Un spectacle et un film issus d’un même texte se côtoient, conversent et interrogent une même réalité : le travail, ses mots et ses maux, ses gestes, des hommes et des femmes.
D'après le documentaire Entrée du personnel de Manuela Frésil
Abattoir met en scène deux hommes et une femme, ouvriers dans l’une des grandes usines de viande du nord-ouest de la France. Ils ont un destin commun : le travail les a usés jusqu’à l’os. Pour Anne Théron, tout commence à la lecture du scénario du documentaire de Manuela Frésil, avec le choc provoqué par les mots de ces ouvriers. Ils sont malades dans leurs corps de ce que l’industrie leur demande de faire aux corps des bêtes, comme si les carcasses déchiquetées des animaux se fondaient avec les corps usés jusqu’à l’os de ces hommes. Abattoir c’est la complicité du théâtre et de la danse où la voix jaillit de ces corps abîmés, détruits, malades, et où l’ambition est de montrer que même usé, le corps continue à parler. Avec force et finesse, les corps soupèsent les mouvements, soulèvent les mots, découpent la parole des ouvriers… pour une fresque saisissante de vie et d’humanité.
« Au début, on pense qu’on ne va pas rester. Mais on change seulement de poste, de service. On veut une vie normale. Une maison a été achetée, des enfants sont nés. On s’obstine, on s’arc-boute. On a mal le jour, on a mal la nuit, on a mal tout le temps. On tient quand même, jusqu’au jour où l’on ne tient plus. C’est les articulations qui lâchent. Les nerfs qui lâchent. Alors l’usine vous licencie. »
Documentaire de Manuela Frésil
La soirée se poursuit par la projection du film de Manuela Frésil, un autre mode d’expression artistique pour un même sujet,
A l’origine le film de Manuela Frésil s’appelait Abattoir, comme la pièce d’Anne Théron, puis au moment du tournage il s’est appelé Entrée du personnel.
Manuela Frésil s’est introduite au cœur d’une dizaine d’abattoirs industriels français, du petit matin à la sortie d’usine, aux côtés d’ouvriers à la chaîne, qui tranchent, dépiautent, ficellent, chargent. Réalisé à partir de récits de vies de salariés et de scènes tournées dans des usines, Entrée du personnel raconte l’emballement des cadences et la répétition infernale, l’affolement des gestes quotidiens...
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