En transposant l’intrigue dans une maison de retraite, Phia Ménard fait une lecture contemporaine de cette histoire d’amours adolescentes, transgressive et tragique inspirée du roman de Cocteau. L’opéra de Philip Glass, entêtant et glaçant, déploie toute sa force dans un décor grandiose, servi par quatre excellents chanteurs. Hypnotique.
Phia Ménard fait une lecture contemporaine de cette histoire d’amours adolescentes, transgressive et tragique. Transposée dans un EHPAD, où les corps vieillissants sont toujours en proie à la passion, cette œuvre magnétique se déploie dans une scénographie qui devient chorégraphique.
L’opéra de Philip Glass s’inspire directement de l’adaptation cinématographique de Jean-Pierre Melville de 1950 du roman de Cocteau. La musique répétitive et continue, interprétée par trois pianistes présents sur scène, crée une forme de transe. Plaçant musiciens et interprètes dans un espace spectaculaire en mouvement constant, Phia Ménard nous invite à entendre et voir la palpitation du désir et la puissance de l’imaginaire chez l’être humain qui, jusqu’à sa dernière heure, reste émerveillé, amoureux et jaloux !
En tout premier il faut considére que cette œuvre musicale est une adaptation du livre de Jean Cocteau datant de 1929. Ce roman dramatique fut inspiré à l’auteur par le mode de vie de proches, que fut celle de Jeanne et Jean Bourgoint, et l’évocation d’un premier amour déçu. L’époque n’est que peu signifiante dans ce drame tant il tient à une étape humaine qu’est l’adolescence. Bien évidemment, au regard de l’évolution de la société, l’amour homosexuel où le trouble du genre échappe aujourd’hui aux sulfureux interdit d’alors...
Le huis clos d’adolescents est sombre et agile. Un amour homosexuel inavouable pour un bad boy (Dargelos) et sa réapparition sous les traits d’une femme (Agathe) ; le jeu qui lie une fratrie au sortir de l’enfance (Elisabeth et Paul) ; un témoin et narrateur (Gérard) ; des passions, des fantômes (la mère, Michaël), des spleens et la puissance morbide, font de cette histoire un roman magnétique.
L’argument a toutes les raisons de retenir mon attention et son adaptation par le compositeur Philip Glass me permet d’en apporter une lecture lyrique. Plus que le roman, c’est l’adaptation cinématographique de Jean Pierre Melville de 1950, dont Jean Cocteau est le narrateur, qui semble avoir constitué la matière du livret de Philip Glass, notamment pour les chants dont beaucoup sont repris des dialogues du film. La musique répétitive est interprétée par trois pianistes sans arrêt. L’ensemble est une série de vingt scènes où apparaissent les espaces de jeux entrecoupés de mouvements instrumentaux comme autant de possibles divagations. Le chant en français est rythmé, habile mais aussi parfois un peu âpre...
L’œuvre de Philip Glass est à considérer comme une œuvre chorégraphique puisqu’elle a été créée en 1996 pour des chanteurs, chanteuses, danseurs et danseuses avec la chorégraphe américaine Susan Marshall. C’est aussi ce qui certainement donna à la partition ce tempo souvent rapide.
Si aujourd’hui je porte le désir de réaliser une mise en scène de cette œuvre, c’est par l’appétit que provoque cette rencontre du texte de Jean Cocteau avec la musique de Philip Glass. Traduire dans un théâtre lyrique l’endroit d’une rencontre avec eux et l’offrir.
Phia Ménard
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)