Noces de sang

Paris 13e
du 29 avril au 17 mai 2009
2 heures

Noces de sang

Une pièce majeure sur la passion amoureuse, le désir, le désordre et la désobéissance. Ce qui à l’origine était un fait-divers, devient, sous la plume incisive de Lorca, une tragédie de terre, de soleil et de nuit.

Un tragédie de terre, de soleil et de nuit...
Résumé de la pièce
Notes de mise en scène
Dramaturgie et direction d'acteurs
Décors et costumes
La musique
La presse

  • Un tragédie de terre, de soleil et de nuit...

Ce texte de Lorca est sans doute le plus lumineux et en même temps le plus ténébreux de toute son oeuvre. Sous le soleil de l’Andalousie, le drame se noue pour trouver son issue dans les ténèbres de la nuit. Une nuit faite de clair obscur selon la logique implacable de la lune qui veille en apparaissant et disparaissant pour s’allier à la mort…

Cette même alternance de lumière et de ténèbres traverse les humeurs des personnages. De jour, l’ombre de la mort plane déjà sur la noce qui se prépare. La joie des convives tout en lumière, en chants et en danse, masque un temps la passion funeste qui lie la fiancée à Léonard. Après la joie naïve, la fête se brise comme un verre de cristal qui choit. Les amants s’enfoncent dans les ténèbres de leur passion et de la nuit.

Une fois que Léonard et le fiancé se seront entretués, la fiancée couverte de sang s’exposera de plein jour face à la mère, cette femme sombre, pour demander son châtiment.

Ce qui à l’origine était un fait-divers sous la plume incisive de Lorca devient une tragédie de terre, de soleil et de nuit.

  • Résumé de la pièce

Acte I

Scène 1
La mère et le fils ont un différend au sujet d’un couteau. La mère évoque ceux de sa famille qui ont été assassinés. Il est question de fiançailles.

Scène 2
La femme de Léonard berce avec tristesse son enfant, elle chante avec la voisine. Léonard arrive essoufflé. Tensions avec sa femme.

Scène 3
La demande en mariage : la mère et le fiancé vont chez le père de la fiancée. Le mariage est conclu.

Acte II

Scène 1
La servante prépare la fête en habillant la fiancée. Apparition de Léonard. Les convives commencent à arriver.

Scène 2
Les convives font la fête. La fiancée arrive. La fête culmine. Soudain, on réalise que la fiancée et Léonard ont fui. dessins d’Evelyne Guillin

Acte III

Scène 1
La chasse à l’homme. Des bûcherons parlent de cette battue. La fiancée et Léonard sont en effusion. Paraissent la Lune et la Mort. En fin de scène, les deux hommes se sont entretués.

Scène 2
Lamentation de la mère et de la voisine. Une jeune fille tisse la laine. La fiancée arrive couverte de sang.

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  • Notes de mise en scène

Toute mise en scène résulte de la méthodologie employée pour construire le spectacle.

1 . Genèse
Mes spectacles sont conçus selon des articulations fréquentes. Il me faut d’abord avoir une image claire de l’espace et aussi de ce que j’appelle une image essentielle du spectacle, une image mentale très précise. Celle-ci ne va pas nécessairement figurer dans le spectacle, mais elle me guidera toujours. Dès lors, je sais que je peux, je dois faire le spectacle : une obsession est née.

2. Dramaturgie
La seconde étape est le travail de la dramaturgie. Il s’agit de trouver des grilles de travail qui articulent les séquences, la musique et le texte, l’utilisation de l’espace. Dans ce travail dramaturgique, je ne préjuge pas du travail d’acteur ou peu. Je conçois plutôt un imaginaire gestuel et une dynamique qui peut aviver l’élan vital de l’acteur.

3. Répétitions
Puis vient le temps des répétitions. Ma fonction première est celle de directeur d’acteurs. Je plonge avec les acteurs. Je récuse la lecture à table, tant je me méfie de mes a priori ou de ceux des acteurs. A priori qui sont souvent plus pauvres que tout ce qu’un texte fort peut révéler lorsqu’il s’incarne. Le travail commence en mettant à l’épreuve le texte au corps des acteurs selon des exercices qui aident à ce que le texte qui est littérature devienne parole. Nous improvisons beaucoup. Le garant du travail reste la dramaturgie qui nous signale si nous faisons fausse route. La dramaturgie, oubliée pendant les répétitions, permet après la répétition journalière de faire le tri.

4. Mise en scène proprement dite
Je suis face à des acteurs ayant intégré le texte, le texte devenu parole. Les corps structurent l’espace et à l’inverse l’espace se structure à partir des corps. Ces structures que j’ai induites ou découvertes en répétition sont portées par la poétique des corps créant une poétique de l’espace. C’est pour cela que je n’aime pas les grands décors car ils empêchent de rendre compte de cette double poétique. Dès lors la mise en scène devient un agencement très précis entre les structures spatiales et l’orchestration du rythme du spectacle.

Farid Paya

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  • Dramaturgie et direction d'acteurs

1 . Dramaturgie

La construction du texte de Lorca Noces de sang est très rigoureuse et concise (voir le résumé). La texture du « dire » doit rendre cette parole en lame de couteau.

Acte I
Le premier acte est constitué de trois saynètes. Je dis saynètes car les trois tableaux formant l’acte, pourraient se suffire à eux-mêmes comme trois moments théâtraux. Cependant chacune met en valeur un ou deux points qui vont précipiter l’action. La première scène aborde la question de la mort et du couteau. Il y est question de fiançailles. Cette scène introduit les personnages de la mère et du fiancé. La seconde scène introduit le personnage tourmenté de Léonard qui répand la tristesse autour de lui. La troisième scène scelle les fiançailles et introduit les personnages de la fiancée, du père et de la servante.
Ces tableaux seront t raités comme du théât re de t r é t eaux.

Acte II
Le second acte (premier et second tableau) est une explosion progressive vers le mariage, avec la musique – déjà présente dans le premier acte – et la danse. L’espace s’agrandit et la foule l’occupe. C’est le temps de la fête, avec ses chanteurs et acrobates. Mais la fête va peu à peu s’étioler. Des tensions traversent la jubilation des jeunes gens. Avec la fuite de la fiancée et de Léonard, il y a une décrue brutale de l’enthousiasme, une soudaine disparition de la joie, un appel à la mort introduit par la mère : « Hors d’ici ! l’heure du sang est revenue. Deux partis : toi, avec les tiens, et moi, avec les miens ! Arrière ! Arrière ! »

Acte III
Le premier tableau du troisième acte nous plonge dans l’obscurité. La descente vers les abîmes est accompagnée par un nouvel agrandissement de l’espace. Un espace fantastique où la lune parle, joue de sa lumière blafarde en connivence avec la mort, personnifiée par une mendiante. Cet espace vaste et t énébr eux es t aussi l’espace des déchirements et de la mort .
La seconde scène du troisième acte est un retour vers la lumière qui éclaire cruellement les conséquences de la tragédie. Les pleurs déchirent la lumière. La mise en scène respecte les éléments dominants de l’univers de Lorca. Son attachement à la terre et au peuple (second acte), son engouement pour le théâtre de tréteaux (premier acte) et son attrait pour le fantastique issu de ses liens avec les surréalistes (première scène du troisième acte). L’univers de Lorca est peuplé de musique, d’où le rôle important que jouera la musique dans le spectacle.

2. Jeu des acteurs

Il y a avant tout une colère enfermée chez certains personnages qui les durcit. Tel est le cas de la mère, de Léonard et aussi de la fiancée tant avant qu’après les noces. Les acteurs devront aborder les scènes avec un verbe cinglant comme une zébrure dans la chair et l’espace. Si cette attitude reste une constante chez certains personnages, lors du second acte, l’ambiance sera à l’exubérance avec un jeu exalté, ouvert sur l’espace. La fête pendant un moment envahit tout avec ses
chants et ses danses. Il y a comme un espace où la tragédie s’oublie malgré la présence sombre de Léonard et l’anxiété qui habite la fiancée.

Dans la première partie du troisième acte, il y a un heurt entre le fantastique et la passion. D’une part l’attitude fantasque de la lune, de la mort, des bûcherons. D’autre part le jeu des amants qui est tout en rupture, entre effusion et déchirement. La fiancée et Léonard s’étreignent, se déchirent : regroupement, explosion, tel est l’empire de la passion. Dans le final, le jeu retrouve la sévérité du début.

3. Fulgurance

L’écriture de Lorca est incisive, pas de bavardage, droit au but ! Aussi la mise en scène doit être vive même si certains personnages sont sombres.

4. Atmosphère

Cela se passe dans un pays chaud et désertique. Mais nous ne chercherons pas à faire une « espagnolade » qui serait forcément folklorique et de mauvais goût. Il s’agira plutôt de travailler avec des chants et des danses inventés proche d’une ethnicité brassant une Méditerranée rêvée.

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  • Décors et costumes

1 . Décors

L’espace est vide. Juste une grande table. Des séries de cyclorama viendront découper l’espace dans sa profondeur. Cette série de cyclorama permet de creuser l’espace au fur et à mesure de l’avancement de l’action, pour aller vers un abîme d’obscurité.

Pour les trois premières scènes du premier acte, la table sera le tréteau, la scène où l’on joue. Chaque tableau a sa tonalité avec un aplat de couleur nette teintant le cyclorama. Le musicien installe les accessoires pendant que les rôles attendent « hors jeu ». Puis dès lors qu’il joue, les rôles montent sur le tréteau. Puis l’espace s’ouvre, le tréteau devient la table de la noce. Elle sera recouverte d’une nappe brodée. Et il y aura des fleurs.

L’espace se creuse encore pour la première scène du troisième acte, le plateau en entier devient ce très grand espace vide sculpté par la lumière. C’est un gouffre de pénombre où la lune et la mort jouent des tours. La table est tout au fond pour y accueillir la lune et son « orchestre ». Ce gouffre se referme sur le final de l’acte III. Nous retrouvons un espace vide lumineux avec les aplats de couleurs : la mère en noir, les jeunes filles en blanc tissant des laines rouges, la fiancée en blanc avec une tache de rouge sur le ventre.

2. Costumes


Ils évoqueront l’aridité méditerranéenne, sans le souci d’un ancrage en Andalousie ou par rapport à une époque. Les femmes ont des châles colorés, les hommes sont vêtus de manière frustre ou en habit de fête austère, exceptés les jeunes gens et jeunes filles qui seront plus colorés. La mère est vêtue de rêche et de noir. Un noir qui tranche sur les couleurs. C’est une femme en deuil permanent, une sorte de deuil essentiel faisant partie de sa chair. Une référence : la période noire de Goya.

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  • La musique

La musique est très présente dans le spectacle. C’est le cas de tous les spectacles du Lierre.

1 . Chants
Prologue : La mère, lamentation solo.
Acte I, scène 2 : Berceuses chantées par la femme de Léonard et la belle-mère.
Acte II : La fête sera chantée. Il y aura des poèmes mais aussi des voix sans texte ainsi que le chant de la servante. L’acte sera dominé par la présence de la musique sur environ 40 minutes : polyphonies, duos, solos…
Acte III, scène 1 : On aura du chant avec la voix d’un haute-contre. Les paroles de la Lune, de la Mendiante (la Mort), seront plus proches du parlé-chanté, avec des tonalités sombres ou enjouées. Les deux personnages restent fantasques.
Acte III, scène 2 : Chant des jeunes filles. Ces chants, bien qu’une tragédie ait eu lieu seront légers, comme un contrepoint à la douleur de la mère. A la fin de la scène : polyphonie de deuil.
Final : Reprise du lamento du début en polyphonie.

2. Instruments de musique
Ils seront multiples formant parfois un petit orchestre.
Marc Lauras accompagne au violoncelle la quasi-totalité du spectacle.
Acte I : Violoncelle
Acte II : D’autres instruments seront utilisés lors de la fête : violon, accordéon et percussions.
Acte III, scène 1 : D’autres encore seront utilisés pendant la scène de la forêt : scie musicale, percussions et violoncelle. Dans ce même tableau, le dialogue déchiré entre la fiancée et Léonard sera soutenu par un rythme très saccadé au violoncelle.
Acte III, scène 2 : Le violoncelle sera hors scène.

Tempérament de la musique :
Acte I : soit violoncelle seul, soit chansons (berceuses)
Acte II : grande polyphonie festive de 40 minutes
Acte III, scène 1 : instruments et voix de haute-contre
Acte III, scène 2 : comptines et lamento polyphonique

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  • La presse

"Les Noces de sang célébrées par Farid Paya valent qu’on s’y invite. (…) De belle tenue, la mise en scène de Farid Paya a du souffle. Jamais la musique n’est en reste, par la présence du compositeur et violoncelliste Marc Lauras, lequel attribue à chaque réplique sa propre lancinance… Souvent aussi les comédiens dansent, fête de mariage oblige. (…). Pour le reste, avec ses éclats de pureté brute et ses accents de rage authentique, Noces de sang, dont s’empare Farid Paya et ses comédiens, captive, nous saisit. Mais l’on n’avait encore rien dit du chant, puissamment haut, déferlant, que les comédiens lâchent comme un cri."

Aude Brédy – L’Humanité – 31 mars 2008

"Farid Paya et les siens s’emparent avec leur passion et leur authenticité habituelles de la danse d’amour et de mort imaginée par Lorca. Un beau spectacle, intelligent et intense."

Catherine Robert – La Terrasse – avril 2008

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Lierre
22, rue du Chevaleret 75013 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 17 mai 2009

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