Souvenez-vous… Octobre 2010, Denis Podalydès partait à la rencontre de ce mythe du docteur Jekyll et du maléfique Mr Hyde, rarement adapté au théâtre, et pourtant les transformations de l’acteur s’y prêtent magnifiquement.
Aujourd’hui, le Sociétaire de la Comédie-Française revient à la célèbre nouvelle de Robert-Louis Stevenson (revisitée par l’auteure Christine Montalbetti) en élaborant une seconde version du Cas Jekyll. Une pièce pour deux interprètes, conçue comme une métamorphose du « seul en scène » présenté il y a trois ans, comme un prolongement logique de son devenir.
Pour cette recréation, Denis Podalydès, impressionné par la grâce de Kaori Ito qu’il découvre dans Au revoir parapluie de James Thierrée, a invité la danseuse et chorégraphe à le rejoindre sur le plateau. Le Comédien-Français signe un face-à-face théâtral au sein duquel il forme, avec l’artiste japonaise, « une dualité en mouvement », une « métamorphose parlée et dansée », une déambulation dans les tréfonds de Londres et de l’âme.
Le spectacle Le cas Jekyll a pour thème obsédant et souterrain (je m'en rends compte après coup) la métamorphose. Le désir de se changer, d'être un autre, d'être l'autre. Faire de soi un autre. Faire de l'autre la part la plus intime de soi.
Et naviguer à vue de l'un à l'autre terme, sans jamais s'arrêter d'aller et venir dans la pure différence. Au risque - dans le désir - de trouver ou de créer un monstre. Ce désir qu'ont les acteurs dits « sympathiques » de jouer les méchants. Désir naïf mais profond.
En travaillant le mythe Jekyll-Hyde, je fus frappé par une remarque de Borgès, qui me parut d'abord réductrice, et même castratrice : il déplorait vivement que le rôle de Jekyll et de Hyde fût interprété par le même acteur, arguant que dans le roman de Stevenson, les deux personnages étaient parfaitement dissemblables, l'un (Jekyll) grand, âgé, élégant, l'autre (Hyde) petit, jeune, disgracieux (encore que ce dernier point soit contestable puisque si Hyde inspire l'horreur, ce n'est pas en raison d'une laideur jamais décrite, mais de sa bizarrerie, et de la répulsion purement morale qu'il inspire. Bref.) J'ai mis de côté cet argument de Borgès, qui me chiffonnait. Si je choisissais ce rôle, si je désirais si ardemment que Christine Montalbetti écrive ce texte, c'était bien évidemment dans l'idée de jouer les deux, et plus exactement la métamorphose elle-même.
Et voila que je découvre Kaori Ito dans Au revoir parapluie de James Thierrée. Je vois mon « autre ». Je vois mon double, totalement autre, « with an odd light footstep » comme dit Stevenson. Non que Kaori fût répulsive ! Bien au contraire. Le texte de Christine évoque un personnage attachant quoique monstrueux, un être somme toute sympathique qui a tout le charme du mal... Et Kaori n'incarne pas Hyde, pas plus que je ne suis que Jekyll. À nous deux, acteur et danseur, nous formons une dualité en mouvement, une métamorphose parlée et dansée. Voilà si longtemps que je rêvais de jouer avec un (une) danseur (seuse) qui danse, ou de danser avec un danseur (une danseuse) qui joue. Pour être un autre vraiment autre. Et Kaori avait de son côté le même souhait, inverse.
Cette seconde version du Cas Jekyll est donc elle-même une métamorphose de la première, un prolongement logique de son devenir.
Et je suis quitte du côté de Borgès, qui avait naturellement bien raison (même si je vais continuer à jouer la première version)...
Denis Podalydès
16, place Stalingrad 92150 Suresnes
Navette gratuite Paris - Suresnes : Une navette est mise à votre disposition (dans la limite des places disponibles) pour vous rendre aux représentations du Théâtre.
Départ de cette navette 1h précise avant l’heure de la représentation (ex. : départ à 19h30 pour une représentation à 20h30), avenue Hoche (entre la rue de Tilsitt et la place Charles de Gaulle-Étoile), du côté des numéros pairs. À proximité de la gare Suresnes-Longchamp (Tram 2), la navette peut marquer un arrêt sur le boulevard Henri-Sellier (à l’arrêt des bus 144 et 244 (direction Rueil-Malmaison), 25 minutes environ avant la représentation. Faites signe au chauffeur.
La navette repart pour Paris environ 10 minutes après la fin de la représentation, et dessert, à la demande, l’arrêt Suresnes-Longchamp, jusqu’à son terminus place Charles de Gaulle-Étoile.