pièce. Un univers musical très cinématographique composé de balades, de nappes atmosphériques est déjà posé.
Ce sont des sources d’inspiration, j’ai besoin d’être dans du réel, dans ce rapport au paysage qui amène une histoire parce que ça aussi c’est mon texte qui n’est ni verbal ni oral. Mon texte c’est le paysage, les gens, la musique, la lumière. Ce ne sont que des choses qui résonnent. Au début du travail la boîte noire me fait un petit peu peur et je vais être plus inspirée, plus dans un rapport cinématographique et pictural, si je suis directement plongée dans un décor naturel.
Cela permet aussi d’imprégner les acteurs d’un environnement pour qu’ils aient ça en mémoire quand on travaille en intérieur. Cela nous construit un imaginaire et une mémoire commune. Pour le bruit des arbres qui tombent, on a travaillé beaucoup autour de la Loire, la plage, la vallée, la roche, le sable, la terre. Tout mon travail de répétition est une histoire commune, qu’il soit d’aller chercher des costumes à Rural Service, un accessoire (une bêche ou une pelle). Tout ça, le quotidien, raconte des choses. Tout est source d’inspiration. On ne se coupe pas du réel.
Dans le titre j’avais envie que ce soit une phrase, pas un mot. J’avais envie de poésie dans le titre. J’avais envie qu’on comprenne ce titre et qu’il soit très évocateur. Les poèmes des indiens parlent de la nature toujours en lien avec l’humain. il y a un imaginaire visuel et sonore qui me parle également. Je trouvais aussi que c’était bien d’écrire le bruit, le mot bruit. On a l’impression d’entendre les branches qui craquent, d’entendre ce qui s’écrit. Quand je vois un arbre, je vois un homme. Comme il y a beaucoup de chutes dans mes spectacles, je voyais des hommes qui tombaient. Mais ce sera aussi au public de se raconter son histoire...
Nathalie Béasse
76, rue de la Roquette 75011 Paris