Noces de Sang

Un drame d’amour et de mort
L’adaptation
La Troupe de l’Epée de Bois

• Un drame d’amour et de mort

A peine les familles du village sont-elles dans l’attente des noces, que déjà naissent les pressentiments du drame. La nuit, le galop d’un cheval trouble la fiancée. Le soir de la fête, Léonardo, l’ancien fiancé évincé, fera irruption pour l’enlever. Il la conduira dans la forêt où, poursuivi, il mourra avec le fiancé. Au matin, on ramènera les deux hommes, unis dans un ultime corps à corps sanglant.

Noces de Sang est souvent victime d’une image réductrice qui limite la pièce à l’histoire d’une vendetta dans un cadre de folklore andalou. Mais il suffit d’éprouver le texte pour discerner dans la trop grande clarté et le dépouillement de l’intrigue, le caractère universel d’un drame d’amour et de mort. Le village peut être alors l’espace même de la tragédie. Les personnages peuvent incarner tout homme confronté au destin inéluctable.

Haut de page

• L’adaptation

Pour monter Noces de Sang, il faut pénétrer tout un rituel de silences et de mots à double tranchant. La berceuse veut calmer l’enfant, les personnages veulent s’accrocher aux certitudes du bonheur mais le rire sonne faux. Les jeux du théâtre sont là pour grossir le trait, faire surgir l’inéluctable drame au cœur de la fête, placer dans le décalage des sentiments et du ton une émouvante humanité qui cherche la complexe vérité dans l’obscure forêt du désir.

Le spectacle se joue sur tréteau. Il inscrit ainsi le théâtre de Lorca dans son appartenance à la tradition du Siècle d’Or, théâtre fondateur où, confiées à la troupe ambulante accueillie de corral en cour d’auberge, les pièces de Calderon et Lope de Vega « révèlent le sentiment amoureux et le sentiment de l’honneur d’une passion fatale, exaspérée, mortelle. »

Dans l’espace dépouillé que la lumière révèle et isole à la fois, les personnages de Lorca bougent au cœur du drame, les mots sonnent de leur intensité et les gestes condensent le silence ou le cri. Surgit alors ce monde d’enfance rêvée et cruelle que Lorca place constamment dans le champ de sa poésie et de son théâtre, que symbolise le « petit théâtre » de marionnettes offert dans son enfance, transporté dans sa résidence madrilène et ses voyages.

Haut de page

• La Troupe de l’Epée de Bois

Le Théâtre de l’Épée de Bois présente l’originalité d’abriter l’une des rares Troupes qui, depuis sa création en 1968, reste fidèle à l’esprit qui l’a vue naître. Le fondateur-directeur, Antonio Díaz-Florián, continue de transmettre aux nouveaux membres les principes qui constituent l’identité de la Troupe : engagement artistique et citoyen, travail, responsabilité et respect du public.

Les comédiens participent à toutes les tâches de la vie d’une Troupe : artistiques mais aussi techniques, administratives… Les spectacles, des costumes aux décors, sont créés sur place, en commun. Chaque comédien, guidé par Antonio Díaz-Florián, nourrit de sa sensibilité et de ses compétences l’ouvrage final. Le lieu, berceau des créations, est entièrement géré et entretenu par la Troupe.

Pour la Troupe de l’Épée de Bois, les spectacles n’ont de sens que s’ils pénètrent les spectateurs. C’est pourquoi dès leur entrée dans le théâtre, ils sont progressivement immergés dans l’univers du spectacle : ils sont accueillis par les comédiens costumés, la musique et la nourriture servie au bar préparent à l’atmosphère du spectacle. À l’issue de la représentation, les comédiens engagent un dialogue avec ceux qui le désirent afin d’échanger sur leurs sentiments et remarques. Ainsi, les spectacles se nourrissent du regard - bienveillant ou critique - du spectateur.

Haut de page