Théâtre musical.
La Fable des origines...
Genèse d'une folle aventure...
Extrait
Entretien avec Richard Mitou
Un théâtre ambitieux, démesuré, désinhibé
Entretien avec Marion Aubert
La Compagnie Tire pas la nappe
La presse
Essayer de faire partager au plus grand nombre un théâtre contemporain et populaire, festif et exigeant, joyeux et cruel, poétique et politique… Ne pas faire aujourd'hui du théâtre un produit qui se vend et se consomme de ville en ville, sans avoir le souci premier de réussir une vraie rencontre, un vrai partage avec les publics toujours différents, et les équipes, et les lieux qui nous accueillent... Retrouver le caractère unique et exceptionnel de la représentation !…
J'ai envie d'un théâtre explosif qui brise les codes et les conventions, le ressassement et les redites de nos éternelles soirées au théâtre…
Un théâtre qui prenne d'assaut le théâtre, qui questionne et remette en cause, et en joie, la place de l'acteur et du spectateur…
Un théâtre qui pourrait aussi bien se passer dans le public, que sous les sièges, que dans la fosse, que dans les cintres, dans les dessus, les dessous, et pourquoi pas sur la scène même !…
Un théâtre poétique et fulgurant qui se construirait sous nos yeux avec les quelques artifices du théâtre…
Un théâtre qui surtout remette l'Humain au centre, et non pas la belle pensée dramaturgique ou esthétisante d'un metteur en scène…
Un théâtre qui remette au centre la générosité, la performance, le don de l'acteur, le pouvoir énorme qu'il a de s'accaparer une parole étrangère, de la faire sienne, et de la livrer chaque fois comme pour la première au spectateur.
Pour cela, j'ai demandé à Marion Aubert – dont l'écriture riche, foisonnante, burlesque, sensible est en perpétuelle réinvention – d'écrire une fable des origines, une grande fresque, du Big Bang à nos jours, pour une vingtaine d'acteurs un peu fous et un quatuor de musiciens déjantés… Ce seront nos histrions contemporains, nos bouffons, nos artistes, nos menteurs… parce qu'il nous faut bien réinventer le Monde pour arriver à y survivre.
Ces histrions, ce sont des gens de ma génération que j'ai croisés au cours des dix dernières années, durant ma formation d'acteur et sur les plateaux. Ce sont des gens dont je me suis dit un jour que nous nous retrouverions. Ils viennent pour la plupart de Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Lyon ou Valence… Ce sont des gens de grand talent, qui ne sont pas des stars, et qui formeront ensemble cette belle famille d'artistes dont je rêve.
Certains d'entre eux étaient déjà présents lors de ma dernière expérience de mise en scène.
Les règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean-Luc Lagarce, spectacle créé en 2001 qui se joue encore aujourd'hui, et qui a tracé la voie du théâtre dont j'ai envie. Ce monologue, à l'origine, est devenu un parcours déambulatoire et initiatique au cœur de différents âges de la vie, porté par un chœur de femmes, un musicien, un quatuor de clowns métaphysiques, une chorale et des figurants rencontrés dans les villes où nous jouons. Ces rencontres humaines et artistiques, j'aimerais les reproduire.
J'ai donc demandé à Marion d'écrire et de garder en réserve une partition pour d'éventuels invités, un chœur de spectateurs par exemple, qui interviendrait pendant le spectacle, et que nous pourrions travailler deux ou trois jours avant les représentations avec des équipes permanentes, des acteurs en formation, des ateliers d'amateurs... Loin d'être de simples anecdotes, il me semble que ces rencontres sur le plateau et avec le public sont riches d'enseignements et redonnent au théâtre sa véritable valeur : un moment partagé…
Richard Mitou
Les Histrions (détail) est le premier épisode d'une fresque magistrale. Oui. Mon grand rêve c'est d'écrire une immense saga qui partirait comme ça de notre époque pour s'échouer vers 2076 lorsque nous serons bien vieilles. Oui. J'aimerais bien voir mes personnages grandir, mûrir, s'embellir au fil des années puis complètement se délabrer jusqu'à mourir et rejoindre la lune comme prévu. J'aimerais bien voir des actrices endosser toute la vie le même personnage comme ça. J'aimerais bien voir une actrice qui se ride comme ça. Une actrice complètement calme. Une actrice complètement morte. J'aimerais bien voir des actrices fidèles et folles.
Alors Les Histrions (détail), c'est une histoire de genèse forcément. Oui. Dans ce premier épisode, nous assisterons à la naissance des Etoiles puis de la Terre forcément. Dieu naîtra quelques siècles plus tard. Alors les polypes suivront dans la foulée. Et puis un jour, miracle, naîtront les histrions. Et nous pourrons enfin doucement vous conter leur histoire.
Une histoire d'hommes cognés contre la porte du théâtre. Une histoire d'hommes follement amoureux, mais de qui ?
Bref. L'histoire fabuleuse des hommes de terre qui parfois volent près du Soleil et brûlent un peu.
Marion Aubert
L'HOMME PRATIQUE : A ce moment-là, les portes du théâtre se mettraient à trembler, et l'armée des gueux viendrait terroriser la vieille du premier rang.
LA VIEILLE DU PREMIER RANG : Arrêtez !
L'HOMME PRATIQUE : Oui. La vieille du premier rang pourrait se dresser de son siège, enlever son talon puis énucléer un pauvre. Une sorte de nouvelle lutte des classes comme ça. Un combat extraordinaire. Sauvage. Athlétique. Et le couple roulerait à travers le théâtre. Et la salle commencerait à fleurer bon les arènes, et la sueur commencerait à coller aux cheveux, aux vêtements commencerait à tout rendre transparent, ils seraient complètement nus nos combattants, et la foule hystérique commencerait à encourager les lutteurs, à choisir son camp, oui, la foule débridée se mettrait à hurler des insanités, la foule chauffée à blanc, excitée, prise d'une pulsion de voyeurisme se mettrait à hurler " à poil la vioque, montre-nous tes fesses !", des horreurs comme ça, la foule incontrôlable serait prise d'un violent accès de vulgarité alors, la vieille soulevée par ses fans, par les sifflets, les huées, enivrée par l'odeur de la suée du pauvre, releva le défi, oui, à croupetons sur le pauvre, elle se mit a déboutonner un par un, et avec une dextérité extrême, les mille boutons de nacre qui retenaient sa chemise de flanelle, puis, avec un sens inné du show, elle fit tourbillonner son petit chemisier puis l'envoya valser dans la foule délirante qui se mit aussitôt à le palper, le humer, comme une relique, oui, puis elle continua son effeuillage, galvanisée par les salves d'applaudissements, oui, elle ôta son tailleur de secrétaire, ses gaines, ses jarretelles, et puis elle exhiba ses cuisses longues, profilées, des cuisses d athlète, et elle était satisfaite de s'exhiber ainsi, jamais de sa vie elle n'avait connu tant d'intensité, et le pauvre aussitôt tomba éperdument amoureux d'elle, ils se mirent à se caresser sous les yeux de la foule médusée, et tout le monde se taisait car on ne savait plus trop quoi dire devant tant d'anomalie, puis, comme souvent paraît-il dans les moments de grand bouleversement, de cataclysme, de tremblement de terre, les gens furent saisis d'un désir brusque, irrationnel, d'absolument immédiatement perpétuer l'espèce sur-le-champ, un désir compulsif, incandescent, ils se mirent à se ruer les uns sur les autres, à s'escalader en perdant toute notion de dignité, d'esthétisme, d'élégance, et sans discernement, ils se mirent à copuler comme des bêtes, oui, alors on assista dans le théâtre à une orgie incroyable et les femmes avaient trop chaud.
LE CHŒUR DES VIEILLES : J'ai chaud vous n'avez pas chaud vous j'ai chaud soudain j'ai tellement chaud.
L'HOMME PRATIQUE : Et ce soir-là, tout le monde oublia ses petits différends, et toutes les petites querelles furent balayées par un vent fou, une tornade sexuelle, oui, balayés les dettes des uns, l'ennui des autres et le chagrin, et la femme du juge était chevauchée par un nègre, un haïtien, elle n'en revenait pas c'était bon mon Dieu, oui, les femmes basculaient la tête en arrière, elles fermaient les yeux. Non. Il n'était plus vraiment question de hiérarchie sociale, de procès, de corruption. Et les hommes se prenaient pour Dionysos, ils brandissaient leur thyrse, ils secouaient leur chevelure de lierre, et de cette union sauvage, improbable, naquirent les hommes de terre.
LES HISTRIONS : C'est nous. C'est toujours nous. Fils de la poussière de l'arène, du théâtre, fils des haillons des gueux et de l'or des nantis. Éternellement hybrides. Assoiffés de reconnaissance. Fils naturels. Bâtards.
L'HOMME PRATIQUE : Et forcément, après, tout le monde se recoiffa dans un silence de mort, oui, car tout le monde eut honte de s'être livré à une telle bestialité, tout le monde fut écœuré, et les dames jamais plus ne voulurent sortir au théâtre, et tout le monde se détesta, et nous restâmes en tas. En charnier hurlant sous les projecteurs, et nous survécûmes juste pour vous raconter cette histoire. [...]
Richard, tu es comédien et metteur en scène, comment est né ton désir de mise en scène ?
Dès ma première année de conservatoire. Parce que j'étais le plus vieux de ma promotion peut être… Parce que ça me semblait naturel de jouer et de mettre en scène, parce que ça me semblait lié, complémentaire.
Depuis, je n'ai cessé de passer de l'un à l'autre, trouvant d'ailleurs plus de plaisir et de satisfaction dans le jeu. Je n'ai jamais souhaité faire une carrière de metteur en scène par exemple, ni de quoi que ce soit d'ailleurs… Mais je trouve important qu'un comédien travaille d'autres expressions artistiques, pour ne pas être simplement selon la belle formule de Mastroianni "un drapeau qui flotte dans la direction où le vent le pousse".
La difficulté aujourd'hui en France, c'est d'arriver à concilier les deux. Je me considère plutôt comme un acteur qui met en scène, mais je sais aussi combien il est dangereux de mettre en scène si l'on veut rester un comédien aux yeux des autres. Curieusement, on attise les peurs ! Ce sera donc ma deuxième mise en scène en cinq ans. Par contre, j'ai beaucoup joué…
Sur Les Histrions, était-ce un pied de nez aux peureux, nous avons distribué cinq actrices et acteurs metteurs en scène et j'en suis fier ! Injustement peut-être mais en réaction.
Ta première rencontre avec Marion Aubert. Comment es-tu venu à lui commander un texte ?
Nous nous connaissons depuis dix ans. Elle était la cadette du conservatoire, j'en étais le doyen. Elle, fraîchement sortie du lycée, moi de la faculté de sciences à Bordeaux. Le soir de son entrée au conservatoire, nous étions plusieurs en terrasse à boire un verre. Il faisait un peu froid, je lui ai proposé mon manteau. Elle est aussitôt tombée amoureuse de moi et m'a demandé en mariage.
J'ai décliné, étant déjà engagé ailleurs. Je la trouvais un peu jeune pour entrer au conservatoire, déjà trop battante, affamée de théâtre, opiniâtre. Je lui conseillais même du haut de mes vingt six ans de vivre un peu sa vie avant de foncer dans le métier. Elle a fait sien ce bel adage : "Ce qu'on te reproche, cultive-le !" et bien lui en a pris.
Depuis nous ne nous sommes plus quittés. Elle m'a vu vieillir, je l'ai vue grandir, éclore peu à peu. Je découvrais avec bonheur et stupéfaction, les bombes qui jaillissaient comme ça de sa petite écriture appliquée, les éclats magnifiques ! Une âme de terroriste du théâtre… Mais un terrorisme festif, joyeux, qui redonne souffle et vie au théâtre !
Lorsqu'elle m'a proposé de jouer Orgie nuptiale, un monologue, je sortais juste d'un solo, montage de textes d'Henri Michaux, Le Sportif au lit mis en scène par Cécile Marmouget avec la Compagnie Gazoline, j'ai donc décliné la belle offre qu'elle me faisait tout en lui promettant de travailler avec elle sur un vaste projet de création et d'écriture. Il y aurait beaucoup de comédiens amis nous disions-nous. C'était il y a trois ans…
Lui as-tu donné des consignes précises ? Ta réaction à la lecture du texte ?
La toute première consigne, il y a trois ans, c'était d'écrire sur le théâtre, sur les places de l'acteur et du spectateur, et de les bouleverser. J'ai toujours rêvé d'un théâtre de l'instant, du caractère unique et exceptionnel de la représentation. Peter Brook disait : "Le théâtre devrait être un lieu, un espace à habiter par une troupe qui y répète trois mois ou plus, dans l'attente fervente du public.
Et puis jouer une seule fois, dans ce lieu-là, pour ce public-là, l'unique représentation, forcément magique, le cadeau offert". Quelque chose comme ça… Tout cela est bien évidemment utopique et irréalisable, mais c'est une vision du théâtre que je partage et que je trouve belle.
Entre temps, la Comédie de Valence et Philippe Delaigue ont passé commande à Marion d'une pièce sur les fantômes, nos fantômes. Et dans son actualité d'auteur, nos deux commandes se sont additionnées ; cela a donné lieu à La Saga des habitants du Val de Moldavie, aux Fantômes du théâtre…
J'ai moi-même exploré ce thème avec Les Hommes de Terre, montage de textes de Marion dans un chantier spectacle réalisé avec les élèves du Conservatoire de Montpellier que nous avons également joué aux Ateliers Berthier de l'Odéon et donné à entendre en direct sur France Culture.
J'y ai travaillé le chœur, la solitude et la multitude. Ce furent un peu les premiers pas vers nos Histrions.
Ma deuxième consigne a été d'écrire sur la genèse, le monde, ses origines. Puisque ce projet devait être pour Marion la pierre fondatrice d'une grande fresque jusqu'en 2076, autant commencer par le commencement.
Marion m'a fait une première lecture à La Chartreuse de Villeneuve les Avignon. Je voulais laisser ouverte l'écriture jusqu'au travail de répétition, mais j'ai senti que tout était déjà présent dans le texte, qu'il fallait peut-être simplement lui donner un peu de corps, un ciment, un fil tendu, quelques souterrains…
Marion sortait de La Saga et des Hommes de Terre qui étaient des textes matériaux, nous avons tenté de mettre un peu d'ordre dans tout ça, tout en laissant libre cours à son imagination fertile et débridée. Nous avons essayé de nous raconter une petite histoire à nous, aux acteurs, sans être didactiques, mais quelque chose qui rassemble ces vingt êtres de théâtre "solitaires et solidaires" sur un plateau le temps de la représentation.
C'est une aventure qui regroupe des comédiens, des musiciens, quel est le théâtre que tu cherches à inventer avec "les Histrions" ?
Qu'est ce que c'est qu'un théâtre populaire et non élitiste ?
Je ne veux rien inventer, ni révolutionner. Je me mets juste au service d'un texte, d'un univers qui m'inspire et que je partage, au service d'une troupe d'acteurs et de musiciens qui seront nos Histrions, nos cabotins, nos bouffons. Sorte de clowns tristes et joyeux à la fois. Orphelins forcément, réfugiés du monde, et qui ont choisi de danser au-dessus du gouffre !…
Je pars du chaos, de la multitude et du foisonnement plutôt que du minimalisme, de l'ascèse et de l'immobilité. Je préfère le mouvement que l'on fige soudain pour faire jaillir la parole. Et comme c'est avant tout un théâtre d'adresse, j'ai surtout envie de ne pas oublier le public et de lui faire partager cette belle aventure qu'est le théâtre, un des derniers lieux de résistance humaine je pense...
J'ai encore l'espoir de croire que notre métier peut être un exemple de partage et de fraternité dans un monde qui en manque cruellement. C'est naïf je sais, mais c'est une belle leçon que m'a apprise Jean-Louis Hourdin avec qui j'ai joué Woyzeck de Büchner récemment. Etrenner notre pièce dans les petits villages de Bourgogne devant des gens qui ne vont jamais au théâtre fut une expérience magique et riche d'enseignements !
A propos de son travail sur Büchner, Hourdin parle d'un théâtre savant et populaire, d'autres avant lui ont parlé d'un théâtre élitaire pour tous. Ce qui est important pour moi aujourd'hui, c'est d'essayer de faire un théâtre exigeant qui ne se coupe pas du public, qui ne le laisse pas sur la touche, en pâture à la publicité, à la télévision, aux reality shows et aux divertissements ; même si le théâtre a aussi pour mission de divertir et de faire rêver, ce que nous avons tendance à oublier, nous, les professionnels de la profession qui ne jouons que pour nous-mêmes…
Certains petits vieux bourguignons me disaient à la sortie du spectacle, "C'est beau. C'est magnifique ! Mais j'ai rien compris". Alors il faut peut-être aussi réapprendre au public de théâtre à accepter de ne pas comprendre - tout comme nous ne comprenons rien à la vie - mais simplement, à ressentir.
As-tu l'impression ou la volonté de diriger différemment les acteurs du fait que tu en es un toi-même ?
Pas vraiment. Je les connais peut-être un peu mieux, c'est tout. J'essaie simplement de les responsabiliser, de leur faire confiance. Il n'y a rien de plus terrible qu'un acteur à qui l'on doit donner en permanence la becquée.
Michel Bouquet disait - que de citations ! - : "Qu'un metteur en scène ne s'avise pas de m'expliquer comment je dois jouer un rôle. C'est mon métier ! Qu'il se contente de bien faire le sien, c'est-à-dire de mettre en scène ! " Quelque chose comme ça…
Un acteur a parfois juste à être bien placé dans l'espace et il se révèle de lui-même. Et puis la direction d'acteur, comme son nom l'indique, c'est juste donner quelques pistes, quelques balises au comédien pour lui éviter de se perdre.
Il y a des musiciens sur le spectacle, c'était un désir de départ ? Pourquoi ?
Ma vie artistique a commencé par l'écriture et la musique. J'ai évidemment créé un groupe adolescent, écrit des textes que je mettais en musique. J'ai même réalisé un album solo que ma mère a beaucoup apprécié…
Depuis, j'ai retrouvé la musique sur un plateau dans le Woyzeck de Jean-Louis Hourdin. Un quatuor nous accompagnait. Je trouvais ça tellement beau d'être porté par eux tout au long du spectacle ! J'en ai tout de suite voulu un, avec nous pour Les Histrions, et je ne le regrette pas. Ils sont formidables !
Même si cela n'est pas évident à gérer… La musique a un pouvoir évocateur immédiat plus fort que celui des mots. Il faut donc aussi s'en méfier. L'abus des bandes sons ou de la vidéo au théâtre me fatigue un peu aujourd'hui. Je ne pense pourtant pas être un passéiste.
"Au commencement il y avait le verbe, le dessin, la peinture, la musique, le théâtre. Puis il y eut la radio, le cinéma muet, le cinéma parlant, le cinéma technicolor, le cinéma en couleur, le cinéma virtuel, en 3D… Et bientôt nous aurons en chair et en os des gens qui raconteront des histoires, ici et maintenant, qui partageront leurs émotions, leurs amours, leurs révoltes à des gens en chair et en os venus spécialement pour les voir". Je ne sais plus qui a dit ça…
Marion est présente à toutes les répétitions et elle est comédienne dans le spectacle, comment as-tu vécu ce compagnonnage de tous les instants ?
Marion s'est prêtée au jeu d'un texte ouvert, en cours d'écriture. Je voulais que les différents corps de métiers, les artisanats du théâtre (écriture, scénographie, mise en scène, costume, jeu, musique) avancent et s'éclairent simultanément.
Elle a donc suivi avec intérêt notre première semaine de lecture et de réflexion, répondant aux questions, aux assauts de comédiens en manque de nourriture, en besoin de compréhension, avec une infinie patience. Puis elle a assisté aux trois semaines de plateau qui ont suivi et s'en est inspirée pour faire avancer la pièce, lui donner plus de corps, de profondeur. Cette souplesse, cette disponibilité, sa capacité étonnante à réagir immédiatement aux propositions, je les trouve remarquables.
Souvent, on souhaite monter des auteurs morts, emportés avec leurs secrets, leurs mystères et qu'on peut tranquillement ressusciter dans notre coin, à notre guise. C'est parfois bien pratique et reposant…
Mais là, je dois dire que ce fut une chance et un bonheur pour moi de l'avoir à mes côtés pendant les premières semaines de répétitions, à expliquer le fil de sa pensée à un acteur, à appuyer ou orienter mes choix… Je vais maintenant la ménager comme auteure et assistante et je ne doute pas de la retrouver bientôt avec le même plaisir sur le plateau comme comédienne.
Le spectacle est prêt à naître, est-il très différent de ce que tu imaginais ?
Le spectacle est loin d'être né ! Il nous reste un mois de répétition avant la première à Montpellier et je ne sais pas encore à quoi il va bien pouvoir ressembler ! Mais peut-être ne sera-t-il prêt à naître que pour Valence ou Nancy, à la dernière peut-être ? Qui sait peut-être encore après…
Il faudra prendre garde en tout cas à ne pas le figer. Souvent, les premières au théâtre sont un coup d'arrêt, elles marquent et sclérosent la suite des représentations. Mais nous essaierons de ne pas en rester là, nous tenterons de travailler jusqu'au bout à un bel accouchement.
Propos recueillis par Pauline Sales, auteur associé à la Comédie de Valence, novembre 2005
S'il fallait le ranger à un endroit précis de nos bibliothèques théâtrales intimes, Les Histrions (détail) trouverait sans nul doute sa place quelque part entre les cosmogonies délirantes d'Olivier Py et la fantaisie langagière deValère Novarina. C'est dire la nature du projet dont Marion Aubert a accouché, un théâtre d'envergure, ambitieux, démesuré, totalement désinhibé.
Peu d'entraves à l'imagination dans ce récit épique et fantastique, guerrier et amoureux, proposé sous les aspects d'une genèse réinventée, minutieusement décrite dans ses moindres incongruités, précisément sculptée à coups de tableaux bruyants et colorés.
Marion Aubert a le coup d'œil acéré et la langue bien pendue de celle qui sait de quoi il retourne. Elle connaît ses classiques, elle sait d'où elle vient et qui sont ses ancêtres. En vraie faiseuse d'histoire(s), elle refait le monde, convoquant sur une scène idéale, définitivement rétive au réel mais parfaitement adaptée aux contours flous de l'espace théâtral, le banc et l'arrière banc débaptisés, rebaptisés puis renommés de tout ce qui a composé, compose et composera l'humanité.
De l'âge de pierre à l'ère contemporaine, des étoiles au soleil, de Dieu à Satan, du paradis à l'enfer, du couple à l'enfant, de la pomme au serpent, des bombes aux victimes, de la fiancée à son promis, ce déroulé furieusement vivant et animé n'omet rien ni personne du grand tableau final. En détail, donc, (comme l'indique le titre) voici les mythes revisités, nos tragédies peuplées d'acteurs et d'actrices d'un genre nouveau : Les histrions, l'homme-sécateur, la vieille du premier rang, le jardinier céleste, la femme des origines, Bételgeuse, Orion, Syrus, l'actrice-cierge et la femme qui voit flou. Et ainsi de suite.
La parole qui s'autorise tout explore les coins et les recoins fabuleux de la naissance du monde. Il s'agit de remonter aux origines. De revenir avant l'avant. De retourner au point zéro, quand le néant préexistait, riche des cosmos et des chaos à venir et de remettre les gaz, en avant toute !, pour rejouer la course des nuages et le précipité des hommes dans l'éphémère du théâtre.
Chez Marion Aubert, l'écriture éclate de partout. Ça déborde, ça bave, ça s'emballe, excède, outrepasse, exagère, se calme, ça se freine, s'apaise, se pose, avant de repartir à l'assaut. L'écriture est une fougue qui vise le trop plein et s'exhibe, opulente, généreuse, ardente, hilare et merveilleuse. Il y a trop de tout. Il y a même un "homme de trop".
Et les histoires convergent, de scène en scène, comme autant d'affluents vers un seul et même fleuve, charriant chacune leur lot d'individus, de malheurs, de souffrances, de victoires, de défaites, de grandes émotions et de petits chagrins. Ces histoires additionnées, séquencées en longs plans fixes, monologuées ou déroulées façon travelling-cinéma batailleurs pulsent en rythme et se jettent d'un élan de plume assuré dans le cœur battant d'une autre fiction. La seule qui vaut à vrai dire. Celle qui s'écrit depuis la nuit des temps et qu'écrit à son tour, du haut de son siècle, Marion Aubert.
Jubilatoire et frénétique, le récit s'invente à vue, se construit, s'édifie, se dissout, se reforme, sous la haute autorité d'un homme pratique, qui a tout du metteur en scène ou de l'auteur omniscient, deus ex machina orchestrant de main de maître le défilé ininterrompu qui voit le plateau se peupler d'êtres improbables.
Tout cela, au fond, c'est l'histoire de l'histoire qui se joue, l'histoire des histoires qui se racontent, c'est l'histoire du "on jouerait à être..." ou "on jouerait à faire...", ce conditionnel enfantin et magique qui ouvre à jamais tous les possibles.
L'histoire d'un texte à histoires qui consacre le théâtre comme seul espace digne des fantasmes et des fantômes de l'auteur Marion Aubert.
Marion, tu es comédienne et auteur, comment est né ton désir d'écriture ?
En 1983, je suis entrée au cours préparatoire de Draveil (Essonne). Et juste avant la Noël, nous avons eu la révélation des majuscules et des minuscules. J'ai alors juré sur mon protège-cahier de les vénérer jusqu'à la fin des temps. L'instant d'après, je jouais dans la cour de l'école et je prêtais bien d'autres serments. Tous négligés depuis.
Mais celui-là, va savoir, il m'a poursuivie, et la nuit parfois, je suis assaillie par les caractères d'imprimerie. "Souviens-toi de la Noël 83 !" hurlent-ils. "Ne faiblis pas ! Ne fais pas semblant de dormir Marion !". Bref. C'est infernal. Or donc, j'avais des parents aimants. Compréhensifs.
Noël 1983. Je reçois la dictée magique.
Noël 1984. La petite imprimerie.
J'étais parée. Nul désormais ne pouvait s'élever contre ma destinée. Je me suis alors lancée dans l'écriture d'un roman à destination des adultes. Une enfant et un chien. Une œuvre métaphorique sur la nécessité de la présence du chien dans l'épanouissement de l'enfant. Mon roman n'a pas été compris. C'était sans appel. Je l'ai détruit.
Et dès lors, va savoir pourquoi, nous nous sommes mis à déménager. J'ai alors connu la rupture. Les déchirements. J'écrivais dix lettres par jour. Je souffrais beaucoup. Des lettres interminables. Des paquets. J'avais la passion des enveloppes. Du scotch et du facteur.
Et puis je grandis forcément. Je devins tellement sociable. A l'âge de quinze ans, je fus brutalement saisie par le désir d'être comédienne. Trois ans plus tard, j'entrai au Conservatoire. Mais bientôt, honte à moi, je fus lasse de Marivaux. Alors ma vieille fonction m'est revenue. J'ai pris mes vieux journaux. Mes vieux papiers. Ma petite imprimerie du CP. Et de ma plus belle plume, j'ai rédigé ma première épopée.
Tire pas la nappe est une des seules compagnies qui n'est pas dirigée par un metteur en scène mais par un auteur et des comédiennes, peux-tu nous expliquer votre naissance et votre fonctionnement ?
J'ai rencontré Capucine Ducastelle et Marion Guerrero au Conservatoire. Très vite, elles sont devenues mes nouvelles victimes. Je ne les couvrais non pas de lettres et de paquets mais plutôt de lectures, recettes, plaintes et pensées: tout y passait. Cela se tramait dans des appartements humides. Noirs. Toujours sous le manteau. Et puis un jour finalement, j'ai écrit Petite Pièce Médicament.
Etaient-elles lasses de Marivaux ? Je ne sais. Mais aussitôt elles m'ont dit. "Vite. Passons à l'action." Et cette année-là donc, c'était en 1997, nous avons juré de ne jamais plus nous séparer. Et dans la nuit du 23 novembre, pour le meilleur et pour le pire, la compagnie Tire pas la Nappe est née.
La première création s'est bien passée, puis tout s'est enchaîné. Dès Epopée Lubrique (en 1998), Marion manifestait ses premiers talents de metteur en scène. En 2001, lasses de ne plus voir d'hommes dans la compagnie, nous avons engagé Richard Mitou sur Les Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne.
Nous avions à l'époque des vues sur Frédérique Dufour. Une jeune débutante. Talentueuse et séduisante. Alors, dans la nuit du 14 juillet, au plus fort de la commémoration, nous l'avons enlevée discrètement. Elle a prêté serment. Nous ne nous quittons plus.
Deux ans plus tard, Jean-Claude Fall, directeur du CDN de Montpellier, nous proposait une résidence au Théâtre des Treize Vents. Affolement dans les troupes. Il fallait absolument mettre un peu d'ordre dans notre gestion (très approximative) de l'administration. Nous avons engagé Sylvine Dupré. La compagnie Tire pas la Nappe atteint alors son apogée.
Depuis, nous vivons toutes les cinq au château de Grammont. Nous donnons des ateliers. Nous faisons des débats autour de l'écriture contemporaine. Nous sommes d'accord.
Ta première rencontre avec Richard Mitou. Comment est née cette commande d'écriture ?
J'ai rencontré Richard au Conservatoire. Il était alors très vieux. Ça m'impressionnait beaucoup. En 1999 je crois, nous sommes allés en 2CV jusqu'à Valence. Richard mettait en scène Cécile Marmouget dans Mercedes. Et puis ils jouaient ensemble Délire à deux. Cécile vomissait dans un seau. Elle insultait Richard. Elle le traitait de séducteur. C'était bien. Nous partageons je crois les mêmes désirs de fureur. De théâtre et de poésie. La même soif de l'épopée. Alors tout s'est passé très naturellement lorsque Richard m'a demandé d'écrire il y a maintenant trois ans.
Y avait-il une demande précise de la part de Richard ?
Richard rêvait depuis toujours je crois d'un projet sur le théâtre et les spectateurs. Il voulait absolument perturber les spectateurs. Travailler sur l'impromptu. L'instant présent.
Or donc, à cette époque, Philippe Delaigue m'a passé successivement commande des Mésaven-tures de la Vouivre, et puis de la Saga des habitants du val de Moldavie. Au grand dam de Richard, j'ai grillé toutes mes cartouches, et le théâtre était bel et bien le héros de ces spectacles- là.
Dès lors, Richard m'a plus aiguillée sur des questions de forme. Il n'était pas en attente d'une pièce-matériau (cf. La Saga). Nous avons ainsi décidé – de façon tacite, comme ça, secrètement – de privilégier la fable aux dépens du fragment. Nous avons même parlé de suspense. D'action. Je me suis presque posée des questions d'unité de lieu. De temps. Bref. Nous nous sommes un peu contaminés forcément.
Les Histrions (détail) est une pièce sur quoi ?
Lorsque je me suis mise à table pour écrire Les Histrions, j'avais plusieurs denrées dans mes assiettes. Alors je me suis donné quelques mots d'ordre. L'envie maîtresse je crois, était de parler du monde non par le prisme de la mort (cf. La Saga), mais par celui de l'accouchement. Aussi la pièce est-elle farcie d'éclosions.
A partir de là, j'ai dû parler de l'enfance forcément, de ses joies maigres, de ses cauchemars et ses chagrins. Puis de la peur de grandir surtout. Et du refuge dans l'imaginaire (recours à différents types de songes, fantasmes et mensonges les plus divers).
Alors à ce moment-là, coup de théâtre, le théâtre intervient. Le théâtre devient Roi. Je tente de satisfaire mon metteur en scène. Je m'offre toute entière aux muses de l'illusion. De l'artifice. Des faux-semblants. Bref. J'avais un bon pot-pourri d'ingrédients.
Est-ce désormais le travail d'écriture de toute ta vie, ta grande œuvre comme les compagnons ?
J'ai dans l'idée bien sûr d'écrire une grande fresque. De la Genèse jusqu'au Jugement Dernier.
Ça me plaît assez de nous imaginer morts tous. Ça me plaît assez de nous imaginer fidèles. Oui. J'aime bien cette idée de compagnonnage c'est vrai. Aller de ville en ville comme ça. Nous. Les tailleurs de spectacle. Puis bâtir notre cathédrale sans Dieu. C'est à la fois complètement grandiose puis parfaitement inutile ça me plaît.
Tu l'as écrite après La Saga des habitants du val de Moldavie ? Considères-tu que ton écriture a changé, évolué ?
Je tourne toujours autour du même pot je crois. Mais le pot je l'espère s'élargit. J'explore d'autres pans du pot. Et l'histoire s'arrêtera lorsque je l'aurai brisé peut-être. Lorsqu'il éclatera en mille morceaux. (Et quel liquide se répandra alors ? Va savoir.)
Les clowns tristes. La farce. Les Rois et les pauvres hères. Les fantômes. Les démons. Bref. J'ai vraiment les mêmes obsessions. Alors je ne sais pas si l'écriture est fondamentalement différente de celle de la Saga. Moins incisive. Moins cruelle peut-être. Et ça je le regrette. Mais j'étais particulièrement remontée lors de mon séjour à Limoges, c'est comme ça.
Tu es présente à la fois comme comédienne et auteur sur ce projet, comment le vis-tu ?
J'ai maintenant complètement achevé mon travail d'auteur. J'ai envoyé les épreuves à l'éditeur et maintenant je l'avoue je ronge mon frein. Le temps de l'écriture n'est plus. Et celui de jouer n'est pas encore venu. J'erre quelque part dans l'ombre de Richard. J'essaie de l'aider, je crois.
Le spectacle est prêt à naître, les différences entre ce que tu imaginais et ce qu'il est ?
Je suis très heureuse pour le moment de la tournure des événements. Nous avons tellement travaillé côte à côte avec Richard, je ne suis pas tellement surprise finalement. Je suis juste parfaitement en accord avec lui. Je trouve ses propositions pertinentes. Et lorsque nous percevons un écueil nous avisons. Bref. C'est une bonne coopération.
Propos recueillis par Pauline Sales, auteur associé à la Comédie de Valence, novembre 2005
La Compagnie Tire pas la Nappe est créée en 1997 par Marion Aubert, auteur et comédienne, et Capucine Ducastelle, comédienne, toutes deux issues du Conservatoire National de Région de Montpellier. Elles sont rejointes par Frédérique Dufour, comédienne, et Marion Guerrero, comédienne, metteur en scène et auteur.
Son ambition est d’être à l’affût d’écritures nouvelles et cinglantes afin de faire découvrir au public d’aujourd’hui le théâtre d’aujourd’hui.
Depuis 2003, la Compagnie Tire pas la Nappe est accueillie en résidence au Théâtre des Treize Vents-CDN de Montpellier, où elle propose ses créations : La terrible nuit de Juliette, de et m.e.s. Marion Guerrero, Les quatre jumelles de Copi, m.e.s. Cécile Auxire-Marmouget, Orgie Nuptiale de Marion Aubert, m.e.s. Marion Guerrero et T.S.F de Marion Aubert, Jean-Michel Boch et Marion Guerrero, m.e.s. Sébastien Lagord.
En 2001, elle crée le spectacle Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Richard Mitou. Cette pièce à l’écriture douce-amère parle de la vie, de l’amour et de la mort avec une certaine cruauté…
Aujourd’hui présentée sous forme de spectacle déambulatoire, cette pièce a pour particularité d’investir le lieu où elle est accueillie et de faire participer l’ensemble des spectateurs. Aussi se promènent-ils au gré des différentes étapes de la vie et découvrent ainsi jardins, mairie, église, lieux insolites… Cette participation active du spectateur offre des moments forts et uniques où la limite entre ce qui est proposé par la fiction, le jeu et la réalité devient imperceptible.
Contrairement à d’autres compagnies, la spécificité de la Compagnie Tire pas la Nappe n’est pas de travailler avec un metteur en scène, mais avec un auteur de théâtre. Ce choix est né du désir de monter surtout du théâtre contemporain, et plus particulièrement les textes de Marion Aubert, mais aussi du désir de travailler avec plusieurs metteurs en scène, avec lesquels la compagnie ressent des affinités artistiques.
Cette particularité a ainsi fait naître un véritable compagnonnage d’artistes dont le souhait est d’offrir au public un théâtre contemporain accessible et généreux, afin de toucher un public autre que confidentiel et limité. Petite Pièce Médicament de Marion Aubert, jouée au Théâtre d’Ô de Montpellier, fut la première création de la compagnie.
Suivent ensuite Pièce Farcie, Notes Champêtres et Paroles en Air, créées sous le titre générique d’Épopée Lubrique, et L’histoire des deux qui s’aimaient sur un carré qui seront présentées au cours de nombreux festivals.
Parallèlement à ce travail de création, Marion Aubert poursuit son travail d’auteur dans le cadre de différentes résidences d’écriture. Ainsi, en 2001, elle est accueillie à La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. Elle y a écrit Orgie Nuptiale, pièce pour laquelle elle obtient en 2003 l’aide à la création de la DMDTS.
Sa pièce Les Pousse-Pions a également obtenu une bourse d’aide à l’écriture de la DMDTS. Elle est publiée aux éditions Actes – Sud Papiers.
De 2002 à 2004, Marion Aubert se rend de nouveau en résidence au Festival des Théâtres francophones en Limousin. Elle y écrit Saga des habitants du Val de Moldavie, éditée aux Solitaires Intempestifs.
C’est dans le cadre de cette résidence qu’elle a commencé l’écriture de sa pièce, Les Histrions (détail), qu’elle a achevée lors d’une nouvelle résidence à La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. La pièce est aujourd’hui publiée aux éditions Actes-Sud Papiers, avec Les Trublions, pièce écrite en résidence au Théâtre de la Tête Noire à Saran.
En juillet et août 2005, elle a suivi, avec différents auteurs étrangers, une résidence au Royal Court à Londres
"Il est question des étoiles au début des Histrions (détail). Début qui est aussi celui du monde. À commencer, autant le faire par le commencement, vous ne pensez pas ? Enfin bref, l'homme n'existait pas encore, il n'y avait que le Jardinier céleste et ses filles, les étoiles qui filaient avec lui le plus parfait ennui. Alors il leur donna la lune. Puis vinrent le soleil et la terre puis vinrent les ennuis. Les humains... En fait, non, Histrions (détail) ne démarre pas du tout ainsi. Cela débute où tout finit : au théâtre. S'y réfugient une ribambelle de comédiens et un enfant plein de questions, et une vieille pleine de réponses... Tout compte fait, non, trop difficile de dire comment attaque Les Histrions (détail). D'autant que la parenthèse ne dit pas si ce morceau d'épopée se trouve au début...
Tout cela est incompréhensible ? Ni plus ni moins que la vie. Sachant que cela ne signifie pas qu'il n'y a rien à comprendre. A saisir comme on attrape au vol une parole, une fable, une vision. Quelles visions : l'enfant d'un œuf de Pâques, la femme toute en jambes, le fils d'une boule de Noël, la femme-cierge, l'homme aux cheveux d'or, les amants du nouveau siècle..."
Jérémy Bernède, Midi Libre, 8 janvier 2006
"Beau, drôle, magique, constamment jubilatoire, cela s’appelle Les Histrions (détail) et c’est rien de le dire." "C’est la plus belle pièce de Marion Aubert, la mise en scène la plus ambitieuse de Richard Mitou." Libération
"Trois heures de folie furieuse, de poésie baroque, de chaos jubilatoire, de naïveté déglinguée, de beauté stroboscopique, de souffle coupé, d’hystérie généreuse, d’émotion directe, d’humour déjanté… " Midi Libre
Je suis choquée par ta réaction (ce qui ne m'étonne pas de quelqu'un qui ne maitrise pas l'orthographe ;)). Si tu crois à ce que tu dis c'est que tu n'as rien compris à la pièce. Bien sur que ce n'est pas du theatre traditionnel, c'est son originalité et son aspect imprévisible, surprenant et aléatoire qui fait tout sa magie. Meme si la deuxieme partie était decevante par rapport à la première j'éprouve de la peine pour tous ceux qui n'ont pas su apprécier cette pièce incroyable!
quelle mauvaise foi... le "copinage". quel argument! quoi ce n'est pas anglo saxon et alors? beckett a écrit du beckett; en france, ionesco... tout c'est est dvenu standard, corporrate. Et effectivement, les HIstrions c'est le contraire. C'est neuf, et inoubliable. Le texte est magnifique, la mise en scène aussi; et que dire du jeu! (mention spéciale à frédéric borie et cécile auxire marmouget; enfin on pourrait tous les citer), l'interaction avec le public (et avec le choeur) est très forte; non, vraiment, ils sont encore en tournée, si vous pouvez, allez les voir, la qualité surpasse la quantité: c'est dire!
un salmigondis de personnages hurlants ne fait pas un spectacle. le thème de la crétion du monde et son désordre apparent sert de prétexte à une suite sans idées ni structure. Aucune poésie ni magie rien de fantastique, quel ennui ! Les français n'ont pas le sens du non sens, au contraire des anglo saxons, c'est ce qui manque principalement ici. Je m'étonne des critiques dithyrambiques lues ici et là, le copinage n'est pas mort...
Je suis choquée par ta réaction (ce qui ne m'étonne pas de quelqu'un qui ne maitrise pas l'orthographe ;)). Si tu crois à ce que tu dis c'est que tu n'as rien compris à la pièce. Bien sur que ce n'est pas du theatre traditionnel, c'est son originalité et son aspect imprévisible, surprenant et aléatoire qui fait tout sa magie. Meme si la deuxieme partie était decevante par rapport à la première j'éprouve de la peine pour tous ceux qui n'ont pas su apprécier cette pièce incroyable!
quelle mauvaise foi... le "copinage". quel argument! quoi ce n'est pas anglo saxon et alors? beckett a écrit du beckett; en france, ionesco... tout c'est est dvenu standard, corporrate. Et effectivement, les HIstrions c'est le contraire. C'est neuf, et inoubliable. Le texte est magnifique, la mise en scène aussi; et que dire du jeu! (mention spéciale à frédéric borie et cécile auxire marmouget; enfin on pourrait tous les citer), l'interaction avec le public (et avec le choeur) est très forte; non, vraiment, ils sont encore en tournée, si vous pouvez, allez les voir, la qualité surpasse la quantité: c'est dire!
un salmigondis de personnages hurlants ne fait pas un spectacle. le thème de la crétion du monde et son désordre apparent sert de prétexte à une suite sans idées ni structure. Aucune poésie ni magie rien de fantastique, quel ennui ! Les français n'ont pas le sens du non sens, au contraire des anglo saxons, c'est ce qui manque principalement ici. Je m'étonne des critiques dithyrambiques lues ici et là, le copinage n'est pas mort...
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Station de taxis : Gambetta
Stations vélib : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
Guy n°20010