Mannekjin, sa pièce la plus à l’eau de rose selon Frédéric Vossier, est un théâtre de marionnettes vivant. Les clichés encombrent les têtes et collent les corps. S’y joue une description implacable de la violence de la domination, de son mécanisme. Au niveau moléculaire des mots on voit comment le langage devient instrument de la violence.
Une déshumanisation est à l’oeuvre. Malmenés, vulnérabilisés par la parole, les personnages ont des identités flottantes. Mots d’ordre, clichés, images publicitaires les recouvrent et rendent la perception de leurs vies très précaire. Derrière cette pellicule glacée perce pourtant la fragilité des corps. Affirmer la fragilité des vies derrière les stéréotypes et les mots d’ordre, c’est peut être ce à partir de quoi on peut recomposer une communauté.
Une mère rend visite à sa fille qui entretient une relation de couple très trouble avec un footballeur espagnol déchu. Cette ancienne star du football est l’objet de toutes ses curiosités. On ne le voit pas pendant longtemps. On l’attend. On l’imagine. Il n’apparaît que brièvement. Son apparition grotesque ébranle tout ce qu’on croyait établi. C’est un renversement. Quelque chose se trouble et notre regard en est contaminé.
« mannekijn » a donné « mannequin », l’étymologie dit : « petit homme, figure, forme humaine, apparence, représentation de l’homme sous toutes ses formes, poupée, pantin, marionnette, statuette, figurine, avatar, point de jonction entre l’inanimé et l’animé, entre la chose et l’humain, entre le faux et le vrai.
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