Tous publics à partir de 14 ans
Glissez vous dans les coulisses de la Cour de Sicile et espionnez les intrigues de palais !
Le Conte d’hiver est une des dernières pièces de William Shakespeare. Cette tragi-comédie embrasse un intervalle de seize années ; une princesse y naît au second acte et se marie au cinquième. C'est la plus grande infraction à la loi d'unité de temps dont Shakespeare se soit rendu coupable... Contrairement à des drames comme Hamlet ou Le Roi Lear où les personnages nagent dans les ténèbres du début à la fin, Le Conte d'hiver connaît un dénouement heureux, bien que la pièce s'annonce tragique. Il y est question de jalousie, de vengeance, de méprises et de coups de théatre.
L'histoire se déroule à l'époque de la Renaissance à la Cour de Léontes, Roi de Sicile. Celui-ci, convaincu de l’adultère de sa femme La Reine Hermione, décide de faire éliminer Polixène, l’amant supposé. Il charge Camillo, son homme de confiance, d’exécuter cette sentence. Ce dernier renonce à commettre cet acte et prend la fuite. Fou de rage, le Roi assouvit sa vengeance sur Hermione, entraînant également la mort de Mamilius, leur fils, et l'exil de Perdita, leur fille nouveau-née. C’est alors que le dieu Apollon prononce son oracle et Léontes découvre sa méprise… Seize ans plus tard, les morts ressuscitent et Léontes retrouve sa famille et son amitié pour Polixenes.
Traduction de Marie Potonet et Jacques Osinski.
Monter Le Conte d'hiver, c'est, après Richard II, retrouver Shakespeare. C'est aussi, après Le Songe de Strindberg, poursuivre un travail sur l'irréalité, sur le rêve, c'est voyager entre l'irréalité du théâtre et la réalité du monde. Richard II fut pour moi, le début d'un travail sur le répertoire classique. Le Conte d'hiver pourrait en être l'aboutissement. C'est pour cela que je compte retrouver un groupe d'acteurs qui m'est familier.
Shakespeare écrivit le Conte d'hiver à la fin de sa vie. La pièce toute entière est une interrogation sur le temps qui passe et la question de la transmission. "Nous étions deux petits garçons, charmante reine / Qui n'imaginaient pas qu'il y eût rien à venir / Sinon demain semblable à aujourd'hui / Et une enfance éternelle" dit Léontès au tout début de la pièce et ces vers contiennent le fantasme du roi, le fantasme de la pièce : L'enfance éternelle, contrôler, arrêter le temps qui passe, faire que demain soit aujourd'hui et, comme disent les enfants, que tout redevienne comme avant.
Je vois dans le Conte d'hiver des échos du Roi Lear : Comme dans Lear, la paternité est au centre de la pièce, comme dans Lear, le roi délire. Mais dans Le Conte d'hiver, les enfants sauvent les pères. La pièce, commencée en tragédie avec les parents se poursuit en comédie, dans la deuxième partie, avec les enfants. Morte au début du conte, la reine Hermione renaît à la fin par la grâce de son enfant retrouvée et c'est comme si le tempsétait aboli. Mais y croit-on vraiment ? La pièce n'est pas totalement heureuse. La mélancolie guette. Tragédie et comédie s'emmêlent.
Accompagnant la pièce et la structure du conte, la scénographie commencerait sur un espace fermé, le palais, pour s'ouvrir, dans la seconde partie, sur la nature grâce à l'utilisation de la vidéo, et se refermer à nouveau sur le palais. L'histoire est finie, le conte est terminé. Comme dans les contes, partis à la découverte d'eux-mêmes, les héros reviennent à leur point de départ. Il me semble primordial que la mise en scène rende ce climat de conte, sa légèreté mais aussi son ambiguïté. Il s'agit, pour moi, de travailler sur la dématérialisation.
Il me semble que Le Conte d'hiver fascine tous les metteurs en scènes : le temps n'y existe plus, les limites y sont abolies, les règles changent et à cela, il faut donner une forme ; donner une forme au rêve.
Le théâtre donne l'illusion de maîtriser le temps. Le Conte d'hiver ne raconte rien d'autre que cela. Dans la scène 1 de l'acte II, le jeune Mamilius raconte une histoire à l'oreille de sa mère : "Il était une fois un homme qui habitait près d'un cimetière..." Ce conte, c'est Le Conte d'hiver, méditation sur la mort que le théâtre essaie de transcender.
Jacques Osinski, octobre 2006
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