Znorko retrouve Bruno Schulz dont l’oeuvre lui avait inspiré Le Traité des mannequins, présenté au Théâtre de la Cité internationale en 1997.
Juif polonais de Drohobycz, né en 1892 et mort en 1942 d’une balle dans la nuque tirée par un SS, professeur de dessin, peintre, Bruno Schulz se fit connaître comme écrivain avec ces Boutiques de Cannelle qui racontaient sa petite ville réelle et fantasmée. Comment une histoire toute simple peut-elle prendre la dimension du conte ?
Un couple de commerçants va au théâtre un dimanche avec son fils. Le père - qui d’ailleurs est mort depuis longtemps - a oublié son portefeuille, il envoie son fils le chercher. Mais tout a changé, les rues sont dans un grand désordre, le garçon oublie sa mission pour redécouvrir sa petite ville ordonnée maintenant selon la logique du rêve.
Nous retrouvons dans Les Boutiques de Cannelle, la chambre du Traité des mannequins et ses fenêtres à travers lesquelles nous rêvions avec les personnages qui l’habitaient, mais cette fois la chambre devient le théâtre d’où nous assistons à l’exploration de la ville. À côté, un repas mijote pour être partagé à l’issue de la représentation.
Depuis 20 ans maintenant, Znorko invente des espaces pour le rêve où les spectateurs ont leur rôle à jouer en mêlant leur imaginaire au sien, et à celui de Schulz cette fois.
Ciné-soupe + bal les samedis.
« C’est une légèreté impardonnable que de laisser aller par un temps pareil un jeune garçon chargé d’une mission urgente, car les rues se multiplient, se brouillent et échangent leur place dans la pénombre. Dans les profondeurs de la ville, s’ouvrent des rues doubles, si l’on peut dire, des sosies de rue, des rues trompeuses et mensongères.
L’imagination aberrante et enchantée recrée les plans illusoires d’une ville qu’elle croit connaître, plans où ces voies ont leur place et leur nom, cependant que la nuit, dans sa fécondité inépuisable, ne trouve rien d’autre à faire que de continuer à produire d’irréelles configurations.
Ces tentations des nuits hivernales commencent d’habitude par l’innocent désir d’abréger le trajet en empruntant un raccourci ; on cherche, pour échapper à un parcours compliqué, une traverse inédite… »
Bruno Schulz, Les Boutiques de Cannelle, éd. Imaginaires Gallimard
17, boulevard Jourdan 75014 Paris