Les bonniches

• L'histoire

Trois acteurs en tournée sont logés dans un hôtel de zone industrielle et découvrent contre toute attente, que leurs autres camarades sont tous installés dans un palace du centre ville, juste en face du théâtre. Passées les premières minutes d'incompréhension et de colère, ces trois infortunés se demandent s'ils ont été placés là injustement ou parce qu'ils sont de petits acteurs.

Partagés entre la soumission et la révolte, ils cherchent sans relâche la réponse à cette question. Ils la cherchent de manière obsédante, à l'arrêt de bus, dans leur loge, au bar de l'hôtel, dans les articles de presse, et jusque dans les yeux de la serveuse.

Daniel Besse

• Note de mise en scène

Les Bonniches, c’est d’abord un titre. A énigme bien sûr, tant il est clair que Daniel Besse n’a pu vouloir nous entraîner dans les sables mouvants d’une quelconque comédie de mœurs, pas plus que dans une hypothétique relecture de Genet… Mais où donc alors ? Au Théâtre tout simplement, donné à la fois comme le lieu de la représentation, et comme le miroir chaque fois tendu de notre réalité.

Car derrière Aragon, Sartre et Malraux, les trois principaux protagonistes de cette chronique tendre et amusée, se cachent en vérité trois modestes comédiens en quête d’identité. Trois acteurs un peu égarés entre leur triste vie, et celle bien plus glorieuse des illustres personnages qu’il va leur falloir incarner.

Mais au delà de l’anecdote sur le fossé qui peut parfois se creuser entre le quotidien difficultueux de l’artiste et les rêves qui le hantent, se profile avec élégance une belle réflexion sur notre condition universelle. Ne sommes-nous pas tous, un jour ou l’autre, la bonniche de quelqu’un ?

Quelque part entre Beckett et Pinter, trois hommes à la dérive, une femme lumineuse et apaisante, sont les figures de cette variation à la fois drôle et cruelle sur l’infiniment petit de nos vies, et accessoirement sur l’infiniment grand du théâtre… En un mot, la marque d’un auteur.

Alain Sachs